Rien de change par le haut dans nos systèmes politiques, sociaux et économiques. Rien.
Je prends à témoin Barack Obama qui a fait plusieurs interventions solides après des fusillades aux États-Unis lors de ses deux mandats. Jamais il n'a pu écorcher le vernis luisant de la NRA (la National Riffle Association). Obama avait ému la majorité des gens aux États-Unis, mais les colonnes du temple ne sont pas émotives. Elles tiennent sur une majorité d'élus qui eux sont ballottés sur l'océan des lobbys.
Des artistes ont crié, chanté, dansé leur colère. Rien n'y a fait.
Les États-Unis, au nom des droits civils fondamentaux, deviendront les États-militarisés-Unis d'Amérique. Les élèves des écoles verront peut-être un jour leur professeur armé et prêt à tirer sur quiconque menacera leur sécurité. Ils croiseront ce prof après avoir franchi trois ou quatre guérites de détection de métal.
Ils apprendront la méfiance du voisin, consolideront l'héritage haineux de leurs parents, héritage basé sur le fait que si, en plus, ton voisin est différent de toi, il est donc dangereux. Ils apprendront la violence et l'intolérance en même temps qu'ils apprendront à écrire. Et ils chanteront l'hymne national deux fois par jour pour bien galvaniser leur esprit.
Dans les pays industrialisés, il y a une détresse palpable dans une grande proportion de la population. C'est pareil aux États-Unis. La détresse est d'abord économique et prend tous les visages et virages ensuite. Plusieurs de ces personnes ont voté pour Trump. Ils ont cru en sa promesse de ramener les choses comme elles étaient dans les années '50 et '60.
Le doux temps où tous les espoirs étaient permis...
Parce que tout est là : il y a une grande panne d'espoir aux É.-U. Et Trump est le plus désespérant des présidents américains des cent dernières années!
Tenons ceci pour acquis : le changement ne viendra jamais par le haut. Il viendra de la base.
Et là, il y a de l'espoir! L'espoir qui émane de ces centaines de jeunes qui sont devenus des milliers rapidement. Des jeunes très articulés qui ont gueulé leur colère sans utiliser de langue de bois. Des jeunes qui ont commencé une vague. Une vague qui trouve écho un peu partout sur la planète.
Entre une vague de la sorte et la possibilité qu'un président innovant et bienveillant vienne casser le deuxième amendement de la constitution, je mise toutes mes billes sur la vague.
L'air de rien, à toujours attendre après le chef de parti qui changera tout en notre nom, on n'avance à rien. Rien ne se passe ni ne se passera de cette façon.
Il nous faut réapprendre à nous regrouper. À dire les choses. À s'impliquer un peu plus. À faire connaître notre colère, notre désarroi. Regardez bien la prochaine campagne électorale du Québec : une série de cassettes avec des messages prémâchés et répétés ad nauseam. Ce sera cela. Et ils moduleront leur message sur ce qu'ils ont comme perception de ce que l'électeur veut entendre. Ce n'est pas une dynamique compliquée! Il n'y a qu'un signal provenant de la base pour venir modifier les choses.
Aux États-Unis, l'espoir prend forme dans des manifestations de jeunes visiblement plus articulés que le président lui-même. C'est un espoir mince. Mais c'est de l'espoir quand même!
Cette chronique n'est pas un appel à la manifestation. C'est un appel à la mobilisation. Juste crever notre petite bulle si confortable pour s'intéresser aux enjeux sociaux, économiques et politiques.
Juste avant que l'espoir ne s'allume plus dans les yeux de nos jeunes parce que la pression de performer et de gagner assez de sous pour être un vrai consommateur.
Ce n'est pas tant une question de gun. C'est d'abord une affaire d'espoir.
Clin d'œil de la semaine
Lu cette semaine : la tuerie a été faite par un musulman? On bloque les frontières. Par un noir? On ajoute des prisons et des policiers. Par un hispanophone? On bâtit un mur. Par un blanc? On envoie pensées et prières...