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Les 100 premiers jours du gouvernement Legault (première partie)

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 16 janvier 2019

Le Québec a un nouveau gouvernement. Ça se sent. Il y a quelque chose comme une lune de miel entre le Québec et le gouvernement de François Legault. Il faut dire que son élection passera à l'histoire. François Legault a bâti un nouveau parti, la Coalition avenir Québec.

En moins de temps qu'il n'en faut, six ans et quelques poussières, il est parvenu à renverser l'ordre politique établi en mettant fin à cinquante ans d'opposition entre Rouge et Bleu autour de la question nationale. Sa grande capacité de résilience, sa capacité d'écoute, son instinct politique auront permis à François Legault de recruter une équipe de femmes et d'hommes compétente et qui représente du sang neuf. C'est pourquoi François Legault a gagné l'élection et qu'il est devenu notre premier ministre.

Nonobstant cette grande réussite, le Québec n'est pas facile à gouverner en ce début de 21e siècle. Les défis et les enjeux qui confrontent le devenir de notre société sont redoutables et le Québec a besoin plus que jamais de prendre le virage de ce nouveau siècle en cherchant de nouvelles voies de passage qui parfois seront en rupture avec nos modes de pensée et d'agir. Jusqu'à maintenant, le nouveau gouvernement de François Legault a agi avec prudence et il s'en est tenu au respect de la parole donnée. Pour établir un lien de confiance, c'est excellent, mais peut-on gouverner qu'en respectant sa parole même si parfois cette parole est dans l'erreur ? N'est-il pas plus à propos de se fier à la science pour orienter l'avenir plutôt qu'aux volontés retrouvées dans les sondages ?

Questions difficiles qui nous plongent dans le cœur du sujet concernant les défis qui attentent le gouvernement caquiste de François Legault en ce début d'année. Analyse préliminaire de l'avenir prévisible.

Les grands enjeux

Quatre enjeux majeurs confrontent l'avenir du Québec en 2019. La pérennité de la nation québécoise, les enjeux liés aux changements climatiques, l'avenir de la spécificité du modèle de social-démocratie québécoise et le renouvellement de nos institutions démocratiques.

1. La nation québécoise

Le plus grand enjeu qui attendra toujours la société québécoise c'est celui de la survie et de la pérennité de la nation québécoise dans une mer anglophone et hispanophone que représente le grand continent nord-américain. La promotion et la défense de la nation québécoise sont la plus grande responsabilité du premier ministre du Québec et de son gouvernement. Quoi que l'on puisse en penser ou en dire, cette nation québécoise francophone est toujours fragile et son avenir doit préoccuper à tous les instants. Cette nation québécoise que l'on peut définir comme composée d'une majorité de francophones qui est enrichie par des citoyennes et des citoyens de partout dans le monde possède une histoire, des institutions et une langue commune qui est la langue française. La défense de nos coutumes, de nos traditions, de nos institutions et de notre langue est donc impérative pour assurer la pérennité de la nation québécoise francophone en Amérique du Nord.

La langue française et les tests des valeurs

Le discours du gouvernement Legault sur ces questions est adapté à la conjoncture actuelle. La volonté ferme de la ministre Nathalie Roy de défendre notre langue est bienvenue dans le contexte où on a eu l'impression que les libéraux ont laissé ce champ en friches au cours des quinze dernières années. La volonté d'accueillir moins d'immigrants, mais de mieux en prendre soin est aussi une réalité qui parle aux Québécoises et aux Québécois de souche qui sont inquiets pour l'avenir. Si la direction prise par le nouveau gouvernement semble la bonne, les modalités de l'application de cette orientation restent à être peaufinées. Loin d'être certain que les tests de valeurs ou l'expulsion potentielle de candidates et des candidats à l'immigration sont une bonne politique. À ce sujet, le gouvernement Legault est pris avec une parole donnée plus politique que productive. Reste à voir comment il réussira à se sortir de là lors du projet de loi sur le sujet.

