Il y a deux côtés à une médaille.
Il faut marcher un kilomètre dans les souliers de quelqu'un d'autre
avant de le juger.
Deux phrases qui ont bercé ma jeunesse. Un rappel au fait que
tout est relatif. Que le jugement facile et immédiat est souvent mauvais
conseiller. Que le fait d'accuser quelqu'un de quelque chose, surtout sans
savoir, est inopportun et souvent blessant. Et que de blesser quelqu'un, c'est
mal...
Ce bel enseignement semble bien moyenâgeux quand je constate
ce qui se passe sur les médias sociaux en cette campagne électorale. Internet
est capable du meilleur. Et du pire.
Je vous parle d'abord du pire. Je terminerai avec le
meilleur.
On blâme les politiciens de toujours sortir la cassette. Une
façon de déplorer qu'ils sortent toujours les mêmes affaires, course électorale
après course électorale. Le reproche est justifié, tous partis confondus. Mais
l'utilisation des médias sociaux par les électeurs lève souvent le cœur. Là
aussi, la cassette est ressortie! La même qu'il y a 18 mois. Les insultes
fusent, les arguments demeurent cachés.
À coups de courtes vidéos prises souvent hors contexte, à
coups de déclarations de politiciens et de personnalités publiques tout aussi
dépouillées de leur contexte, on insulte. On injurie celle ou celui qui ne
pense pas comme soi. L'important n'est pas de faire valoir un point de vue,
c'est de planter l'autre. Par exemple, je partage une phrase assassine sur mon
Facebook sans émettre de commentaire. La phrase est blessante, mais, je me
cache derrière le fait que « Moi, j'ai rien dit, j'ai juste partagé un
statut. » Cette semaine seulement, j'en ai répertorié une trentaine. Et je
ne suis pas allé beaucoup sur les médias sociaux. On parle d'un phénomène. Un
phénomène poche, cela dit.
Quand on n'a pas d'arguments, on frappe. L'insulte est
l'argument de celui qui n'en a pas. Le mépris est l'arme du faible qui n'a
jamais pris deux minutes pour aligner sa pensée, mais qui se réclame d'une
idéologie X ou Y. Et, puisque ces
lettres sont évoquées, le fait d'appartenir à la génération X, Y ou boomer ne
change rien à la responsabilité de chacun quant à l'utilisation des mots et des
propos sur le Web en général.
Je l'ai souvent dit. La charte des droits et libertés aurait
dû être complétée d'une charte des devoirs et responsabilités.
Le pire, donc, ce ne sont pas les médias sociaux. Ce sont
ceux qui les utilisent en se croyant les rois d'un monde virtuel où il suffit,
pour faire valoir une option quelconque, d'insulter l'autre avec cette absence de
courage qui serait pourtant nécessaire si les propos étaient dits droit dans
les yeux de l'autre.
Pour éviter ce « pire », je me soustrais de plus
en plus aux commentaires de celles et ceux (tiens, tiens, il y a plus de
« ceux »...) qui utilisent cette arme. Répondre viendrait encourager la
chose.
Mais, sur le Web, il y a aussi le meilleur...
La grande toile qu'est Internet brise les frontières,
démocratise et permet de mettre en valeur des actions et des initiatives riches
et heureuses. Celles-ci ont une chose en commun : les faire connaître
aurait été difficile, voire impossible, sans le Web.
Je pense à la musique. Entre autres. Il y a de plus en plus
d'artistes qui réussissent à faire connaître leur œuvre, leur talent sans avoir
à passer à travers le modèle tout puissant de l'Académie et de la Voix. Pas que
cela soit mauvais en soi. Mais que ce soit Le chemin vers une forme de réussite
m'a toujours beaucoup dérangé.
Je pourrais nommer, rapidement, une trentaine d'artistes que
j'ai connus par le biais de routes moins conventionnelles. Des artistes dont
j'ai apprécié l'œuvre et le talent. Je serais un peu plus pauvre de ne pas les
connaître.
Voilà un des aspects du meilleur du Web. Un aspect qui fait
en sorte qu'un duo sherbrookois comme Guajira fait écouter sa musique à travers
le monde et lance un deuxième album complet ces jours-ci. Et des exemples comme
celui-là, il y en a!
Il y a toujours deux côtés à une médaille. Le pire côtoie
souvent le meilleur, même s'ils ne s'entendent pas.
Le filtre est au clavier. Et je vais dorénavant filtrer de
façon plus serrée.
Clin d'œil de la
semaine
« Je crois à ceci parce que je crois que cela devrait
nous amener là-bas et que je crois que c'est souhaitable. Voici
pourquoi... » Voilà une phrase qui serait de la musique à mes oreilles en
cette période électorale.