Des fois, je voudrais faire semblant. Je veux dire, juste me
concentrer sur mon petit quotidien, me rassurer au passage pour me dire que,
somme toute, ça va bien et que je peux bien continuer de cette façon pour un bon
bout!
Des fois, je me dis que le simple fait de me mêler de mes
petites affaires est suffisant en soi. Qu'il ne devrait pas y avoir de gêne à
me replier au mieux sur moi-même !
Ce qu'on fait quand même pas mal, il faut bien dire!
Des fois, j'ai le goût de me réfugier dans cette pensée
magique qui dicte que, de toute façon, quoi que je dise et quoi que je fasse,
un politicien restera un politicien et que rien ne changera jamais.
Des fois, j'ai le goût de me réfugier dans des phrases
toutes faites et tellement pratiques, du genre : « Tu sais, là où il
y a de l'homme, il y a de l'hommerie! » Exactement le genre de phrase qui
apporte une certaine couleur à la discussion et qui nous fait passer pour des
gens allumés, mais qui, de façon élégante, vient nous déculpabiliser. De nous
conforter dans le fait qu'on ne peut rien faire, de toute façon.
Il y a de ces phrases magiques qui déculpabilisent d'un
coup, avec, en prime, un sourire amusé des gens qui écoutent autour. Du genre.
« Je sais que c'est un vol à l'étalage que j'ai fait. Mais c'est une
grande surface et j'ai pour principe que de voler un voleur, ce n'est pas
vraiment voler! »
Pourtant, une petite voix me répète que je ne peux pas que
laisser passer le train. Une petite voix qui me rappelle que le vent souffle
dans mon univers personnel. Le climat change. Il y a de plus en plus de gens
laissés derrière, sans logis, sans dignité. Il y a de plus en plus de solitude
dans notre société dite organisée. Je peux bien faire semblant que ce vent-là
ne souffle pas, mais le fait est qu'il vente pareil!
D'où le dilemme : il va venter pareil, que je m'en
occupe ou pas. Alors, qu'est-ce que ça change?
Ça change que si j'en suis conscient, je peux minimalement
prendre certains moyens pour éviter le pire. Je peux être minimalement proactif
dans ma propre communauté. Dans mon propre environnement.
Et c'est là le point central de ma réflexion : comme on
s'embarque dans une suite d'élections au niveau municipal, provincial et
fédéral dans les 24 prochains mois, est-ce que je me pose au moins la question
en titre de cette chronique, soit : et moi, je m'attends à quoi?
Je veux dire, je souhaite quoi, moi, comme société?
Je m'oppose assez facilement à toutes sortes de politiques,
mais est-ce que je me suis seulement demandé, quelques fois, ce qui serait
souhaitable pour cette société?
Le fameux « me semble que celle-là ou celui-ci a l'air
pas pire » ne suffit plus. Pas plus que de se fier uniquement au meilleur
slogan... Comme si tel candidat ou telle candidate allait tout régler par sa
seule présence.
Je constate que bien des gens s'intéressent encore
activement à la politique. J'en suis un peu rassuré. Mais je regarde tout
autour et j'ai cette impression que nous sommes devenus des spécialistes de
l'opposition. Jusqu'à croire que le simple fait de s'opposer est suffisant, à
la fin.
Mettre des idées en opposition, c'est valable. Mais
s'opposer pour s'opposer, c'est stérile. C'est en les brassant et en les disant
à voix haute que les idées prennent une forme qui appelle au consensus.
D'où notre responsabilité de s'éloigner du fait que, dans
bien des cas, l'insulte devient un argument!
Le rôle de l'opposition est important.
Mais si la majorité des électeurs est toujours en mode
opposition, on n'arrivera à rien de bien bon.
Je vous le disais d'entrée de jeu : des fois, je trouve
que ce serait plus simple de ne pas m'occuper de tout ça.
Mais il y a cette petite voix qui me dit d'y penser à deux
fois!
Une petite voix qui a tout intérêt à ne pas s'éteindre, je
dirais.
Clin d'œil de la semaine
On devrait écouter un peu plus notre petite voix et pas mal
moins les voix trop fortes des médias sociaux...