La
musique est partout. De l'épicerie à la salle d'attente, elle contribue à une
ambiance. Avec plus ou moins de succès, parfois, mais quand même !
Comme on lui reconnaît
des propriétés adoucissantes de mœurs, elle peut être bien pratique!
Son
effet n'est visiblement pas universel. Le redondant rythme lounge peut devenir
agressant dans un contexte qui s'y prête moins. Comme on constate que, même si
les voitures sont maintenant équipées de systèmes de son de bonne qualité, la
musique n'adoucit pas tant les mœurs quand on considère la multiplication des
cas d'impatience et de rage au volant !
Faudrait
investiguer.
Je pense
à la musique en ce matin de Fête nationale du Québec. Aujourd'hui, c'est
spécial. Les radios commerciales font l'effort tout aussi commercial de plaire
à une clientèle qui vit un moment spécial.
Mais,
n'ayez crainte, dès demain, on reviendra à la programmation résolument
anglophone et plus universelle. On respectera les normes de pourcentage
minimales du CRTC et ce minimum redeviendra le maximum qu'on entendra. Et,
encore, on concentrera ces normes en soirée, moment de moins grande écoute.
Rassurante
universalité, j'imagine.
Je ne
sais trop quoi penser des obligations de pourcentage de la musique chantée.
Comme vous, peut-être, je remarque la multiplication des expressions
anglophones qui s'insèrent à un rythme soutenu dans la langue parlée. C'est
encore plus vrai si la personne vit dans la région de Montréal. Il s'y
développe, il me semble, une sorte de franglais qui n'est pas complètement
étranger à la rencontre de plusieurs communautés culturelles et à
l'omniprésence de l'anglais sur les plateformes numériques.
Ainsi,
les jeunes développent des skills plutôt que des habilités ou des
compétences. Le bout le plus troublant, c'est qu'ils ne connaissent pas de mot
français désignant skills quand on leur demande !
Et, quand on leur dit, ils trouvent que skills est nettement plus insane...
Et la
musique, elle ?
Je parle
de la musique chantée. Alexandra Strélinski n'est pas touchée par le sujet !
Je sais
qu'il se produit beaucoup de contenu francophone. Et, je me demande comment
grandissent les carrières de ces créateurs et musiciens.
Puis, il
me vient deux images récentes. La mort de Karl Tremblay, des Cowboys
fringants, a ébranlé un peuple de façon impressionnante. Une peine rarement
ressentie collectivement de cette manière. L'homme était jeune, j'en conviens,
mais ceci n'explique pas complètement cela.
J'ai été
surpris de l'universalité de cette peine. Les Cowboys ont été boudés par les
radios commerciales jusqu'à ce que la pression populaire finisse par pousser
certaines pièces en ondes.
Mais le
groupe existait depuis plusieurs années déjà !
C'est au
gré de centaines de spectacles que la rencontre entre le groupe et les publics
s'est faite. Petites prestations sur les campus universitaires, les bars, les
petites salles de spectacle. Bref, plein d'endroits qui ont accueilli les
Cowboys comme une expérience qu'on partage. Des découvertes, disons, organiques !
Ça me
rassure un peu.
Et
l'autre image rassurante m'est venue en Abitibi, il y a quelques semaines. Un
congrès s'y tenait et réunissait 200 personnes de tous âges de notre milieu
professionnel.
Lors
d'une des soirées, ma foi, pas mal festives, un chansonnier habile et
talentueux est venu conquérir une foule pas évidente dans le fait que des
trentenaires côtoyaient des gens représentant 4 autres décennies au-dessus
d'eux !
Il s'est
installé et s'est présenté. Je me suis demandé avec quelle chanson il a allait
bien partir tout ça ! À ma grande surprise, c'est la Ziguezon qui a soulevé la foule. Ça chantait, répondait, dansait. Spontanément. Le sourire imprimé au visage. La suite a touché tous les styles, mais les
chansons francophones avaient une large part.
Même les
plus jeunes, qui parlaient plus tôt de leurs essentiels skills qu'aucun
mot en français n'arrivait à décrire, chantaient et répondaient. En fait, sur
la Ziguezon, ils étaient les premiers à se lever et à danser.
La
culture et la société évoluent.
Mais la
rencontre organique entre la musique chantée et l'humain demeure probablement
la plus valable façon de créer un lien.
Un lien
qui viendra perpétuer une langue et une culture.
Clin
d'œil de la semaine
C'est durable, une culture. Bien plus que le temps d'une chanson !