Le goût de prendre une bière avec Jack Layton : voilà ce qui revenait le plus souvent dans la bouche des Québécois. Plusieurs ont transformé cette envie en vote. Ils ne pensaient pas qu'une simple bière provoquerait un si important mal de bloc...
Comme le ti-cul qui ne voulait qu'affirmer sa présence en allumant un petit feu, les Québécois ont figé devant l'ampleur de l'incendie. Suivez-moi bien. Je ne dis pas que l'élection de députés inexpérimentés (et élus involontairement, dans certains cas...) constitue un drame. Je décris simplement l'humeur ressentie chez les électeurs.
Dans Sherbrooke, Pierre-Luc Dusseault est un jeune théoricien de la politique. Très jeune. Au moins, on pourra afficher un record sur notre tableau électoral. Mais le fruit n'est pas mûr. Quand il dit que les électeurs l'ont choisi parce qu'ils croyaient en lui, il pousse sa chance pas mal fort! C'est faux, pour être précis. Ou encore, quand il prétend qu'il connaît bien les dossiers internationaux et régionaux, il se met une pression indue et inutile. Remarquez, cela ne signifie pas qu'il ne sera pas bon. Cela veut juste dire que ses déclarations sont celles d'un universitaire en fin de session qui s'accote sur ses fraîches notions pour répondre aux questions. Ce n'est pas malin, c'est même bénin. Mais c'est junior. Et normal qu'il en soit ainsi. Et à l'autre extrémité, quand j'entends que ce sera peut-être un futur premier ministre, je dis calmez-vous! Il a assez de pression comme ça, le jeune homme!
L'histoire de Sherbrooke est marquée d'exploits intéressants en lien avec la politique. Gérard Gosselin a été élu, contre toute attente, en 1976, lors du déferlement de la vague péquiste menée par René Lévesque. En 1984, un jeune rouquin sympathique faisait partie de l'équipe Mulroney. Jean Charest en a fait du chemin, depuis! Laissons au temps le temps de prendre son temps pour juger de la carrière de notre jeune recrue.
Tout cela étant dit, la gestion d'un bureau de comté comme celui de Sherbrooke revêt des particularités qu'il ne faut pas méconnaître. Sherbrooke demeure un très important pôle d'attraction quand il est question d'immigration. Ces gens-là se sentaient appuyés par le bureau de Serge Cardin. Idem pour des centaines de citoyens qui avaient à frayer avec les lourdeurs systémiques du palier fédéral. Quand des électeurs prétendent que le rôle d'un bureau de comté se limite à recevoir et acheminer des demandes de passeport, ils ne se basent que sur leur propre expérience et ne tiennent aucunement compte du fait qu'il y a d'autres personnes qui vivent auprès d'eux. Avec des réalités différentes.
Bien au-delà des opinions politiques, il y a la prestation de service offerte par le personnel du bureau de Serge Cardin. Là-dessus, chapeau. Simplement. Cette équipe laisse, sur le petit tapis Bienvenue du bureau, de bien grandes chaussures. Il faut en être conscient. On s'éloigne brusquement de l'originale aventure de travail de fin de session. Je ne dis pas que Pierre-Luc Dusseault ne réussira pas. Je dis juste que l'humilité devra être au rendez-vous. Et pas à peu près.
Autre élément en lien avec l'élection du 2 mai dernier. Pour moi, en tous les cas... Je n'ai pas allumé le téléviseur de toute la soirée. Mon ordinateur a fait tout le travail. Mais ce n'est pas ça qui fait histoire. C'est plutôt le rôle des médias sociaux dans les jours qui ont précédé l'élection. Un intérêt qui prenait de l'ampleur par le simple effet de l'expression, à chaud, des sentiments en lien avec la campagne. Puis, le soir même, le fabuleux exutoire qu'a constitué le suivi de la diffusion des résultats, alors que les commentaires arrivaient de partout, en temps réel, au gré des états d'âme. Je sentais, subitement, un intérêt. Celui qui était absent depuis au moins 20 ans, il me semble. Et ça, ça m'a plu!
Au centre du ring politique, les droites et les gauches pleuvront. Les coups seront parfois utiles, parfois inutiles. Notre rôle sera de continuer à influencer l'issue du combat par nos appuis à l'un et l'autre. On n'en est qu'au premier round. Le combat n'est pas gagné. Il commence.
Clin d'œil de la semaine
Pierre-Luc Dusseault vient de recevoir une des plus importantes bourses d'études jamais accordée...