Parfois, on a l'impression que l'histoire bégaie. C'est du moins
l'impression qui se dégage dans la foulée de l'annonce de coupes budgétaires de
125 millions de dollars et de la suppression de 800 emplois à
Radio-Canada. La présidente de Radio-Canada/CBC, madame Catherine Tait, joue le
jeu des conservateurs de Pierre Poilièvre qui se fait une gloire de répéter
qu'il abolira CBC en laissant Radio-Canada sur le respirateur artificiel.
Par le passé, j'ai déjà été associé à une lutte contre le
gouvernement Harper pour défendre Radio-Canada/CBC et je n'hésiterai pas un
seul instant à retourner dans la rue pour appuyer notre réseau public. Il est
vrai que cette fois le contexte dans lequel ces compressions sont annoncées est
fort différent. Ce sont tous les médias qui sont en crise. La concurrence
impitoyable des grands réseaux sociaux et les habitudes d'écoute des jeunes
notamment sont à la source de cette crise structurelle des médias au Canada. La
Société Radio-Canada et CBC n'échappe pas à ce contexte. Tentons de réfléchir
ensemble à cette question.
Le contexte défavorable...
Ce n'est pas que Radio-Canada et CBC qu'il faut défendre
aujourd'hui, mais l'ensemble de l'écosystème des médias canadiens. Nous pouvons
voir les effets dévastateurs des pertes publicitaires pour nos médias et la
baisse de l'affluence de leurs auditoires partout au Québec et au Canada. Les
nouvelles habitudes d'écoute par le streaming, la désaffection des gens
pour la télévision câblée, l'idée que l'information doit être gratuite, le
désir de plusieurs à devenir eux-mêmes des médias sont autant de phénomènes qui
expliquent la désaffection de la population, surtout des moins de 40 ans,
à l'égard des médias canadiens. Rappelons que les mises à pied massives à TVA,
à CTV, dans la presse écrite et la fermeture de nombreux quotidiens au cours
des dernières années témoignent de l'ampleur de la crise. Les gouvernements et
la population doivent agir. Les gouvernements ne peuvent tout simplement se
contenter de l'inaction, il y en va de la survie de la culture canadienne et de
la culture québécoise. La démocratie est aussi à risque avec la disparition
lente, mais irrémédiable de l'information au profit de la chronique et des
théories du complot sur les réseaux sociaux. Nous ne pouvons rester les bras
croisés à ne rien faire. Il faut agir et agir rapidement.
Nous les citoyens avons aussi un rôle à jouer en consommant les
médias et l'information qui est produite. Il faut se rappeler que l'information
a un prix et qu'il nous faut la payer. Nous ne pouvons pas penser que
l'information gratuite est possible. Les réseaux sociaux semblent gratuits, ne
le sont pas. Il faut se le rappeler, chaque fois que nous consommons quelque
chose de gratuit, il faut se dire que c'est nous le produit. Les grands réseaux
sociaux font leur argent en vendant nos habitudes de consommation à des
annonceurs qui veulent notre argent.
Il faut préserver notre réseau public
Je l'ai dit d'emblée, il faut défendre tous nos médias et défendre
l'écosystème médiatique canadien, tant le privé que le public. Néanmoins, il
faut défendre avec une vigueur toute particulière notre réseau public non
seulement au Québec, mais aussi au Canada. Il ne faut pas acheter la rhétorique
de celles et ceux qui veulent faire un débat sur les coupes annoncées à
Radio-Canada et CBC comme une lutte entre CBC et Radio-Canada. Si Radio-Canada
est essentielle à la culture québécoise, CBC ne l'est pas moins pour le Canada afin
d'éviter la complète américanisation du Canada. Je sais, les cotes d'écoute de
CBC sont faibles face aux puissants réseaux américains, mais il ne faut pas
jeter le bébé avec l'eau du bain, il faut redoubler d'effort pour offrir une
programmation qui pourra infléchir ces courbes. Au Canada, les adversaires du
réseau public argumentent sur la faiblesse des cotes d'écoute alors qu'au
Québec, ils opinent plutôt pour parler d'une concurrence déloyale envers les
réseaux privés. Le fin du fin c'est de diminuer notre réseau public canadien. Cela
nous ne devons pas l'accepter. Ce réseau coûte 39 $ par citoyen ce qui est
bien peu comparativement aux sommes versées en France, en Angleterre ou en
Belgique. Nous devons faire pression sur notre gouvernement canadien et les
gouvernements des provinces pour que l'on défende notre réseau public.
