J'ai écrit le titre en premier. Puis, j'ai bloqué. Une voix en dedans me disait : « Ta gueule, le fou, va pas là! » Le fou y va pareil.
Vous voyez, ce réflexe de crainte par rapport au fait de s'exprimer sur un sujet qui peut être glissant, c'est la norme, aujourd'hui, dans notre société. Celle-ci est devenue frileuse et elle est mal assumée. Nos bases sociales sont nerveuses et sensibles.
Au moment où nous sommes confrontés aux femmes voilées et à des définitions différentes du rôle de la femme dans la société, nous, on s'enfarge dans nos lacets de bottine en s'imposant une approche « politiquement correcte » qui devient souvent stérile et, à la limite, ridicule. On a tellement peur de nommer les choses par leur nom qu'on finit par se la fermer.
On peine à vanter les mérites de notre société basée sur le droit commun. On n'ose plus trop parler, de peur de faire un faux pas.
Par exemple, on peut argumenter longtemps sur le fait de dire d'une personne qu'elle est aveugle ou non-voyante, mais ce temps investi au « politiquement correct » n'aide en rien la personne aveugle. Au final, on a bien dit, mais on a rien fait.
Je nous sens nerveux par rapport à tout. Tout ce qu'on doit nommer, en tous les cas.
Je me lance quand même. Peut-être survivrai-je, qui sait, avec un peu de chance!
Bon. D'abord, je me suis levé avec un sourire, en ce matin du 8 mars. Je me disais que la situation des femmes avance tellement qu'on a même avancé le temps d'une heure pour fêter ça...
La deuxième réflexion était plus sérieuse : est-il encore nécessaire de souligner un jour spécifique à la femme?
Eh, bien, oui.
Je vais peut-être vous surprendre (ou vous décevoir, ou les deux!), mais j'ai de la misère à mesurer la place de la femme en ne mesurant que la quantité. Par exemple, qu'il faille viser la parité absolue au conseil des ministres. Ce principe, poussé à la limite, vient dire que, même à compétence moindre, il faut choisir une femme pour équilibrer l'équation. Ce qui se voulait positif prend des allures réductrices.
La recherche absolue de la quantité égale ne doit pas être confondue avec l'équité.
De toute façon, c'est l'esprit qu'il faut ouvrir. Et c'est urgent.
Une femme peut-elle accomplir ce qu'on homme accomplit? Oui. Simplement oui. À part, peut-être, un degré de force physique moindre lié au métabolisme. Mais pour le reste, c'est oui.
N'importe quelle femme peut-elle accomplir n'importe quoi? Non. Simplement non. Pas plus qu'un homme, d'ailleurs. Le jeu des compétences et du talent de chacun deviennent les seuls critères pour déterminer qui peut faire quoi.
Nous avons fait des pas immenses pour essayer d'entrer dans la tête de tout le monde que l'homme et la femme sont des êtres humains égaux. Mais il reste de grands pas à faire. À travail égal, salaire égal, par exemple. On y est à certains endroits, mais pas partout! Il existe encore des préjugés défavorables aux femmes. Et on n'a pas encore atteint l'équité dans la répartition des tâches.
Et pourtant, nous sommes à des années-lumière de la situation des femmes dans d'autres pays. Dans d'autres cultures.
Le jour de la femme est nécessaire. Vraiment. Il y a des notions dont il faut constamment parler pour qu'elles finissent par porter fruit. Celle-là en est une : continuer de plaider en faveur de l'équité homme femme, c'est paver la voie à une éventuelle équité entre les humains, sexes et races* confondus. Et on n'y est pas, là non plus! La route sera longue.
*Oups, j'ai dit « races », mais je devrais dire « communautés culturelles », j'imagine...
Clin d'oeil de la semaine
« Hey, Fouquet, tu dis le jour de la femme. Tu fais exprès pour en parler au masculin? »