Les dés sont jetés. Il y aura élection au Canada le 19
octobre prochain. Il n'y a guère de surprise puisque cette élection est à date
fixe. Le lapin dans le chapeau c'est la durée de la campagne électorale.
Stephen Harper, jamais à court de subterfuges, a trouvé une
nouvelle parade. Des élections inutilement longues qui permettront à son parti
de profiter pleinement de sa richesse. On le sait les conservateurs, devrais-je
dire, les réformistes, ont modifié les lois électorales tant et aussi bien
qu'aujourd'hui ils sont beaucoup plus riches que ses opposants. La stratégie du
« bully » dans la cour d'école se poursuit.
J'ai déjà reconnu dans le cadre de cette chronique le grand
talent de stratège politique de Stephen Harper. Celui-ci se sent investi de la
mission de changer le Canada. Son ennemi à abattre c'est l'État libéral de
gauche instauré par les libéraux pendant ses longues années de pouvoir depuis
le début du 19e siècle. Sa méthode c'est de le combattre au mépris
de nos institutions que ce soit le Parlement, la Cour Suprême ou encore tous
les organismes fédéraux qui comptent et dénombrent comme Statistiques Canada ou
les scientifiques employés par le gouvernement fédéral.
Début de marathon électoral... C'est parti!
L'État du pays
Il
est de bon aloi au moment de se choisir un gouvernement de se demander si le
Canada est aujourd'hui en meilleure posture qu'au moment de l'élection du
premier gouvernement de Stephen Harper. La réponse à cette question est
multiple. Cela tient à la fois aux valeurs de celui qui pose le jugement et à
ses croyances. Néanmoins, il y a des indicateurs qui ne mentent pas.
Quand l'économie vacille...
Sur
le plan économique, le gouvernement Harper déclenche des élections à un moment
où tous les économistes sérieux affirment que l'économie canadienne traverse sa
période la plus difficile depuis 2009. Ce n'est pas moi qui l'affirme, mais le
Conference Board du Canada qui nous informe que le Canada vit sur le plan
économique sa pire performance depuis 2009, ce qui l'amène à revoir sa
prévision de croissance pour 2015. Le taux de croissance prévu perd trois
dixièmes, passant de 1,9 % à 1,6 %. Bien entendu, ce qui est en cause
c'est la chute des cours du pétrole. On constate que l'économie canadienne a
frôlé la récession. Au Mouvement Desjardins, on prévoit aussi une baisse du
taux de croissance et une reprise très lente. Cela après que la Banque du
Canada a abaissé son taux directeur et refusé de prononcer les mots de
récession économique.
Une planète en danger
Si
la stratégie toute au pétrole du gouvernement Harper ne donne plus de résultats
probants sur l'économie canadienne, elle est encore un caillou dans notre
soulier sur le plan de notre image à l'international. Le Canada fait figure du
pire pays dans le cadre de la lutte aux changements climatiques. Alors que les négociations
en vue de la tenue de la Conférence de Paris sont en cours, le gouvernement de
Stephen Harper continue de se comporter comme le pire élève de la classe et
pourtant les effets délétères des changements climatiques sont aujourd'hui fort
bien connus. Notre petite planète souffre de plus en plus. De larges
populations sont touchées un peu partout sur la terre et le gouvernement de
Stephen Harper poursuit sa politique du tout au pétrole. Avec le gouvernement
Harper, la survie de la planète est en danger par son inaction crasse.
Une démocratie aux abois
Sur
le plan démocratique, le Canada de Stephen Harper est de moins en moins une
démocratie. Jamais un gouvernement n'aura autant bafoué nos institutions
démocratiques que ce soit notre Parlement, la Cour Suprême, le Directeur
général des élections, le Vérificateur général, le Directeur du budget. Le
gouvernement de Stephen Harper a sciemment bafoué toutes nos institutions. Il
est en train d'abolir le Sénat illégalement par un stratagème illégal au mépris
des droits des provinces.
Les
façons de faire du gouvernement Harper quant à cette prochaine élection en
disent long sur la personnalité de ce gouvernement. Miser sur la richesse de
son parti et sur l'écœurement des électeurs pour parvenir à obtenir une
nouvelle majorité à la Chambre des Communes est l'équivalent de la pratique de
la terre brûlée sur le plan démocratique. Déjà que pour bon nombre d'électeurs
la démocratie est un mal nécessaire. Ce n'est pas avec une campagne électorale
de 79 jours lancée en plein été que le gouvernement Harper pourra apporter une
contribution utile à notre revitalisation démocratique.
Une politique étrangère guerrière
S'il
y a un sujet pour lequel le gouvernement de Stephen Harper a vraiment réussi à
transformer le visage du Canada à la face du monde c'est bien en matière de
politique étrangère. Jamais avant la venue du gouvernement Harper, l'image
canadienne n'aura été aussi amochée. Nous sommes passés de pays médiateur de Casques
bleus à une nation guerrière qui joue son va-tout en guerre en portant bien
haut le drapeau israélien.
Par
sa politique guerrière, le gouvernement de Stephen Harper a fait du Canada une
cible pour les terroristes de l'État islamique et a rompu avec la tradition de
gardien de la paix que nous avait inoculée Lester B. Pearson, prix Nobel de la
paix et ancien premier ministre du Canada.
Outre
cette volonté de jouer dans les cours des grandes nations combattantes avec nos
maigres moyens, le gouvernement Harper a dénaturé toute la politique
humanitaire canadienne patiemment tissée par l'ACDI et nos centaines
d'organismes humanitaires sans but lucratif. Un véritable gâchis...
Une société mal en point
Avec
le gouvernement de Stephen Harper, nous ne pourrions être plus éloignés du
concept de « société juste » sur lequel avait fait campagne Pierre
Elliott Trudeau en 1968. Ce gouvernement a coupé comme nul autre dans les
programmes sociaux notamment en matière d'assurance-emploi, réduisant ainsi les
travailleurs saisonniers à l'assistance sociale. Le refus d'augmenter les
transferts fédéraux en matière de santé en laissant seules les provinces se
démerder avec les besoins toujours en augmentation en est une autre solide
preuve. Ajoutons, les lois régressives en matière criminelle qui ne font
qu'augmenter les coûts des pénitenciers sous la responsabilité des provinces.
La liste pourrait être encore longue...
La nation du Québec
S'il
est vrai que c'est sous un gouvernement Harper que le Québec a été reconnu
comme une nation, on doit constater que ce concept est demeuré une coquille
vide. Non seulement les droits du Québec n'ont pas avancé d'un pas sous le
gouvernement Harper depuis Meech, mais en plus ce gouvernement, comme d'autres
avant lui, a tenté d'empiéter sur nos acquis notamment en matière du secteur
des valeurs mobilières. Nous sommes mal en point comme québécois avec ce gouvernement
réformiste de Stephen Harper.
À
bien y penser, une campagne électorale longue n'est pas si mal. Elle sera
parfaite pour faire le bilan du pire gouvernement de l'histoire du Canada. Amis
citoyens de tout le pays, donnons-nous le mot et faisons le bilan de ce gâchis
sans nom que représente le gouvernement Harper pour notre pays. Documentons et
discutons du bilan du gouvernement Harper. Faisons le tour du Canada en 80
jours...