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Le monde de Trump…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 12 février 2025

Donald Trump occupe tout l'espace média. Aux États-Unis, au Canada et ailleurs dans le monde. Nous pensons qu'il noie le monde de ses élucubrations. Je suis d'avis que Trump n'est pas un météore libre qui fait n'importe quoi. C'est un homme politique volontaire décidé à agir pour imposer au monde sa vision et ses politiques. Fort de la puissance américaine, il veut faire de ses volontés la nouvelle réalité de notre monde. C'est ce qui explique que nos discours rationnels sur les besoins de l'économie américaine de nos produits canadiens sont vains. Trump a un autre ordre du jour qui ne coïncide pas avec le logiciel maître du monde occidental. Tentons de tirer cela au clair.

Le contexte

Depuis l'annonce de Trump concernant sa volonté d'imposer des tarifs de 25 % au Canada et au Mexique sur tous les biens et services franchissant la frontière américaine et du taux de 10 % pour la Chine et les produits pétroliers et gaziers du Canada, on cherche à comprendre pourquoi ce président s'attaque à ses voisins et à ses principaux partenaires. Le prétexte évoqué, c'est le fentanyl et les migrants illégaux. Faux prétextes pour le Canada. Il n'y a pas d'immigration clandestine provenant du Canada (l'inverse est vrai, rappelez-vous le chemin Roxam) et seulement 0,5 % des saisies de fentanyl sont en provenance du Canada. Il ne faut pas croire que le Canada est plus blanc que blanc, mais son contrôle de sa frontière n'est pas aussi laxiste que veulent bien le prétendre et Trump et les nationalistes québécois qui continuent d'avoir peur à la submersion démographique en lien avec leur grand projet de faire du Québec un pays. Il est amusant de constater que pour Trump et pour Paul St-Pierre Plamondon, le bellâtre-chef du PQ, c'est le même combat contre Trudeau et les wokes... Parfois, en politique, les protagonistes partagent leur lit avec de bien curieuses personnes. Personne ne semble trouver à-propos de mentionner que la sécurité de la frontière intérieure américaine incombe au pays en question. Pourquoi le Canada doit-il aujourd'hui payer pour la sécurité de la frontière américaine ?

En fait, Trump joue le chef d'orchestre qui bat la mesure et nous parvenons difficilement à en comprendre la mélodie. Que cachent les coups de gueule de Trump ? Que veut-il obtenir de nous ? Notre eau, notre pétrole, nos minéraux de terres rares et stratégiques ? Je crois que la réponse à ces questions est simple : Trump est protectionniste et il ne l'est pas pour des raisons obscures. Il est convaincu que la force de l'empire américain permet à ce pays de vivre en autarcie et de redéfinir l'ordre mondial en fonction de ce nouveau logiciel. La fin de la libéralisation des marchés et des traités multilatéraux. Dans le monde de Trump, on négocie un à un et il doit trouver le profit pour son pays et ses amis.

Le libre-échange et le protectionnisme

Le libre-échange est un principe économique soutenu par les théories classiques d'Adam Smith et de David Ricardo. Smith, dans La richesse des nations (1776), soutenait que la division du travail et la spécialisation des nations permettaient de maximiser les bénéfices pour tous. Ricardo, quant à lui, a approfondi l'idée de l'avantage comparatif, suggérant que chaque pays devait se concentrer sur les biens qu'il produisait le plus efficacement et échanger ces biens avec d'autres pays. Cette approche a formé la base de la mondialisation économique du 20e siècle.

Depuis plusieurs décennies, la dynamique entre le protectionnisme et le libre-échange a évolué, influençant les politiques économiques mondiales. Le libre-échange, basé sur l'idée que la libre circulation des biens et des services entre les nations stimule la croissance économique, s'est imposé au 20e siècle comme un principe dominant. Après la Seconde Guerre mondiale, les accords du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) en 1947, puis l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995 ont renforcé le système de libre-échange mondial. Les économies occidentales, en particulier, ont adopté ces principes, cherchant à ouvrir les marchés et à favoriser l'intégration des économies. Cependant, au cours des dernières années, un retour au protectionnisme a émergé dans plusieurs pays, alimenté par des préoccupations sur les inégalités économiques, la délocalisation de la production et la souveraineté nationale.

Cependant, la mondialisation et le libre-échange ont également généré des critiques. Les délocalisations industrielles, la désindustrialisation dans certains pays et l'augmentation des inégalités ont alimenté des sentiments antimondialisation. La crise financière de 2008 a exacerbé ces sentiments, mettant en évidence les vulnérabilités économiques des pays interconnectés. C'est dans ce contexte que le protectionnisme a fait son retour.

