Suivez-moi bien, je vous amène plus loin dans le temps. Un petit voyage comme ça...
Sherbrooke, le 20 décembre 2070
Je suis professeur d'histoire. Et je parle à mes étudiants du tournant des années 2000.
Je leur raconte comment c'était dans le bon vieux temps!
Les historiens appellent cette période l'ère du grand tournant. Les élèves sont surpris d'apprendre que la population du temps a eu très peur du bogue de l'an 2000! Puis, qu'ils ont craint le calendrier Inca qui s'arrêtait à la fin de 2012, alors qu'une météorite devait frapper la terre et la détruire à ce moment précis.
« Et dire que cette génération-là a ri de celle d'avant qui croyait en Nostradamus... » rigole un des étudiants!
L'ère du grand tournant, c'est celle de l'informatique. La communication qui éclate complètement, qui change même les données géopolitiques mondiales. L'Internet démocratise l'accès à l'information. Les gouvernements ne peuvent plus contrôler leurs commettants aussi facilement. Les peuples ont accès à ce qui se passe ailleurs. Chacun revendique rapidement ce que l'autre possède. Les abus des Nord-Américains sont ramenés à l'échelle planétaire. D'où les grandes décisions des années 2035.
« Imaginez-vous », dis-je à mes étudiants, « qu'à l'an 2000, ça prenait un fil qui se rendait à chaque maison pour alimenter le téléphone! » Je sens bien que les étudiants sont fascinés et arrivent à peine à s'imaginer ce qu'était un téléphone! Je leur annonce qu'une sortie scolaire se fera dans l'ancienne usine d'IBM à Bromont. Celle-ci a été transformée en musée qui traite justement de cette époque où les gens étaient fascinés par le téléphone sans fil et, plus tard, par l'écran tactile. Qu'ils étaient sceptiques en lien avec des voitures qui seraient électriques! Je m'imagine alors qu'ils ont la même fascination que lorsque mon grand-père se rendait au village québécois d'antan à Drummondville!
Les élèves n'ont pas fini de rigoler! Je leur fais le portrait politique des années 2005 à 2015! Ils sont subjugués d'apprendre que Jean Charest a fait une montagne plus grosse que l'Everest du dossier du mont Orford, que Stephen Harper a été un des plus grands manipulateurs de l'information que le Canada ait connu, ce qui lui permettait de faire ses réformes en les camouflant et en se disant quand même démocrate, que la classe politique était tellement mal vue que les électeurs votaient par dépit plutôt que par conviction... Bref, le grand tournant, c'était aussi une période de grand trouble. On ne fait d'omelettes sans casser des œufs, eh, bien, ceux-ci étaient bien brouillés!
Je leur parle aussi du traité de Kyoto sur l'environnement. À l'image de cette époque-là, le traité a été signé, mais non respecté. J'en profite pour parler à mes étudiants de l'apogée du principe pas dans ma cour qui a prévalu alors.
Mais je termine en disant que les grandes décisions de 2035 ont été prises en lien avec les principes de Kyoto. C'était à la limite dans l'espace-temps, mais les réflexions et les représentations faites au début du siècle ont amené la génération d'après à agir fermement. Le visage du monde a alors pu changer pas mal.
Fin
Note de l'auteur : je suis un peu naïf, mais j'aime bien que les histoires se terminent bien...
Bonne année à toutes et à tous!
Clin d'œil de la semaine
Dans le musée qu'est devenue l'ancienne usine d'IBM, il y a une statue de cire de Stephen Harper. La ressemblance avec la texture de l'original est frappante...