Un avenir plein de défis pour Radio-Canada/CBC
La question de l'avenir de
Radio-Canada, en particulier de sa programmation et de ses services en
français, est vaste et implique plusieurs facteurs. Ces facteurs peuvent
inclure les tendances en matière de consommation de médias, les changements
démographiques, les avancées technologiques, ainsi que les politiques
gouvernementales en matière de financement et de réglementation des médias. L'évolution
de la façon dont les gens consomment les médias influence directement les
opérations de Radio-Canada.
Avec la montée en puissance des
plateformes de streaming et des médias sociaux, Radio-Canada pourrait
continuer à adapter ses contenus pour ces formats, tout en maintenant sa
présence sur les canaux traditionnels comme la télévision et la radio. La
diversité croissante du Canada, notamment dans les régions francophones,
pourrait inciter Radio-Canada à produire du contenu plus varié pour refléter
cette diversité. Cela pourrait inclure des émissions axées sur différentes
cultures et différentes communautés au sein de la francophonie canadienne.
L'adoption de nouvelles technologies
et l'innovation dans la diffusion de contenu sont essentielles pour que la SRC reste
pertinente dans un environnement médiatique en constante évolution. Cela
pourrait signifier l'investissement dans de nouvelles technologies de diffusion
et la création de contenu interactif ou immersif. Les décisions
gouvernementales concernant le financement et la réglementation des médias
publics auront un impact majeur sur l'avenir de Radio-Canada. Un financement
stable et suffisant est crucial pour que Radio-Canada puisse continuer à
produire du contenu de qualité en français. Les collaborations avec d'autres
entités médiatiques, tant au plan national qu'international, pourraient être
une stratégie clé pour Radio-Canada. Ces partenariats permettraient d'aider à
élargir la portée et la diversité du contenu disponible pour le public
francophone.
En résumé, l'avenir de Radio-Canada en
français dépendra de sa capacité à s'adapter aux tendances changeantes de la
consommation des médias, à refléter la diversité croissante du Canada, à
intégrer de nouvelles technologies, et à naviguer dans le paysage politique et
financier des médias publics.
Ce qui est vrai pour Radio-Canada est
aussi vrai pour CBC avec des variantes. L'avenir de CBC (Canadian Broadcasting
Corporation), la version anglophone de Radio-Canada, est également influencé
par plusieurs facteurs clés similaires à ceux de sa contrepartie francophone.
Voici quelques éléments à considérer pour l'avenir de CBC : Le Canada est un pays très diversifié,
et cette diversité doit être reflétée dans le contenu de CBC. Cela signifie non
seulement représenter une variété de cultures et de perspectives au sein du
Canada, mais aussi produire du contenu qui aborde des sujets pertinents pour un
public diversifié. Pour rester pertinente auprès de son public diversifié à
travers le Canada, CBC doit continuer à investir dans la programmation locale
et régionale, en plus de son offre nationale.
Radio-Canada ou CBC même combat. Il faut nous
porter à la défense de notre réseau public tant au Québec qu'au Canada, revoir
sa mission, offrir une programmation adaptée à leurs auditoires respectifs.
Radio-Canada et CBC, plutôt qu'être un objet de discorde devrait être un lieu
d'unité du Canada dans sa diversité et ses différences. Gouvernement Harper ou
gouvernement Trudeau, c'est du pareil au même pour Radio-Canada et CBC. Et
Rebelotte...