Nous sommes généralement tannés de la politique. Nous ne croyons pas trop en nos politiciens.
Il faut dire qu'ils ont travaillé fort pour que nous en arrivions là. Le scandale des commandites aura été la goutte qui aura fait déborder un vase pas mal plein. Les Libéraux fédéraux en seront à leur quatrième chef depuis l'éclatement du scandale et ils subissent encore les contrecoups de cet épisode sombre.
Quand on patauge dans une pareille choucroute d'incrédulité et de dégoût, on en vient à se chercher des modèles nouveaux. Des gens qui arriveraient avec une vision neuve, des idées novatrices, des manières de faire transparentes, bref, un nouveau type de politicien.
Quand j'ai vu arriver Régis Labeaume, le maire de Québec, je me suis dit qu'il était peut-être un genre de nouveau modèle intéressant. Il avait une façon de voir qui était rafraîchissante, n'avait pas la langue de bois et était charismatique à l'écran et au micro. Autre point qui militait en sa faveur: il ne semblait pas lié à un des grands partis provinciaux ou fédéraux.
On tenait peut-être le bon gars...
Et quand il a semé le rêve du retour des Nordiques, je me suis emballé. Pas que je sois un partisan de cette équipe, loin de là, mais j'aimais bien la rivalité Montréal-Québec. Et on aura beau proposer des séries de hockey confrontant les deux villes dans un cadre de simili téléréalité, rien n'y fera: les grandes rivalités se situent dans les grandes ligues.
Revenons donc au phénomène Labeaume. Il est arrivé en force avec cette fougue qui a replacé les fêtes du 400e anniversaire de la ville du Québec sur les rails de la réussite en remplaçant, visiblement fort habilement, le directeur général en poste par un nouveau mieux qualifié.
Voilà: une étoile politique était née. Il ne restait qu'à voir espérer plus.
L'étoile est devenue une star des médias. Il n'hésitait pas à lancer des idées, des concepts et des projets. Tous azimuts, les projets. Il a même réussi à embarquer Jean Charest dans l'aventure du nouveau Colisée. L'entente du financement public a été scellée par une accolade chaleureuse entre le premier ministre et le Maire. La coupe arrivait à Québec le lendemain, me semblait-il.
Dans l'émoi général, des deniers publics ont été investis. Un partenariat discutable est survenu entre Quebecor/Videotron et la ville de Québec. Outrepasser les règles d'appels d'offres devenait un détail mineur. Labeaume était devenu propriétaire unique d'un Colisée qu'il allait développer lui-même. Seul bémol, il investit avec l'argent des autres. Et envoie paître quiconque ose lui poser une simple question. Le roi Labeaume trône, qu'on se tasse!
La brise rafraîchissante est devenue un vent cinglant. Faire les choses autrement ne veut pas dire bafouer la démocratie. Agir avec vigueur et entrain ne signifie pas qu'on peut tout faire parce qu'on croit que c'est juste et bon pour sa ville. D'ailleurs, le simple fait de parler de sa ville à outrance inspire la méfiance.
La démocratie vit du nous. Pas du je.
La joute n'est pas terminée. Mais je m'inquiète de cette loi qui protègerait contre d'éventuelles poursuites. On verra la troisième période du match bientôt.
D'ici là, pour un gars qui rêve de hockey de haut niveau, je trouve que Labeaume fait résolument junior. Et je n'aime pas trop sa façon d'interpréter les règlements.
Ça annonce drôle...
Clin d'oeil de la semaine
Régis Labeaume souhaite une franchise de la LNH. Moi, je souhaite de la franchise dans l'évolution du dossier.