 

Dans les années 2010, plusieurs pays ont amorcé une politique protectionniste plus marquée. L'élection de Donald Trump en 2016 aux États-Unis a marqué un tournant avec l'adoption de mesures telles que la sortie de l'accord de partenariat transpacifique (TPP) et l'imposition de droits de douane sur les importations chinoises. Trump a justifié ces actions en soulignant la nécessité de protéger les emplois américains et de réduire les déficits commerciaux. Cette approche a été perçue comme une réponse aux déséquilibres commerciaux et à la perte de compétitivité de certains secteurs industriels américains devant les importations à bas prix.

En Europe, des courants protectionnistes se sont également fait sentir, bien que de manières plus discrètes. Le Brexit, par exemple, a été en partie motivé par la volonté de récupérer le contrôle des frontières commerciales et de réguler les flux d'immigration et de biens. Le discours sur le protectionnisme a trouvé un écho dans des partis politiques populistes qui dénoncent les effets négatifs du libre-échange sur les emplois locaux et la souveraineté nationale. C'est dans cette mouvance idéologique que s'inscrit Donald Trump. En dépit de l'histoire américaine.

Les traumatismes américains eu égard au protectionnisme

Trump n'a rien inventé. Il n'est pas le premier à croire que le protectionnisme et le repli sur soi constituent des voies privilégiées pour le succès et la prospérité. Trump n'a-t-il pas dit que le plus beau mot du dictionnaire était tarif ? S'il n'était pas un si grand inculte et qu'il connaissait l'histoire de son pays, il aurait pu adopter un discours différent et choisir une autre politique. La preuve en est : le protectionnisme, qui consiste à adopter des politiques économiques visant à protéger les industries nationales contre la concurrence étrangère, a joué un rôle significatif dans l'histoire économique des États-Unis au 20e siècle. Bien que certaines tentatives de protectionnisme aient été conçues pour soutenir l'économie américaine, plusieurs de ces expériences ont abouti à des résultats négatifs, créant des tensions internationales et nuisant à la croissance économique à long terme.

L'exemple le plus notable des conséquences néfastes du protectionnisme aux États-Unis au 20e siècle est la Loi Smoot-Hawley de 1930. Cette législation a été adoptée en réponse à la Grande Dépression, alors que de nombreux secteurs américains cherchaient des moyens de protéger leurs emplois et leurs industries. Le gouvernement a donc décidé d'augmenter les tarifs douaniers sur des milliers de produits importés, visant à encourager les consommateurs à acheter des biens produits aux États-Unis.

Cependant, la Loi Smoot-Hawley a eu des effets dévastateurs sur l'économie mondiale. En réponse à cette législation, plusieurs pays ont imposé leurs propres barrières commerciales, entraînant une réduction drastique des échanges internationaux. Selon certaines estimations, les échanges mondiaux ont chuté de près de 66 % entre 1929 et 1934. L'effet secondaire immédiat fut une exacerbation de la Grande Dépression. Les industries agricoles et manufacturières américaines, qui étaient censées bénéficier de cette protection, ont en réalité souffert de la réduction de la demande extérieure. L'isolement économique a entraîné des conséquences à long terme sur la reprise économique et la politique protectionniste a été largement critiquée comme un facteur ayant aggravé la crise.

Une autre expérience malheureuse du protectionnisme fut l'impact des quotas d'immigration dans les années 1920. La loi sur les quotas d'immigration de 1924 a limité fortement l'immigration en provenance d'Europe du Sud et de l'Est, des régions où se trouvaient de nombreux travailleurs qualifiés. Bien que la loi ait été motivée par des préoccupations économiques et raciales, ses effets négatifs ont été profonds. La restriction de l'immigration a diminué la main-d'œuvre disponible dans certains secteurs, ralentissant ainsi la croissance économique dans des domaines comme l'agriculture et l'industrie manufacturière. En outre, le protectionnisme des années 1920 a conduit à une réduction de l'innovation et de la diversité culturelle, des éléments qui ont historiquement été des moteurs clés de la prospérité américaine.

Enfin, durant la guerre froide, les États-Unis ont adopté des politiques commerciales protectionnistes dans le but de soutenir certaines industries stratégiques. Cependant, ces mesures ont souvent créé des distorsions économiques internes. Par exemple, dans les années 1950 et 1960, le gouvernement a imposé des restrictions sur les importations de certains produits agricoles pour protéger les producteurs locaux. Mais, cette stratégie a entraîné des coûts supplémentaires pour les consommateurs américains, qui ont dû payer plus cher pour des produits parfois de qualité inférieure. L'aggravation des relations commerciales internationales en conséquence a également contribué à isoler les États-Unis, retardant la collaboration internationale nécessaire pour résoudre les défis économiques mondiaux.

La fin de l'histoire...

Le penseur et philosophie italiens Antonio Gramschi qui s'y connaissait en fasciste a écrit une très belle phrase qui sied bien à notre époque : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. » Ce monstre qui veut effacer le logiciel de la prospérité, de la solidarité et des échanges commerciaux c'est Donald Trump. Dans ce monde, il n'y a que de la place pour la nouvelle moto de Donald Trump : la déglobalisation du monde et la formation d'un empire américain. Tel est le monde de Trump... 

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