Le parc. Chaque quartier a son parc. Son endroit public avec des jeux pour enfants, sa patinoire, son terrain de tennis, bref, son espace collectif.
Un parc est encore considéré comme un paramètre de qualité de vie d'un territoire donné. Même s'il n'y a jamais mis les pieds, vous pouvez être certain que l'agent d'immeubles qui a une maison à vendre mentionnera haut et fort la présence d'un parc.
Je marchais au parc Jacques-Cartier de Sherbrooke lors de la Fête du lac des Nations et je me disais que bien des choses changent, mais que d'autres ne changent pas.
Allons-y d'abord pour ce qui a changé. Dans les années '70, la façon de se rafraîchir, en été, était de se rendre à la piscine publique. On se pilait littéralement sur les pieds aux heures de grande chaleur. Les temps ont changé et des trous d'eau privés ont poussé en arrière des résidences. Il faut survoler un secteur résidentiel pour constater l'extraordinaire quantité d'eau chlorée qui se retrouve dans les quartiers dits familiaux. Autant de piscines qui fragmentent les utilisateurs des lieux publics. Il s'agissait d'une des premières scissions dans le tissu social du voisinage.
Le chacun-pour-soi a pris de l'importance avec les piscines, la multiplication des paniers de basketball accrochés aux abris d'autos et/ou garages des résidences, la multiplication des unités de jeux pour enfants qui ont remplacé des carrés de gazon derrière les maisons, etc. ...
Le parc, subitement, n'était plus le rendez-vous unissant tout un chacun.
Plus jeune, quand je voulais voir mes amis d'école, le rendez-vous se donnait au parc. On ne faisait pas de chaîne de téléphones. On y allait, sachant qu'on y retrouverait quelqu'un.
Plus tard, les jeunes se sont mis à s'y rendre avec un rendez-vous téléphonique préalable. Maintenant, ce sont les textos qui remplacent le téléphone. Il semble bien que l'on puisse demeurer des heures, affalés sur un divan, à multiplier les textos pour essayer de faire arriver quelque rencontre en quelque lieu. Souvent, rien n'aboutit...
Toujours en marchant au parc, je regardais les jeunes et les moins jeunes. Certaines choses ne changent pas !
Le texto, c'est bien beau, mais ça ne remplace pas complètement le contact physique. La socialisation de personne à personne. Un ado reste un ado, avec ses maladresses liées aux apprentissages qu'il est en train de faire et qui le rendront plus habile à communiquer. Certains demeureront ados toute leur vie, cela dit !
Je regardais des moins jeunes qui se promènent, souvent main dans la main, un œil à l'affût de quelqu'un qu'ils connaissent. Parce que le parc sert aussi à cela : rencontrer des gens comme ça, au hasard, et refaire connaissance avec quelqu'un qu'on a perdu de vue...
À voir toutes ces poignées de main, ces rencontres non sollicitées, je me dis que ça vaut la peine de se déplacer dans des lieux publics. Je me dis que les réseaux sociaux ne sont pas si sociaux, puisqu'ils ne transmettent que l'image d'une réalité et non la réalité elle-même.
Je ne condamne rien, je constate. Je constate en faisant le souhait sincère que les médias sociaux servent la cause de rapprochements physiques réels bien plus qu'ils ne les remplacent.
Des mamours en texto, ma fait pas des enfants forts, pour reprendre l'expression consacrée.
Destination Sherbrooke vante la multiplication des parcs et espaces verts. C'est bien beau. Les politiciens insistent pour intégrer des espaces verts dans les schémas d'aménagement. Et les électeurs insistent pour qu'il y en ait partout.
Faisons en sorte que ce ne soit pas seulement pour donner un argument de plus à l'agent d'immeubles !
Alors, on se retrouve au parc ?
Clin d'oeil de la semaine
Papa à son fils :
- Tu fais quoi?
- J'envoie un texto à ma blonde : je la quitte.
- Quand tu l'as embrassée la première fois, c'était par texto?
- Ben non...
- Ben va la voir pour t'expliquer, mon p'tit paquet de courage...