Lucie Choquette et Jules Ellyson, propriétaires de l'entreprise Le Jardin des Îles, à Ascot Corner, ajoutent à leur production horticole, la culture de la Matteucia, fougère à autruche, considérée comme un produit forestier non ligneux (PFNL).
Depuis 1980, le père de Jules faisait pousser des petits fruits à quelque 5 km du village d'Ascot Corner sur le chemin de la Rivière. Reprise par le couple, depuis, ils ont élargi leur programme de denrée pour introduire légumes et fines herbes. Sur les quelque 25 acres de terre, ils vendent à la ferme, fève, pomme de terre, maïs et autre. Ils invitent la population à l'autocueillette des petits fruits. Quelque 90 % de leur production est écoulée dans leur kiosque situé sur leur propriété. Mme Choquette possède un diplôme en horticulture et elle enseigne au Centre de formation professionnelle de Coaticook. M. Ellyson, fort de ses cours en gestion agricole, s'occupe à plein temps de l'entreprise. Ils ont décidé de se lancer dans la culture de la Matteuccia, la grande fougère à autruche pour la récolte de ses frondes aussi appelées têtes de violon, très prisées des connaisseurs. Cette dernière y pousse naturellement. L'environnement lui convient parfaitement. Comme l'expliquait M. Ellyson, le sol riche et humide leur permet une croissance optimale, leur taille atteint les 2 m.
Constatant que près de quatre acres de terre risquaient de devenir en friche et que l'écosystème semblait bien leur convenir, ils se sont lancés dans la culture de cette vivace qui peut vivre plus de 40 ans. À partir de spores, ils en ont produit quelque 10 000 plants en caissettes pour aller les transplanter en rangs entre les sapins. Il faut attendre environ sept ans avant de récolter les premières frondes, expliquait Mme Choquette.
À la suite d'expériences tentées avec Culture Innove sur ces PFNL, ils ont évalué le nombre de têtes qu'ils pourraient prélever sur un même plant. Ils ont effectué quelques cueillettes à 10, 20 et 30 % de ces frondes pour connaître la quantité optimale à recueillir sans affecter la santé de la plante. M. Ellyson estime, à la lumière de l'expérience, que des propriétaires riverains pourraient mettre en commun leurs espaces inutilisés pour accroître la production de cette ressource forestière non ligneuse. En les disposant en rang, les récoltes pourraient s'effectuer à l'aide d'un outillage spécialisé. Protégée en nature, elle peut être cultivée et cueillie sans subir les mêmes contraintes que cette plante sauvage menacée. La Matteuccia se situe dans les cinq premiers classements en ce qui concerne son potentiel économique.