Au fil des ans, notre relation avec les impôts sur le revenu qu'on doit payer n'est pas très chaleureuse. Et c'est poli. Pour plusieurs, il s'agit d'une formalité lourde, ennuyante et inutile.
« Une attente à nos libertés individuelles », ai-je entendu au hasard d'une conversation.
Ah, oui ?
Nous faisons tous des entourloupettes pour éviter les taxes, les impôts, les frais supplémentaires. À plus ou moins grande échelle. Décider d'arrêter complètement, c'est comme arrêter de fumer, c'est dur. Ça va en prendre, des patches de « Impôt-rette » pour que nos envies de tricher tombent complètement.
Et la culpabilité se montre à peine le bout du nez qu'on la renvoie chez elle. On ne s'en occupe plus. Ou peu. Si je peux faire faire tous mes travaux au noir pendant que je commande sur Amazon un item que le commerce du coin vend et sur lequel je ne paierai la maudite taxe de vente, si je peux emprunter des reçus ou oublier certaines données pour sauver de l'impôt, je suis fier de moi.
Parce que, de toute façon, ce n'est qu'un petit geste complètement englouti parmi des millions de contribuables. Une goutte d'eau dans la grande piscine des payeurs. Des millions de payeurs qui se disent exactement la même chose que moi.
Quand un prédisent américain se targue de ne pas payer d'impôts et pousse la maladie mentale jusqu'à gonfler ses revenus estimés* pour s'en glorifier ensuite, disons qu'il envoie un message clair : les impôts, c'est une tare et je vous permets toutes les actions qu'il vous sera possible de faire pour éviter de les payer.
Et que dire des grandes entreprises qui se retrouvent au centre de magouilles pour cacher leurs profits dans des paradis fiscaux. Non seulement c'est odieux, mais ce sont aussi les mêmes entreprises qui entretiennent avec une énergie folle des lobbys auprès des gouvernements pour obtenir de l'aide financière ou des baisses de taux d'imposition. La raison invoquée? Toujours la même : on doit demeurer compétitifs. Les mêmes entreprises qui engrangent les baisses d'impôts, de taxes et autres et qui abolissent ensuite les emplois pour les transférer ailleurs.
La colère monte en moi avec un assez puissant mélange de honte et de haine.
Parce qu'ensuite, on saluera, en plus, ces dirigeants, comme faisant partie d'une élite économique. Une élite sans éthique. C'est beau, ça!
Mais revenons aux impôts.
Dans un système où le profit seul compte, il faut être prudent et voir un peu plus loin que le bout de notre petit nez. Plus on écrase les ressources nécessaires au maintien du bien commun, plus on se met à risque.
Si, demain, le système de santé publique devient privé, si on laisse tomber la Régie des rentes et l'aide sociale, si on oublie l'assurance automobile publique, si on vend Hydro-Québec et quoi d'autre encore, on se retrouvera dans un chaos indescriptible.
Il faut arrêter de croire que les gouvernements sont des bêtes qui s'autosuffisent monétairement. Il faut quitter un peu le champ de vision de notre petit nombril. Le chacun-pour-soi ne nous mènera que dans un cul-de-sac. Il nous faut être plus conséquents dans nos gestes et exiger que les entreprises le soient aussi.
Est-il trop tard pour qu'on prenne une résolution de 2017 ? Une qu'on tiendrait?
*À une question sur ses impôts, un journaliste affirmait que les revenus de Donald Trump étaient d'au moins 10 millions de dollars par année. Loin de nier, Trump s'est vanté que c'était au moins 5 fois plus... Mais il ne paie pas d'impôts, prétextant des pertes...
Clin d'œil de la semaine
« Le gouvernement vous fourre, fourrez-le à votre tour ! » Cela est juste et bon...