L'économie, c'est tout.
C'est tout.
L'économie, c'est la priorité des citoyens. Enfin, c'est celle qui ressort lorsqu'ils sont sondés. Parlent-ils tous de la même économie? Des mêmes notions? Veulent-ils tous dire la même chose?
Sais pas.
Mais à une question simple : « Quelles sont vos attentes envers la présente campagne électorale? », on répond simplement : « l'économie ». Et d'autres items ensuite. Mais l'économie d'abord.
Pourtant, l'économie, ce n'est pas une donnée simple. Dire que l'économie est le premier enjeu, c'est aussi vague que dire qu'on va s'occuper « des vraies affaires ». Il devrait y avoir un « mais encore??? » qui vient tout de suite après.
Comme vous, j'ai vu le remaniement ministériel de cette semaine. Avec intérêt.
Il y a d'abord le côté personnel de la chose. Personnel à chaque individu, je veux dire. Avec toute l'importance que revêt la tâche de ministre, je peux comprendre la fierté d'un Luc Fortin d'être admis au cabinet. Affecté aux sports, comme son mentor Jean Charest chez les Progressistes Conservateurs il y a quelques décennies. Il faudra juste qu'il se rappelle qu'il ne doit pas contacter un juge si un imbroglio survient en sport amateur...
Mais bon. Je lui dis bravo.
Mais derrière un tel remaniement, il y a forcément des notes qui sonnent faux. Remanier autant de portefeuilles, c'est admettre, il me semble, qu'il y avait plein de gens qui n'étaient vraiment pas au bon endroit. Pareil mouvement de chaises équivaudrait, toutes choses étant égales, à un congédiement en bloc de toute la haute direction du Canadien par M. Molson. On s'entend qu'on ne congédie pas tout le monde quand on est sur le point de gagner la Coupe Stanley.
Pourtant, à écouter M. Couillard, la Coupe Stanley est là, on est tout près d'y boire. Tout va donc vraiment pour le mieux.
La politique et la pensée magique font souvent route ensemble, main dans la main.
Et on a nommé une nouvelle venue à l'économie. Vous savez, l'économie? La priorité prioritaire?
Je n'ai rien contre les nouveaux, croyez-moi.
Mais quand on parle d'économie et de création de richesse, quand on n'accepte aucun argument défavorable à un investissement de 1,3 milliard de dollars d'argent public à une compagnie comme Bombardier, quand on dit que tout passe par là, je me questionne. Et je repense à hier.
Hier, dans les années 1920 jusqu'à 1960 environ. Ce hier-là, quand les compagnies engageaient des Québécois dans des conditions de misère, le tout pour accumuler le plus de profit possible, tout en brandissant la menace que, si on leur demandait de payer une juste part d'impôts, ils allaient partir. Il aura fallu la révolte des employés pour que les conditions de travail s'améliorent. Et on s'est dit, à un certain moment, « voilà, on a maté la bête ».
Heu...penon!
La production massive a quitté le Québec, le Canada et l'Amérique du Nord pour aller s'implanter dans des endroits où les conditions de travail sont minables et où ça ne chiale pas encore.
Nous vivons dans une économie d'actionnaires. Cet actionnaire qui ne songe qu'à battre des records de profit tout le temps. Et c'est sur lui qu'on compte pour créer notre richesse collective? Il me semble que les enjeux sont opposés.
Vous savez ce dont je rêve?
D'un ministère du bien commun.
Le bien privé est sanctifié. Le bien commun est souvent bafoué et trop souvent vu comme un produit de « l'État providence », une façon de dénigrer la justesse du principe de la distribution de la richesse.
Une ou une ministre du bien commun. Avec des pouvoirs. Le pouvoir de dire non à ce qui n'est pas en lien avec le bien de toutes et tous.
Je sais, on a un Vérificateur général qui s'adresse à nous une fois par année. Mais je parle de quelqu'un qui interviendrait les 364 autres jours (et 365 lorsque l'année est bissextile!)
Ouais, je sais, je rêve.
Mais, devant autant de contradictions dans les gestes et les discours, je me permets de rêver.
Parce que le rêve est porteur d'espoir. Et qu'on en a besoin.
Clin d'œil de la semaine
Parce qu'ils ont tous excellé dans leurs tâches, je congédie tout le monde et je leur en donne de nouvelles tâches. En disant, en plus, que ça ira mieux ainsi... Hey, ben...