« La vie c'est court, mais c'est long
des p'tites boutes », chantait si pertinemment Dédé, des Colocs.
Le parcours de nos vies est parsemé de
misères. Souvent petites, parfois plus grandes. Et on a tendance à retenir ce
qui va mal. Réflexe de protection, j'imagine.
Pourtant, les événements qui surviennent, et qui semblent soudainement occuper
tout l'espace disponible, finissent par s'estomper. Se ranger.
Généralement, bien sûr.
Et ça ne veut pas dire que des cicatrices
ne demeurent pas en permanence.
Je me souviens bien de cette phrase entendue
de la bouche de mes parents, à tout bout de champ : « la première affaire
que tu vas savoir, c'est que ce sera derrière toi! ».
Quand décembre revient
Au moment d'écrire ces lignes, le mois de
décembre n'est âgé que de quatre jours. En fait, il débute sa quatrième journée.
Ça me rappelle deux choses.
La première, c'est que j'ai l'autorisation morale
d'écouter de la musique de Noël quand ça me chante! Ou presque...
La chanson Marie-Noël se pointe le bout du nez et que je
fredonne allègrement (sincères et plates excuses à mon entourage!)
Quand décembre revient
Quand la neige, neige (...)
Quand mes rêves rêvent
À ces Noëls rouges et verts
Nos huit ans, nos amours d'hiver
Lors d'une rencontre avec des collègues et amis, il y a quelques jours
à peine, la phrase est revenue, mais conjuguée au passé plutôt qu'au futur: « la première affaire qu'on a sue, c'est
que décembre est revenu! »
On répète souvent cette phrase. C'en est presque anodin. Pourtant,
c'est un rappel qu'une année nous a fui entre les doigts.
C'est comme ça avec les rendez-vous annuels. Ainsi, il me semble
qu'à chaque saison des impôts, qu'à chaque changement de pneus pour la saison à
venir, ou tout autre rendez-vous fixe, le même constat revient : « la
première affaire qu'on sait, c'est qu'on est rendu là! »
Mais décembre, c'est autre chose. C'est celui qui mène directement à
l'année d'après. C'est le mois-rétroviseur.
Celui qui vient avec un coup d'œil en arrière. Qui fournit
l'occasion d'apprécier l'année qui égraine ses derniers jours.
Un mois-rituel
Je ne parle pas du religieux, ici, en employant le mot rituel.
Je parle plutôt de cette très utile habitude qu'on a de mettre un
peu plus la notion de partage à l'agenda chargé de nos quotidiens. Je parle
aussi de ces rencontres de familles plus ou moins obligées, mais qui permettent
des rapprochements autrement absents.
Et je parle aussi de cette occasion de faire le point un peu. De se rappeler
de l'année qui vient de se passer. Dans un contexte où la mémoire collective
est en perte cognitive assez importante, on n'a pas trop d'une fois dans
l'année pour essayer de graver des souvenirs de souligner des comportements,
d'évaluer les bons et mauvais coups de la dernière année. Tout ça dans l'espoir
qu'on développera des réflexes pour ne pas reproduire des erreurs, d'une part,
et, d'autre part, qu'on se conditionnera à faire de nos quotidiens des sources
de souvenirs utiles quand décembre arrivera et qu'on jettera un œil plus
critique au rétroviseur.
Finalement, décembre, c'est aussi le fol espoir que l'année qui
s'annonce portera un peu plus de sérénité collective. Cet espoir qui revient
chaque année. Celui dont on a besoin. Qui agit comme une source fraîche dans un
paysage social souvent aride.
L'espoir que l'année sera bonne.
Après tout, sans espoir, la vie n'est que désespoir...
Clin d'œil de la semaine
La bonne nouvelle derrière une blessure : quand il y a une
cicatrice, c'est qu'il y a eu une guérison.