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  CHRONIQUEURS / Deux mots à vous dire

Le dangereux grand écart

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François Fouquet Par François Fouquet
Lundi le 16 octobre 2023

Le grand écart.

Ces simples mots sèment des images par eux-mêmes.

On peut y voir la fameuse «split » ou le fait d'écarter les jambes au point de déposer son bassin au sol, position aussi inaccessible pour moi qu'une visite sur la lune par un beau dimanche après-midi.

Le grand écart, ça peut aussi être la différence entre Laurel et Hardy, le Géant Ferré et Sky LowLow (un lutteur de petite taille), etc.

Mais on peut aussi voir le grand écart dans les différences majeures dans le statut social des gens d'un même territoire. Cet écart qui se creuse inexorablement au Canada comme au Québec entre les mieux et les moins bien nantis.  

Mais cette semaine, c'est une autre sorte de grand écart qui occupe mes pensées. 

Je pense à ces gens qui, au fil des jours, accompagnent des gens lourdement handicapés, mesurant chaque petit gain d'autonomie nouvelle et célébrant des victoires qui, ma foi, ne seraient pas nécessairement visibles pour un œil non avisé. Des gens qui continuent quand même, qui ont le sens de l'accompagnement gravé dans la peau. 

Je pense à ces membres du personnel enseignant qui vont puiser tant de patience on ne sait trop où pour apprendre à un enfant à lire et à écrire, ou qui vont déployer des trésors d'imagination pour se mettre au diapason d'un enfant qui se situe quelque part dans le large spectre de l'autisme, simplement pour l'accompagner sur la voie de l'apprentissage.

Bref, je pense à toutes ces personnes dont le quotidien est constitué d'une multitude de tout petits gestes qui se combinent pour faire une petite mais essentielle différence dans la vie de celles et ceux qu'ils accompagnent.

 

 

Au passage, je leur lève mon chapeau.

Ces temps-ci, chaque fois que je pense à ces gens, je suis happé par l'immensité du grand écart qui sépare la multitude de ces petits gestes constructifs qui font une différence pour un humain et tous ces coups de roquettes et lancements de bombes qui anéantissent, en un instant, la vie de centaines de personnes en même temps.

La stupidité de la guerre me fait plier l'échine.

Je suis non seulement troublé, je suis en colère. Une colère sourde que je n'arrive pas vraiment à canaliser.

Vous dire à quoi je pense pour tenter de calmer cette colère reviendrait à confirmer que la violence engendre la violence.

Le meilleur et le pire.

Le meilleur, c'est cette solidarité qui fait fi de la pitié et qui fait en sorte qu'un humain en guide un autre vers une qualité de vie améliorée.

Le pire, c'est cette guerre qui entraîne la mort de milliers de personnes au nom de je ne sais trop quel conflit, mais qui finit toujours par se résumer à des phrases qu'on prononçait, enfant : « c'est lui qui a commencé! », ou, pire « y avait rien qu'à pas me regarder de même! »

Oh! Oui, je sais, c'est plus complexe que ça! Il y a plein de tenants et aboutissants, de considérations historiques et culturelles. Et bla, bla, bla...

Répétez-le ad nauseam si vous le souhaitez, ça ne passe pas.

C'est tellement con et stupide, à la fin.

J'ai 62 ans, et, pour moi, les mots Palestine et Israël sont synonymes de guerre perpétuelle depuis que je suis tout petit.

Mais là, j'avoue que cette guerre soudaine, additionnée aux autres guerres qui sévissent, est de trop pour mon système. Je veux dire pour ma personne qui veut rester informée mais qui absorbe tout ça de moins en moins bien.

Crise de civilité

Pendant ce temps, chez nous, terre épargnée par la guerre, on est prêts à dévisser la tête du serveur au Tim Horton s'il se trompe sur la commande. On est prêts à déverser notre colère sur quiconque travaillant au service à la clientèle. Ou à cribler d'insultes « l'épais, devant, ne roule pas assez vite! ».

On sort le bazooka et on vise une mouche avec.  

Et je nous rappelle, au passage, que toute cette rage est enfouie dans les habitants de chez nous! D'un pays pourtant épargné par la guerre.

Pour le moment.

Je dis « pour le moment » parce que la colère a cette faculté de distribuer des semences de guerre. Et le terreau est fertile dans nos terres pourtant pacifiques.

À nous d'y penser.

Il est temps de réajuster le tir quant à la civilité minimale en société. Avant que ça ne dérape trop.  

 

Clin d'œil de la semaine

« D'accord avec toé, man. Je vais planter le prochain qui manque de politesse! »  



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