On devrait toujours marcher un mille dans les souliers de quelqu'un avant de le juger.
Un vieil adage. Une vieille parole sage sortie du passé. Mais qui conserve l'essentiel de sa sagesse. Si je marche un mille dans les souliers de quelqu'un, j'aurai l'occasion de comprendre ce qu'il vit et, surtout, je verrai le monde autour à partir de son point de vue à lui. Ou à elle. C'est selon.
La base du principe est de prendre un certain recul avant de porter un jugement. Prendre du recul, c'est se donner du temps de réflexion. Par la suite, c'est partager un point de vue, l'argumenter. Sans tomber dans les sentiments et les émotions. Le rationnel plutôt que l'émotionnel. Considérer le point de vue de l'autre et surtout, se permettre de modifier l'idée qu'on s'était faite d'une personne, d'un événement.
Il semble bien qu'à l'ère des médias sociaux, il soit devenu impossible de prendre un minimum de recul. La source de ces médias est l'instantanéité. Il faut réagir là, maintenant, subitement. Quitte à blesser, à semer de la haine, à détruire (ou vouloir détruire). Pas question de prendre un peu de temps pour réfléchir avant de sortir publiquement (ou relativement publiquement) sur un sujet donné.
Je reviens sur le cas de Safia Nolin au Gala de l'ADISQ de la semaine dernière. J'ai vu en direct et j'ai lu plein de trucs là-dessus. Et j'en ai jasé. Je peux comprendre pas mal de points de vue. Personnellement, je soignerais ma tenue pour une occasion comme celle-là. Mais bon, je n'ai pas été jeté par terre par sa tenue. Certaines tenues de gala (hommes et femmes) m'ont extirpé un « isssshhhhhhhh !!!!! » parfois amusé, parfois terrifié au fil des ans.
Pour moi, une chose est claire : un gala commande une tenue de gala. Si on veut déroger, libre à nous, mais il faut assumer que la tenue qu'on porte envoie un message. Si Safia croyait ne pas en envoyer un en s'habillant comme cela, c'est qu'elle est naïve. Mais rien de tout cela n'est bien grave pour moi.
Quant à ses remerciements, ils étaient vides. Émus, nerveux, mais vides. Sauf pour la phrase sur le fait que la femme doit prendre sa place à elle dans une société qui lui fait la vie dure encore en 2016. Pour ma part, je trouve un peu dommage de gaspiller un temps d'antenne aussi précieux. Quelle belle occasion d'envoyer un message clair. Mais non. Encore là, plusieurs artistes en tenue de gala ont raté leur chance, répétant « je ne sais pas quoi dire, je ne m'attendais pas à ça... » Quand tu es en nomination, tu devrais « t'attendre un peu à », quand même.... Une occasion ratée, disais-je.
Mais ce que je sais, ce qui me répugne depuis une semaine, c'est cet orage de bêtises, d'insultes, de médisances et d'accusations gratuites qui lui est tombé dessus presque en temps réel. Dans bien des cas, il y avait matière à poursuite.
Si notre société en est là, à lapider gratuitement un de ses membres, c'est qu'elle est gravement malade.
C'est le vrai bout épouvantable de cette histoire
Marcher un mille dans les souliers de quelqu'un avant de porter un jugement...
Ouais, je sais, c'est long un mille à une époque où on se sent l'obligation de répandre un point de vue en temps réel. On peut faire un compromis : allons-y pour un kilomètre. Ça fera plus moderne. Et un peu plus court...
Clin d'œil de la semaine
Beaucoup de gens disent que Safia Nolin est une ci et une ça. Sans même avoir vu le gala. Mais bien peu s'intéresseront à l'essence : ses chansons...