Démocrates de toutes les régions, de toutes les villes et municipalités du Québec à vos urnes. C'est le temps de choisir les femmes et les hommes qui vous représenteront dans vos communautés pour les quatre prochaines années. 1100 municipalités et villes du Québec auront à se choisir le 5 novembre prochain des maires et des conseillers. Les principaux adversaires de ces futurs élus ne sont pas celles et ceux qui leur feront la lutte, mais bien l'intérêt ou le désintérêt de la population pour ces élections. Arrêt sur un moment fort de notre vie démocratique.
L'enjeu du gouvernement municipal
On ne cesse de le dire, de le répéter, le gouvernement municipal est le plus près des gens. C'est le premier lieu de proximité citoyen. Les municipalités et les villes sont des administrations publiques où se débattent des enjeux comme l'aménagement du territoire, les questions liées à l'urbanisme, la sécurité de notre quotidien, les infrastructures de loisirs et de culture et les questions concernant l'environnement notamment ceux qui traitent de la gestion de nos matières renouvelables et compostables. Des enjeux très importants dans le quotidien de chacun de nous.
Certes, nos municipalités et nos villes sont de différentes tailles. Les besoins et les ambitions de chacune d'elles sont à degrés variables. Certaines ont à leur tête des élus avec de fortes personnalités comme Montréal et Québec par exemple. D'autres ont des personnages plus effacés à leur tête. Une caractéristique est cependant commune à toutes, le leadership d'une municipalité ou d'une ville est important pour donner le ton au développement économique, social, culturel et environnemental d'un milieu. Le maire ou la mairesse d'une municipalité ou d'une ville est bien souvent le « coq en chef » d'une communauté.
Des leaders et des styles
On peut retrouver divers styles de leadership dans nos communautés locales. On s'entend habituellement chez les experts en science politique pour les catégoriser en trois styles différents. Le leader autoritaire, le leader par consensus et le leader charismatique et populiste.
Les personnalités politiques qui s'abreuvent au style populiste comme les maires Labeaume de Québec ou Coderre de Montréal sont en général des personnes de terrain qui cherchent à affirmer leur autorité dans toutes les sphères des activités qui peuvent toucher leur ville ou leur municipalité. Parfois ce type de maire marie bien leur style populiste avec une certaine forme d'autoritarisme. À Sherbrooke, l'ancien maire Jean Perrault empruntait ce style.
Des maires qui sont à la recherche du consensus et du dialogue sont plutôt une espèce rare dans les grandes villes du Québec. Ces personnalités comme le fut jadis l'ancien maire de Montréal, aujourd'hui décédé, Jean Doré sont habituellement le résultat d'une conjoncture particulière. Dans le cas de monsieur Doré, il est arrivé sur la scène politique municipale après le long règne d'une véritable icône politique au Québec, le maire Jean Drapeau. En fait, bien peu de dirigeants de municipalités ou de villes sont des leaders de consensus ou de véritables adeptes de la participation citoyenne.
Cela s'explique par le fait d'une opposition de deux choses parfois incompatibles : la démocratie de représentation et la démocratie participative. S'il est vrai que rien en théorie ne s'oppose à une conciliation de la volonté de participation à celle de la représentation, il n'en demeure pas moins que dans les faits les leaders, une fois élus par le peuple, se trouvent investi du pouvoir de décider en son nom en toutes circonstances. C'est cette difficile communion entre ces deux types de démocratie locale qui explique trop souvent que l'on ne voit pas de leader élu adepte de la démocratie de participation même si plusieurs disent s'en réclamer. Les faits disent le contraire.
Jadis, le conseiller, aujourd'hui devenu maire, Bernard Sévigny, décidait avec un comité de citoyen de son district électoral. Cela n'a pas fait long feu. Néanmoins, sous sa gouverne, la ville de Sherbrooke s'est distinguée pour son appétit pour la consultation citoyenne. Nul ne saurait le nier. Néanmoins, on pourrait aller plus loin pour concilier ces deux types de démocratie en organisant par exemple des votes indicatifs par Internet de toutes les citoyennes et tous les citoyens sur des sujets d'intérêts majeurs comme le budget. Une idée qui viendrait concilier dans les faits la démocratie de représentation et la démocratie de participation.
La ville, un espace démocratique
Pourtant, une ville est un lieu exceptionnel pour vivre un espace démocratique privilégié. Votre municipalité ou votre ville est un laboratoire pour favoriser de multiples expériences et pour privilégier le vivre-ensemble. Les débats entourant des questions comme la gestion des matières résiduelles, le transport en commun, les voies d'accès et de circulation; les espaces récréatifs, de loisirs, de culture; la sécurité publique, le développement communautaire, économique, social, culturel et touristique ainsi que le développement urbain et commercial sont autant d'enjeux qui interpellent les élus municipaux et les citoyennes et les citoyens.
C'est pourquoi la ville apparaît comme un lieu privilégié pour le déploiement d'un espace démocratique qui pourrait rompre par exemple avec la gestion technocratique néo-libérale ambiante. La culture des experts et des spécialistes que l'on oppose aux volontés des citoyens procède d'une logique technocratique et bureaucratique avec laquelle nous sommes capables de rompre en 2017. Plutôt que la science contre les citoyennes et les citoyens, pourquoi pas la science avec les citoyennes et les citoyens?
Allez voter le 5 novembre
Je trouve important que nous allions tous voter en grand nombre aux élections municipales du 5 novembre. Que l'on soit pour l'existence de partis politiques ou contre, que l'on privilégie les interventions de la ville à ses fonctions primaires seulement (sécurité, entretien et développement urbain) ou que l'on soit plutôt pour une intervention assurant le développement économique, social et culturel, il est important de voter massivement. Il importe de voter pour que les gens qui seront élus représentent vraiment nos volontés. Il ne faut pas oublier qu'ils parleront en notre nom et qu'ils décideront comment notre argent payé sous forme de taxes à notre communauté locale sera dépensé.
C'est aussi important que des gens des divers horizons d'expériences et d'âge différents se présentent comme candidat à ces élections municipales sur l'ensemble du territoire québécois. Jeunes, hommes, femmes ou personnes issues de l'immigration récente, présentez-vous et faites la différence dans votre communauté. Il manque de jeunes, de femmes et de gens issus des communautés culturelles dans nos gouvernements municipaux. À Sherbrooke, on peut se réjouir de voir autant de jeunes, de femmes et d'hommes s'investir en politique sous la bannière de l'un ou l'autre des partis ou comme candidat indépendant. C'est sympathique et c'est une preuve qu'à Sherbrooke la démocratie se porte bien.
Avant d'aller voter, prenez le temps de lire les bilans et les programmes de celles et de ceux qui veulent vous représenter. Chercher à comprendre le vrai du faux dans les discours et les propos qui seront tenus par les uns et les autres. Fuyez comme la peste celles et ceux qui chercheront à obtenir votre vote par des propos malveillants et dégradants envers leurs adversaires. Ne vous laissez pas emporter par le cynisme ambiant qui suggère qu'ils sont tous pareils et que la politique est pourrie. Arrêtez de donner de la crédibilité à celles et ceux qui vous feront croire qu'ils ont toutes les solutions ou qu'après eux ce sera le déluge.
Ne soyez pas dupes des magiciens d'une campagne qui promettent la lune, mais qui le temps venu de faire le bilan invoqueront des excuses pour justifier leur incurie. Soyez vigilants, informés et critiques. Soyez des citoyennes et des citoyens exigeants envers vos futurs élus. Soyez des gens avertis qui croient que les élections municipales sont le temps des démocrates...