Bon, ben, coudonc, ça y est. Trump est président.
Le premier réflexe semble être le suivant : bon, ben, on verra. Moi, je m'occupe de mes petites affaires. On verra pour le reste.
L'erreur est là, dans ce réflexe. Un réflexe que Trump a volontairement orienté, provoqué, même. Si tout le monde a ce réflexe de repli, la voie est libre pour lui.
Dans un discours sombre, il en a appelé au repli sur soi. À la fermeture. Sur un ton froid, il a promis de redonner le pouvoir aux citoyens. Il aurait pu aussi dire : rendormez-vous, je m'occupe de tout.
Les leaders totalitaires utilisent deux armes : l'éducation et la manipulation. L'éducation au sens qu'on évite d'en donner. Moins le peuple est éduqué, plus est facile à manipuler. Et la manipulation prend un sens différent selon les contextes.
Il suffit de jeter un œil sur les travaux parlementaires américains lors desquels les sénateurs ont pu mesurer les compétences de celles et ceux qui occuperont des postes importants de secrétaire d'État. On s'aperçoit vite que Betsy DeVos, qui sera secrétaire d'État à l'Éducation, n'a aucune idée de ce dont elle parle. Mais elle est milliardaire. Elle peut donc s'occuper d'éducation. J'insère le lien suivant. Vous verrez que ce n'est pas une question d'opinion, c'est une question d'ignorance des enjeux. Elle ne peut même pas argumenter.
Le secrétaire d'État à la Protection de l'Environnement a poursuivi le ministère qu'il dirigera en prétextant que cet organisme a trop de pouvoirs. Et on croit qu'il va protéger l'environnement? Il ne croit pas, personnellement, que l'activité humaine est la cause de l'accélération des changements climatiques. Quand on lui dit que 97 % des scientifiques vont dans ce sens, il répond que d'autres débats doivent avoir lieu pour clarifier la question.
Tellement déplorable...
Sous Trump, ce qui ne convient pas n'est pas discuté. C'est tassé du revers de la main.
Il s'en est pris ouvertement et publiquement à la CIA au cours de la dernière année. Samedi, il a blâmé le travail des médias, prétextant, dans un discours prononcé devant les membres de la CIA, que tout avait été grossi par les médias. Que, finalement, leur travail était valable.
Tous des menteurs, les médias, de toute façon.
Il songe à ne plus tenir un point de presse hebdomadaire et, même, à sortir les journalistes de la Maison-Blanche.
Tous des menteurs, les journalistes. Tous des menteurs.
Trump a nommé des milliardaires autour de lui pour s'occuper de redonner le pouvoir au peuple, dit-il. Il faut détruire les élites, précise-t-il. Les remplacer serait plus juste.
Mais bon, on verra.
Mon point est le suivant : il nous appartient de demeurer éveillés et actifs. Il y a des Trump populistes qui sommeillent dans chaque coin du globe et qui misent sur notre "repli sur soi"...
Clin d'œil de la semaine
Madame DeVos veut travailler fort pour rendre l'école plus accessible. Et elle est fière de dire que son gouvernement souhaite couper dramatiquement les impôts. C'est qui l'cave ?