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Ignares et aveugles…

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 13 septembre 2023

Nous sommes toujours prisonniers de notre passé, de notre parcours. Nous croyions à raison que nos expériences, nos succès et nos échecs font partie de ce que nous sommes. Cela est bien souvent vrai pour chacun d'entre nous, mais cela ne l'est pas moins pour la société dans laquelle nous vivons. Ce qui me fascine plus que tout c'est qu'ignorer notre histoire a de lourdes conséquences sur le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. C'est Aldous Huxley, le célèbre écrivain qui a écrit l'un des grands romans du 20e siècle, Le meilleur des mondes, qui a mieux que quiconque résumer l'importance de l'histoire dans nos vies. Il a écrit que : « le fait que les hommes tirent peu profit des leçons de l'histoire est la leçon la plus importante que l'histoire nous enseigne. »

Je n'aurais pas pu trouver de meilleures citations pour introduire le sujet de cette chronique, la question de la perte du statut universitaire du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke. Dans la foulée du dépôt du projet de Loi 15 du ministre de la Santé, Christian Dubé, le statut universitaire du CHUS disparaît. Il faut dire à la défense du ministre que cela est attribuable notamment au fait que le CHUS cherche à jouer sur deux tableaux. Être associé à Santé Québec pour asseoir son pouvoir et conserver son statut universitaire. Permettez-moi d'expliciter mon point de vue sur cette question dans cette chronique.

La question

L'histoire est relativement simple. Pas besoin d'appeler quelqu'un à la rescousse pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Le gouvernement Legault par la voix de son ministre Christian Dubé veut revoir de fond en comble notre réseau de la santé, ébranler les colonnes du temple afin de le rendre plus efficace et de répondre aux besoins multiformes de la population du Québec qui y consacre 50 % de tous ses impôts. La crise de la pandémie a rendu cela encore plus évident avec tous ces actes médicaux reportés et avec le gonflement des listes d'attente tout en contribuant à détériorer davantage, si cela est imaginable, les conditions de travail des employés du réseau notamment les infirmières et les infirmiers. Le moyen imaginé c'est de créer une agence de la santé qui serait responsable de toutes les opérations du réseau alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux ne se concentrerait plus que sur les orientations. En fait, le ministre veut se donner un opérateur sur le terrain qui ne serait pas paralysé par la joute politique. En soi, l'idée semble attrayante. Elle a plutôt été bien accueillie par la population même si l'opposition à cette loi des différents lobbys notamment ceux des médecins et des syndicats est plutôt féroce. Quoi qu'il en soit, les débats ont cours et les travaux se poursuivront en commission parlementaire cet automne.

Or, dans la foulée de ce projet de Loi 15, les agences de santé existantes sont abolies et remplacées par la nouvelle agence. En Estrie, cette agence a pour identifiant CIUSSS de l'Estrie - CHUS. Il est normal de retrouver dans le projet de loi du ministre un article abolissant le CIUSSS de l'Estrie - CHUS parce qu'il sera remplacé par l'Agence. Là où le bât blesse cependant c'est que dans d'autres articles on reconnaît la présence d'institutions à caractère universitaire comme le CHUM, le CUSM, l'hôpital Saint-Justine et d'autres, mais on ne reconnaît pas le CHUS. Il n'en fallait pas plus pour que le professeur et doyen de la faculté de médecine, Dominique Dorion déclare que : « La loi, actuellement, n'écrit pas que le CHU de Sherbrooke n'existe plus, mais elle n'écrit pas qu'il existe. Les autres CHU sont tous reconnus. » Par ailleurs, le professeur Dorion s'inquiète à raison des conséquences de cette non-reconnaissance du statut universitaire pour notre centre hospitalier. Comme il le dit, cela serait tout sauf anecdotique. Cela mènerait le CHUS sur la pente insidieuse d'une perte de services, la fin des investissements en nouveaux équipements et le transfert de plus en plus de cas vers d'autres hôpitaux spécialisés. Sans compter l'effet sur le recrutement des médecins et l'impact sur la recherche médicale dans notre région. Cette affaire est tout sauf banale.

Fausse alerte

Finalement, nous apprenions mercredi matin que le péril de la perte de la désignation universitaire de notre Centre hospitalier le plus important était évité. Dans une entrevue à une radio locale, le professeur et recteur de l'Université de Sherbrooke, Pierre Cossette a déclaré qu'il avait eu la confirmation du ministre de la Santé Christian Dubé que le statut universitaire du CHUS sera protégé par le projet de Loi 15. À cette fin, le ministre a informé le recteur Cossette que la modification sera introduite dans la prochaine salve d'amendements qui sera déposée dans quelques semaines. Le recteur Cossette a ajouté sur les ondes de la radio locale que : « Je le prends pour une assurance complète, continue-t-il. Je lui ai demandé après la rencontre si ça voulait dire que je pouvais annoncer que le CHUS resterait un CHU et il m'a dit que oui. » Ouf ! Nous l'avons échappé belle. Mais quelle leçon devrions-nous tirer de cet épisode politico-administratif ?

Connaître notre histoire est une obligation

Dans toute cette affaire, ce qu'il a de plus inquiétant c'est l'absence de connaissances des enjeux d'une telle question par la très grande majorité de nos élus, exception faite des autorités universitaires qui ont effectué leur travail de nous sensibiliser au problème. Comment se peut-il qu'aucun des députés de notre région tant du gouvernement que de l'opposition n'ait pas fait preuve de la plus grande vigilance à l'endroit des conséquences de ce projet de loi pour la région ? C'est un travail de base du personnel politique entourant ces élus de surveiller toutes les informations qui touchent de près ou de loin notre région. Ces gens-là se parlent-ils des intérêts supérieurs de la région ? La mairesse de la ville n'a-t-elle pas intérêt à surveiller de près toutes les répercussions potentielles des projets de loi qui touchent sa ville ? Le CHUS vaut peut-être la peine que l'on s'attarde à ce qu'il vit étant donné son importance tant ne matière de soins à la population, en recherche ou en retombées économiques.

Y'a-t-il d'autres personnes que l'ancienne députée de Saint-François et ministre de plusieurs ministères importants au gouvernement du Québec dans une carrière de plus de 25 ans pour s'inquiéter de l'avenir du CHUS ? Elle en faisait écho lors d'une entrevue donnée à une radio mercredi dernier. Serait-elle la seule à savoir que les gens des grands centres que sont Montréal et Québec n'aiment pas partager leurs précieuses ressources et leurs équipements avec les régionaux comme nous ? Personne ne se rappelle les combats épiques menés par Monique Gagnon-Tremblay et de nombreuses personnalités de la région pour préserver notre faculté de médecine que Paul Gobeil, autrefois président du Conseil du trésor dans un gouvernement Bourassa, voulait abolir sous le fallacieux prétexte qu'il y avait une faculté de médecine de trop au Québec. Sans compter qu'il faut se rappeler que la présence de l'Université de Sherbrooke à Longueuil a nourri des rivalités plus grandes que nature entre nous et les gens de Montréal.

Tout cela pour dire que se rappeler notre histoire et nos dossiers constitue un devoir pour tous nos élus. Qui se souvient du rôle majeur du maire Jean Perrault à l'époque pour maintenir l'Hôtel-Dieu au centre-ville de Sherbrooke ? Il n'y a pas à dire se souvenir d'où l'on vient est essentiel pour savoir où l'on va sinon nous risquons de devenir collectivement des ignares aveugles...



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