Chez-nous.
C'est un
peu comme au retour de voyage. Même si le séjour avait été espéré et que, somme
toute, il a été génial, le retour à la maison est toujours rassurant.
Si tant
est qu'on soit bien à la maison, cela dit!
Comme
nous vivons sur la même planète, nous sommes certainement tous interpelés par
ce qui se passe un peu partout. Les guerres à gauche et à droite. Les désordres
climatiques qui sèment les records et les « jamais vu! » de façon
aléatoire un peu partout, en même temps, sur le globe.
Plus
près de nous, j'ajoute la situation qui nous avait relativement épargnés, mais
qui frappe de façon solide depuis quelques années : le difficile accès à un
logement décent.
Le point
qui réunit tout ça? La notion de chez-nous.
C'est
grand, le chez-nous, c'est plein de vie dedans!
Je paraphrase
Félix Leclerc avec un clin d'œil, mais il n'en demeure pas moins que le
chez-nous qui est nôtre, que ce soit un condo, un appart ou une maison, est un
repère dans lequel on a installé nos habitudes, notre routine, nos façons de
fonctionner.
Bref, le
chez-nous est un lieu où je me sens en sécurité.
Surtout
dans une société démocratique et respectueuse des droits et libertés, mon
chez-nous est un lieu de repos. Un endroit où je peux me déposer.
Le
chez-nous qui obsède
La
lecture, l'écoute et/ou le visionnement de reportages sur les sujets de l'heure
viennent semer en moi une sorte de désarroi qui ne me quitte jamais vraiment.
Le mot
« obsède » est un peu lourd, j'en conviens. Disons plutôt omniprésent.
Et je ne
suis et ne serai pas de celles et ceux qui envisagent de ne plus s'informer.
Dans ma façon de voir les choses, le fait de s'informer est la base minimale de
notre engagement dans cette société qui est nôtre.
Dit
autrement, le fait de faire semblant que quelque chose n'existe pas mène à un
cul-de-sac.
On ne
peut être aidant et utile si on ne sait pas les choses.
Ça part
de là.
Pour
moi, en tous les cas.
Un
problème troublant
J'entendais
dernièrement le court témoignage d'une personne immigrée qui disait, dans un
français un peu malhabile, mais tellement volontaire, « je réalise ces
jours-ci que j'ai un nouveau chez-nous. C'est très bon! »
L'homme
est débarqué au Canada et a vécu dans un camp de réfugiés longtemps avant de
trouver un appartement très convenable de 4 pièces pour lui et ses trois
enfants.
Le
brillant de ses yeux. Le calme qui habitait sa voix, tout témoignait vers la
notion d'un chez-nous réconfortant.
Touchant.
Et c'est
ça qui m'obsède. Des milliers de Québécois et de Canadiens qui doivent quitter
précipitamment leur chez-nous sans savoir si les incendies ou les inondations permettront
qu'ils y reviennent.
Tous ces
gens qui sont exclus de leur chez-nous à coups de grenades.
Les gens
qui se sauvent d'un soudain typhon ou d'une tempête tropicale.
Et
surtout, surtout... Le fait que ces situations climatiques deviennent tellement
dévastatrices qu'elles excluent même l'espoir que « tout redeviendra comme
avant ».
J'essaie
de m'imagine ce que c'est que de ne pas avoir de chez-nous. Surtout quand on
sent bien que le rassurant : »je suis né sur le bon côté de la
planète », perd de sa rassurance...
Pas
de temps pour la déprime
Je ne
suis pas écrasé par tout ça. Je ne cède pas à une déprime, qui, de toute façon,
ne viendrait aider en rien.
Je me
dis par contre qu'il est temps qu'on affirme que l'accès à un logement décent
ne doit pas être réservé à quelques nantis.
Une
personne qui ne peut identifier où est son chez-nous est une personne qui se
vide, peu à peu, inexorablement, de ce qui nous permet de vivre :
l'espoir.
Le
chez-nous est fondamental. Et prioritaire.
Je parle
de chez-nous plutôt que de chez moi.
Penser
qu'on va pouvoir évoluer dans un contexte de chacun pour soi est stérile.
Clin
d'œil de la semaine
« Si
tu vois ton bateau, voguer à la dérive, amène-toi chez-nous, je saurai
t'écouter »
Ah!
J'oubliais : « j'aurai du rhum pour toi! »
Extraits
de la chanson « Amène-toi chez-nous » de Jacques Michel