Je ne saurais pas trop comment définir la guerre, il me semble. J'ai grandi avec les images des deux grandes guerres mondiales et de celle du Vietnam. Je sais bien qu'il y a d'autres guerres. Mais, celles-là, je pouvais m'en faire une idée un peu plus précise.
Une guerre implique deux parties, au moins, et les batailles se déroulent sur le terrain. Presque comme un jeu de stratégie. Mais avec de vraies vies.
Si on me demandait aujourd'hui de définir ce qu'est une guerre, j'irais avec les images des grandes guerres que j'ai connues. Connues un peu, du moins.
Pourtant, les choses changent. Elles ont changé et elles changeront. Si les guerres de tranchées sont moins à la mode, il n'en demeure pas moins que la violence est présente. Plus que jamais, je crois. Et sans que la guerre ne soit officiellement déclarée.
Aujourd'hui, on va beaucoup à la guerre avec les mots. « Moins dangereux qu'une grenade », me direz-vous. Pas tant.
Les mots sèment la haine comme ils peuvent semer l'amour. On manipule les faits avec les mots. On bâtit de faux scénarios avec les mots. On crée de fausses nouvelles avec les mots. Et la route s'ouvre vers de fausses perceptions, de faux scénarios et de fausses informations.
C'est de la manipulation.
Manipulation rendue plus accessible par les médias sociaux. Le principe est toujours le même.
Pour une raison X, je décide que Monsieur Untel n'est pas correct. Mais bon, c'est ma perception. Rien ne prouve ce que j'avance. Tant pis : je vais faire du chemin quand même. Je sème des énoncés que je répète aux oreilles qui me semblent plus attentives. Puis, je fais du renforcement en répétant mon message de façon un peu différente, glissant de faux exemples pour étayer ma théorie. Je pousse ensuite un peu plus loin en envoyant des courriels à un petit groupe d'initiés attentifs et ça se transporte lentement mais sûrement, dans l'espace public.
Subitement, ce qui n'était qu'une perception de ma part, à force d'être répété, est devenu un fait. C'est toujours le même principe : répétez que monsieur Untel est un voleur et, au bout de la course, qu'il le soit ou non, sa crédibilité sera entachée.
On peut donc faire la guerre à différentes échelles. Avec différents moyens. Une guerre qui n'a pas sa raison d'être? Possible, mais ce ne serait pas la première guerre du genre dans le monde!
Les mots peuvent intimider, blesser.
Et vous remarquerez que si monsieur Untel se défend, la réaction des gueulards sera de crier (justement!) « Si ce n'était pas vrai, il ne se défendrait pas de même! »
Dans une société où nos droits et libertés règnent, nos droits et responsabilités semblent arriver deuxièmes plus souvent qu'à leur tour.
Le remède?
Pas simple. Et très simple à la fois!
Quand le comportement ou la manière d'être d'une personne nous agace et qu'on est sur le point de lancer une guerre de mots basée sur la mauvaise foi qui veut détruire plutôt que construire, on prend un brin de courage (qui prend une autre dimension derrière un clavier) et on va jaser avec la personne concernée.
Juste ça.
La communication directe, yeux à yeux, est plus profitable que toute autre forme de communication indirecte.
La paix ne passe pas par les moyens de communication modernes. Elle passe par le contact réel entre deux humains de bonne foi.
Aucune intelligence artificielle n'arrivera jamais à la cheville d'une vraie rencontre entre deux vrais êtres qui sont en désaccord. Et les résultats sont étonnamment positifs.
Clin d'œil de la semaine
La facilité de nos communications met en lumière un problème qui existe depuis toujours, semble-t-il. Voici une citation de 1642:
« Les médisants sont toujours lâches; ils tiennent toujours leurs propos derrière les gens et, quand ils voient face à face ceux dont ils parlent, ils fuient. »
Citation de Pedro Calderón de la Barca ; À outrage secret, vengeance secrète