St-Basile-le-Grand au Québec, une nouvelle femme assassinée en
février dernier, elle avait 51 ans et elle est morte des mains de son
homme. Il y a de quoi se désespérer du genre masculin. Mais derrière ces
drames, il y a parfois des lueurs d'espoir. Le président français, Emmanuel
Macron, vient de constitutionnaliser dans le droit français le principe de la
libre disposition du corps des femmes en consacrant le droit à l'avortement.
Jeudi soir dernier, le président américain, Joe Biden, a promis de rétablir le
droit à l'avortement pour les femmes américaines après sa possible réélection.
Vendredi dernier, le 8 mars, on avait ces raisons de
célébrer même si l'égalité des femmes et des hommes est encore un combat
quotidien pour de nombreuses sociétés. Il y a de multiples cas d'espèce dans le
monde où l'on peut voir les droits des femmes reculés et des exemples aussi où
on peut mesurer les gains. Reste qu'il est difficile pour un homme de voir et
d'entendre toutes ces bêtises sur les femmes. Dans sa réponse au discours de
Joe Biden sur l'État de l'union, j'étais sidéré d'entendre la sénatrice
républicaine d'Alabama, Katie Britt, célébrer les valeurs familiales et ne prôner
rien de moins que le retour des femmes à leur rôle traditionnel. Dans cette
guerre sans merci entre démocrates et républicains, la voix des femmes fera une
différence. Réfléchissons ensemble si vous le voulez bien à ce qui se passe
chez notre voisin du Sud en cette période électorale américaine.
Le
triomphe du voyou
C'est sans surprise, mais avec un peu de tristesse que nous
assistons au grand retour du candidat Donald Trump pour représenter le parti
républicain. L'un de mes amis prétend que les Américains ne craignent pas
Trump, seuls les autres pays du monde craignent le retour de ce voyou aux
affaires américaines. Cela se comprend aisément. Trump cultive avec brio la
haine des élites de Washington et a le mensonge comme principale arme
rhétorique. Dans une société aussi polarisée que la société américaine, il fait
mouche. Imaginez, il continue de prétendre en 2024 que l'élection de 2020 lui a
été volée et qu'il était le gagnant de cette élection. Il a mis en œuvre une
insurrection pour empêcher le transfert de pouvoir pacifique à la présidence
américaine et les gens continuent de l'appuyer. Joe Biden a bien raison
d'affirmer que l'on ne peut pas aimer son pays et ses institutions qu'au moment
où l'on gagne. Donald Trump est le candidat incontesté de la mouvance
républicaine qui a été kidnappée par les trumpistes. Il entretient un discours
vengeur envers ses adversaires et n'hésite pas à fouler aux pieds toutes les
grandes valeurs américaines. Cela indique comment la démocratie est profondément
malade et surtout comment les États-Unis d'Amérique ne méritent plus son titre
de la plus grande démocratie au monde. Heureusement, dans ce magma d'irréalité,
de mensonges et de polarisation, il y a des voix qui s'élèvent comme celle du
vieux Joe Biden qui rappelle pourquoi les États-Unis ont un jour fait la fierté
du monde libre.
La voix
éclairante de Joe
Dans son discours sur l'État de la nation de jeudi dernier,
Joe Biden est apparu comme un rempart contre la déraison trumpienne. Après
avoir été victime d'une campagne de désinformation massive le présentant comme
un vieillard sénile et affaibli, Joe Biden a fait la démonstration, l'image
vaut mille mots, qu'il était en parfaite maîtrise de ses moyens et qu'il était
capable d'en venir aux coups avec ses adversaires. Jeudi soir dernier, Joe
Biden a livré un grand discours que tous les amants de la démocratie ont pu
apprécier. Il a rappelé notamment que la démocratie était fragile et que les
attaques contre elle avaient de multiples visages. Autant l'exemple du
comportement de Vladimir Poutine qui décide d'envahir son voisin au mépris de
toutes les règles internationales que celui des tentatives ratées de Donald J
Trump de se maintenir en poste malgré les résultats de l'élection. La menace à
la démocratie se fait sentir tant à l'étranger qu'en terre américaine. Joe
Biden s'est dit prêt à livrer le combat à ces gens et à continuer de défendre
haut et fort les valeurs libérales démocratiques partagées par bien des pays au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Joe Biden a aussi fait une large place au combat nécessaire
contre celles et ceux qui s'attaquent au droit à l'avortement. Il n'a pas
hésité à clamer de sa tribune tout le mal qu'il pensait du renversement par la
Cour Suprême des États-Unis de l'arrêt Roe contre Wade. Les caméras présentes
nous ont permis de voir le visage des juges présents de la Cour Suprême
stoïques devant cette prise de position sans équivoque de Joe Biden sur le
droit à l'avortement.
Joe Biden a aussi fait une large place dans son discours à
l'importance d'une fiscalité juste qui fera payer aux plus riches leur juste
part au trésor américain tout en préservant le pouvoir d'achat aux classes
moyennes. Il s'en est aussi pris à ces faramineux profits des compagnies
pharmaceutiques en plaidant pour des prix de médicaments plus équitables pour
la population notamment en pointant le prix de l'insuline pour les diabétiques
qu'il veut fixer à 35 $ par mois au maximum.
De manière générale, le discours sur l'État de l'Union de
Joe Biden a bien sûr emprunté les voies partisanes, mais sa voix était porteuse
de projets d'avenir et discutait des enjeux actuels des États-Unis et du monde
en général. Joe Biden a plus que jamais incarné l'espoir et l'avenir de
l'Amérique.
Le jeune
vieux Joe
Dans la polarisation actuelle de la société américaine, le
discours d'espoir livré jeudi soir dernier par Joe Biden risque de ne pas
franchir les frontières des chambres d'échos des partisans républicains.
Pourtant, ils auraient intérêt à écouter un tel discours avec l'esprit ouvert.
C'est quand Joe Biden a ouvert son jeu sur l'éléphant dans
la pièce, son âge, qu'il a été le plus émouvant et le plus convaincant. Il a
rappelé que lorsqu'il a été élu sénateur on le trouvait trop jeune. Pourtant,
son bilan a été largement apprécié même par ses adversaires politiques.
Aujourd'hui, alors qu'il s'apprête à demander un second mandat comme président,
on veut insister sur son âge et sur ses capacités mentales pour le
disqualifier. Malgré cela, jeudi soir dernier, Joe Biden n'avait pas l'air d'un
homme sénile ni d'un vieux, incapable de s'exprimer. Il a affirmé que ce n'est
pas notre âge qui fait de nous quelqu'un de vieux ou de jeune, mais les idées qu'il
défend. Les idées vieilles sont plutôt défendues par Trump qui ne pensent qu'à
ses intérêts personnels et à ses blessures d'égo. Pendant que Donald Trump rêve
à sa vengeance, Joe Biden pense à l'Amérique et au monde de même qu'aux défis
actuels qui se posent à l'avenir. L'un de ses grands combats c'est celui de la
libre disposition des corps des femmes. C'est un excellent choix pour un
démocrate et pour un humaniste. C'est aussi un excellent choix pour un candidat
à la présidence dans un pays polarisé. En choisissant d'être la voix des femmes
américaines, Joe Biden prend une sérieuse option sur la victoire en novembre
prochain. Joe Biden, la voix des femmes américaines...