De retour de Charlottetown. Il y a quelques semaines. Au moment où la voiture traverse la frontière entre le Nouveau-Brunswick et le Québec, tout est tranquille dans la camionnette. Les six occupants occupent, justement, leurs pensées. La route est un peu longue, bien que la compagnie soit agréable.
Puis, un des six avance, à mi-voix : « on doit être au Québec, la route est maganée... »
Je suis généralement allergique à ceux qui chialent pour chialer... Pour tout vous dire, je péterais les plombs si j'étais condamné à endurer les propos incendiaires de certains animateurs de radio de Québec.
Mais là, étrangement, c'est comme si j'encaissais la remarque de mon collèque comme un échec presque personnel. Pourtant, je n'ai rien à voir là-dedans.
Il faut se rendre à l'évidence, on repatche les routes trois ans après les avoir refaites. Il doit y avoir un problème, non? J'ai bien voulu croire que les conditions de gel-dégel étaient particulières au Québec. J'ai même voulu croire ce reporter qui disait, il y a quelque temps, que toute la partie sud du Québec était assise sur un sol argileux. Que ces conditions de sol ne traversent pas la frontière américaine, ni l'Ontario. Ni les Maritimes. Bref, des conditions uniques au secteur et qui font en sorte qu'on ne peut construire en prévoyant les mouvements du sol.
Bâties sur du mou, nos routes, qu'il disait.
Vraiment?
Ce n'est rien pour calmer une colère qui grande en moi. L'autoroute entre Sherbrooke et Montréal est une planche à laver dont l'état est plus triste qu'un dimanche de novembre mouilleux.
J'entends les politiciens nous dire que tout a toujours été fait dans les règles de l'art au Ministère des Transports. Le pire, c'est que je les crois! Parce que ce sont les règles de l'art qui sont en cause, visiblement! Quelque chose dans le système ne va pas. Ou va trop aisément! Il se remplit plus de poches que de nids de poule, je crois bien...
C'est en revenant de Charlottetown que j'ai réalisé que cette colère qui gronde allait gronder longtemps. Sourde, d'abord, mais probablement de plus en plus audible au fil du temps.
Et quand j'entends notre premier ministre dire qu'il ne faut pas agir sur un coup de tête, qu'il faut réfléchir à tout ça, j'ai le goût d'exploser! Gagner du temps en prétendant peser le pour et le contre de quelque chose qu'il connaît depuis deux ans? Ce n'est pas bien de rire des gens comme ça.
Quand le pont Champlain tombera, que d'autres viaducs céderont, qu'il y aura d'autres morts, peut-être, à ce moment, réagira-t-on?
Pendant que Stephen Harper astique les photos de la Reine qu'il vénère et que Jean Charest vend un Plan Nord théorique en Europe, ici, le système d'obtention de contrats continue de fonctionner, semble-t-il. Et ce système a dû être bien construit. Rien ni personne au gouvernement n'arrive à le faire tomber.
Dommage que ces monteurs de systèmes ne s'appliquent pas mieux dans leurs travaux et dans le respect de leurs devis...
Le plat de bonbons est toujours là, au centre de la table publique. Et ce ne sont pas ceux qui consomment qui ont mal au cœur. Ce sont ceux qui paient pour le remplir constamment. Et qui ne voient pas la fin de l'exercice...
Clin d'œil de la semaine
Le système en place a l'air de se conduire tout seul. Pas très utile d'avoir les mains sur le volant si celui-ci ne contrôle pas le bolide...