Je vous ai déjà parlé de Robert Milot, mon professeur d'histoire au secondaire. Un être à part. Une sorte d'autodidacte à la soif de connaissance inépuisable et à la passion inextinguible. J'en parlais, cette semaine, avec des amis. De Monsieur Milot et, surtout, de l'importance des cours d'histoire.
« Bof, t'sais, on a tous passé nos cours d'histoire et personne ne se souvient du bourrage de crâne des dates... De toute façon, ça me servirait à quoi dans ma vie de tous les jours, dans mon travail ? »
La réponse de mon interlocuteur est venue comme cela, du tac au tac, sans grande réflexion. Et, rapidement, la conversation a dévié au profit de l'arrivée de Price et Weber dans l'alignement du Canadien.
Mais sujet évacué ne veut pas dire sujet réglé.
Je retiens deux choses de la réponse de mon ami.
Primo, que le bourrage de crâne avec une panoplie de dates n'est pas très utile. J'en suis. Je me souviens des astuces que je m'inventais pour me rappeler des dates des conquêtes, des guerres, des attentats célèbres et tout. Bien qu'efficace, la technique ne garantissait le succès de l'exercice que pour le nombre d'heures nécessaires à compléter l'examen.
Mais au-delà des dates, il y a la compréhension. Compréhension des enjeux. Compréhension de la diversité. Compréhension des différentes cultures. Compréhension de la dynamique entre les nations.
Comprendre les enjeux, ça nous sert chaque jour. C'est faire des choix en fonction d'une analyse. Ça nous guide dans nos moindres gestes. Comprendre la diversité et la dynamique des cultures ouvre les esprits et fait reculer les préjugés gratuits. Comprendre la dynamique d'une société fait prendre conscience qu'on en fait partie, qu'on a un rôle à y jouer.
L'apprentissage de l'histoire par le biais de la compréhension des événements me semble essentiel. Les dates, au final, sont utiles, mais quand même secondaires.
Et le deuxième point, lui? Voilà, j'y viens. Qu'est-ce que ça donne de comprendre les éléments de l'Histoire dans notre travail au quotidien? Peut-être pas grand-chose, effectivement.
Mais.
Poser la question de cette façon, c'est prendre le problème du mauvais angle. C'est tenir pour acquis qu'on éduque en fonction d'un métier, d'un travail. Le travail a son importance, mais ce n'est pas tout! L'éducation publique devrait être vue comme un tremplin de formation générale servant à voir éclore des citoyens plus allumés et compréhensifs des enjeux.
Un citoyen a une famille, des loisirs, un travail, des passions, des passe-temps, des intérêts, des talents. Associer l'école au fait d'apprendre des choses utiles dans le cadre du travail évacue plusieurs éléments.
La culture générale et la compréhension des choses devraient primer. Le travail et le reste se grefferont bien assez vite. Et on aura un travailleur nettement plus efficace...
Clin d'œil de la semaine
J'espère que mes enfants ne retiendront pas que l'essentiel de ma vie tient dans mes dates de début et de fin de mon existence...