Vous savez, ce genre de semaine là? Je veux dire, le genre de semaine lors de laquelle certains éléments disparates s'unissent pour mettre certaines choses en lumière?
Bien, visiblement, je viens d'en vivre une!
Dans ma vie professionnelle, je participe parfois à des rencontres qui regroupent des confrères et consœurs d'un peu partout au Québec. On préfère se voir en personne que par visioconférence. Mais de plus en plus, on ressemble à des rayons qui quittent le soleil une fois la pause déclarée! Chacun s'éloigne pour consulter textos et messages. Je sais bien, c'est de l'efficacité de gestion dont il est question! Mais peut-être aussi de perte de qualité d'échanges de personne à personne.
Des fois, je me dis que l'effet pernicieux des bidules de communication modernes nous rend « indispensable » au quotidien au bureau. Entre guillemets, le mot indispensable, j'insiste! On pourrait généralement faire autrement (pas tout le temps, je sais!), mais bon. Disons-le ainsi : si c'est pour simplement refléter l'image d'un gestionnaire efficace, ça devient moche...
Puis, au retour de cette rencontre, un spectacle nous attendait à Sherbrooke : Louis T. Cet humoriste-analyste a lu certains passages réels des statuts de sa page Facebook. Un de ceux-ci, écrit par une dame, l'attaquait personnellement en l'insultant de façon virulente. Louis T lui a répondu qu'il ne comprenait pas ce qu'il avait tant fait pour mériter ce type de statut. La réponse de la dame est troublante : « Oups, désolée, je ne croyais pas que vous alliez le lire. Je croyais qu'une équipe filtrerait le tout avant... »
Je ne commenterai pas.
Puis, via le quotidien La Tribune, j'apprends qu'un enseignant a tenté l'expérience de proposer à ses étudiants de vivre les trois heures de cours, pauses comprises, sans cellulaire. Chacun vient déposer son téléphone sur le bureau du prof. À mon agréable surprise, l'exercice facultatif est devenu un exercice presque unanime!
Trois situations, deux constats troublants
Le téléphone n'en est plus un. Ou il l'est de moins en moins. Les textos et statuts sur les médias sociaux remplacent la conversation téléphonique dans bien des cas. Bien qu'efficace à souhait, on commence, il me semble, à mesurer les impacts de cette technologie sur nos comportements.
D'abord le téléphone (ou le clavier, c'est selon) met une distance de fausse sécurité entre les gens qui communiquent ensemble. On se permet des choses qu'on ne se permettrait pas si on était face à face.
On pourrait croire que le bidule électronique accroît le courage, mais ce n'est pas le cas. Ça tient plus de la lâcheté, en fait.
J'aime bien l'image d'un groupe de personnes réunies: est-ce que, dans une situation où je souhaite m'en prendre verbalement à une personne connue de tous et qui est sur place, j'aurais le courage de dire haut et fort, devant tout le groupe, ce que j'écris sur un statut Facebook? Je gagerais souvent que non! L'entremetteur qu'est l'appareil électronique peut déguiser notre lâcheté en courage.
C'est aussi la dynamique de communication qui change.
Allez, admettons-le : il est souvent plus simple, pour toutes sortes de raisons, de texter sa blonde pour lui dire qu'on va à la bière que de l'appeler par téléphone! Mais au-delà du clin d'oeil, ce qui m'inquiète le plus, c'est l'apparence de proximité qui peut remplacer la proximité. Le fait qu'on s'éloigne de plus en plus les uns des autres en étant certains qu'on est plus près des autres que jamais!
Le bidule électronique peut déguiser l'absence en présence.
Clin d'œil de la semaine
Si Trump dormait la nuit plutôt que de Tweeter comme un attardé déchaîné, nos nuits seraient plus saines!