La querelle des bouts de chiffon

Dans le même esprit, l'idée d'affirmer la laïcité du Québec est excellente, mais là aussi les modalités pourraient faire mal au gouvernement. Reprendre la querelle des bouts de chiffons et des droits fondamentaux est à mille lieues des attentes des Québécoises et des Québécois qui ne veulent que se sentir respectés chez eux dans leurs valeurs et leurs coutumes. Interdire le port des signes religieux pour les personnes en autorité et le personnel enseignant est une chose, mais maintenir en même temps le crucifix à l'Assemblée nationale au-dessus du trône du président est bien plus le reflet d'une catho-laïcité que de notre histoire. S'il est vrai que le catholicisme fait partie de notre histoire, c'est aussi vrai qu'il ne fait plus partie de nos vies aujourd'hui ou si peu...

La place du Québec dans le Canada

Il y a aussi la vieille question, mais toujours d'actualité qui est la reconnaissance par le Canada de la société distincte du Québec ? Comme l'ont dit de nombreux politiciens depuis l'échec de l'accord du lac Meech, le fruit n'est pas mûr. Tellement pas mûr qu'il est en train de pourrir de l'intérieur sous l'impulsion des questions triviales de la péréquation et de l'appétit de nos compatriotes canadiens de l'Ouest pour de l'énergie carbone. Il reste que la place du Québec dans un Canada réformé où l'on reconnaîtrait les droits nationaux des Québécois, des Acadiens et des nations amérindiennes demeure aujourd'hui une incontournable tâche à accomplir. La question nationale québécoise est encore aujourd'hui d'actualité.

Reste à voir par quel bout le gouvernement de François Legault cherchera à affirmer la place du Québec dans le Canada tout en cherchant à s'allier à la fois les minorités francophones au Canada et les nations autochtones.

2. Les changements climatiques

L'ensemble de la planète est confrontée à cet immense problème que constituent les changements climatiques. Employer le mot problème pour parler de changements climatiques est un euphémisme puisqu'il s'agit carrément de la survie de notre espèce. Cette question est cependant complexe. Elle met en cause nos modes de vie ainsi que notre façon de produire et de consommer. Notre confort bien nord-américain est remis en question. Pourtant, même si nous devons reconnaître que chaque québécois laisse une empreinte carbone importante, il n'en reste pas moins que la contribution du Québec au réchauffement climatique est une quantité négligeable dans le sort de la planète.

Il faudrait bien trouver un juste milieu à notre volonté de faire notre part pour sauver la planète et notre espèce et la nécessaire acceptabilité sociale que nous devons obtenir au sein de la population québécoise sur ce sujet. Il y a place pour de l'innovation dans nos façons de débattre de ce sujet qui sera autrement que l'opposition mécanique entre développement économique et protection de notre espèce. Il y a, à mon avis, beaucoup d'épouvantails brandis chez les plus engagés d'entre nous pour cet enjeu majeur de notre époque.

Comment le gouvernement Legault qui n'est pas reconnu pour sa sensibilité à la question environnementale s'en sortira-t-il, lui qui veut construire à tout prix un troisième lien à Québec qui ne manquera pas de favoriser la multiplication des autos et l'étalement urbain ? Comment conciliera-t-il sa volonté de développer les infrastructures routières notamment dans le nord de la région de Montréal et celui de la réduction des gaz à effet de serre ? Pire encore, comment justifiera-t-il son adhésion à des gazoducs et à l'exploitation du pétrole en Gaspésie avec sa volonté d'être reconnu comme un gouvernement crédible en matière environnementale ? Des questions qui commandent des communications habiles et politiciennes.

Pas étonnant que Marie-Chantale Chassée n'ait pas survécu plus de 90 jours à son poste de ministre de l'Environnement. Ce poste dans un gouvernement caquiste demande l'expertise d'un politicien aguerrie. Encore que cela ne garantirait pas le succès du nouveau titulaire, Benoit Charrette. Il sera intéressant de voir comment le gouvernement Legault tirera son épingle du jeu en matière environnementale. Sans conteste, le talon d'Achille de ce nouveau gouvernement dans le contexte politique actuel.

La nation et les changements climatiques, deux des grands enjeux des 100 premiers jours du gouvernement de François Legault.

À suivre, la semaine prochaine, le modèle québécois et le renouvellement de nos institutions démocratiques.


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