Depuis sa fondation en 1968, le Cégep de Sherbrooke s'est métamorphosé en s'adaptant aux changements de sa communauté et du monde qui l'entoure. Il se donne aujourd'hui pour mission de former des étudiantes et des étudiants engagés, compétents et prêts à relever les défis de demain. À l'occasion de son 50e anniversaire, nous commémorons son histoire, son évolution, et partageons quelques anecdotes...
Imaginez qu'un jeune boa constricteur se promène dans les installations du Cégep et ce, pendant près de 6 mois! C'est un peu difficile à croire, mais c'est l'étonnante histoire de Mlle Mozart.
Photo : Boa Mozart crédit : Facebook/gilles.perron
À la rentrée de la session d'hiver 1999, le programme Techniques de santé animale (TSA) aurait fait l'acquisition de quelques animaux exotiques, dont un boa constricteur. Ironiquement, le personnel décida de le nommer Mozart, sachant bien que c'était une femelle et que les reptiles sont des animaux sourds : ils réagissent à l'odeur et aux vibrations.
La cage de Mozart était placée dans l'animalerie des TSA, au 6e étage du pavillon 2. Tout se passait bien avec l'animal, mais des travaux de rénovation allaient débuter dans les locaux du programme, et il fallait le délocaliser. Peut-être que Mozart a eu un certain pressentiment, parce que bizarrement, elle disparut peu de temps avant... Le boa, qui avait été acquis depuis seulement quelques semaines, devait être facile à remarquer puisqu'il faisait près de 1,5 m de longueur. Pourtant, impossible de retrouver sa trace.
Les travaux commencés, la cage de Mlle Mozart fut déplacée dans les corridors. Le personnel avait espoir de la retrouver. D'abord, sa cage n'affichait aucun signe de vandalisme. Donc, sauf si cela avait été l'œuvre d'une personne du département, il y avait très peu de chance que le boa ait été volé. De plus, à leur arrivée le matin, des employés constataient souvent une quantité de plumes d'oiseaux au sol. Ils en déduisaient que Mozart devait se promener la nuit; les oiseaux apeurés devaient s'agiter dans leur cage. Toutefois, aucun autre animal ne manquait à l'appel : Mozart ne semblait pas se nourrir.
Photo : Mozart crédit : Facebook/gilles.perron
Pour éviter de semer la panique dans tout le Cégep, l'évènement était presque passé sous silence. Seuls les ouvriers qui fréquentaient les lieux et quelques personnes du programme Soins infirmiers, qui partageaient l'étage avec TSA, avaient été avisés de la disparition. Personne ne semblait apeuré par la situation, mis à part un ouvrier. Ce dernier craignait un face à face avec le boa : « Si c'est moi qui le retrouve, vous me trouverez dans la rue en deux secondes, car je déteste les serpents! » La chance tourna en sa faveur : c'est lui qui découvrit l'évadée.
Près de six mois après sa disparition, Mozart fut retrouvée... dans sa cage! C'était une cage particulière : un cubicule avec deux portes en vitre coulissantes et un genre de faux fond. Le reptile se trouvait dans le faux fond. Bien que la cage ait été vérifiée à maintes reprises, cette fois-ci, alors que l'ouvrier mit sa main dans le fond de la cage pour faire l'entretien routinier, il sentit quelque chose qui lui semblait être une guenille, sauf que la chose aurait bougé! Finalement, c'était bel et bien Mozart qui faisait sa sieste, dans sa cage, dans le faux fond, à l'abri des regards. Au terme de cette aventure, le personnel des TSA conclut que l'animal pouvait sortir et regagner sa cage en se glissant entre la fente des portes coulissantes, à partir du faux fond. Du moins, c'est l'hypothèse qui fut retenue.
Mlle Mozart aurait disparu vers la fin du mois de janvier et aurait été retrouvée au mois de juillet. Donc, pendant près de 6 mois, le boa constricteur se promenait dans les installations du Cégep et pouvait s'être retrouvé n'importe où. L'équipe du programme TSA a amené Mozart chez le vétérinaire : Mlle Mozart était en bonne santé, si ce n'est qu'elle souffrait de déshydratation. Elle se serait peut-être nourrie durant ce temps, mais il n'était pas possible de le savoir. Au moins, tous les animaux de l'animalerie étaient toujours présents.
Aujourd'hui, le département des Techniques de santé animale ne fait plus d'acquisition d'animal. Au besoin, certains animaux sont hébergés temporairement pour une courte durée, au plus une session. Les espèces les plus utilisées dans le cadre de la formation sont les chats, les chiens, les lapins, les poules, les perruches et différents types de rongeurs (souris, hamster, cobayes). Il arrive encore que l'animalerie héberge des animaux exotiques comme les reptiles, mais cela varie selon les disponibilités et les besoins des cours.
Mlle Mozart n'a pas fugué à nouveau depuis cette fameuse mésaventure. Elle décéda en 2015, âgée de 22 ans, des suites de problèmes de santé.
Photo : Mlle Mozart crédit : Facebook/gilles.perron
Remerciements :
Sandra Ledoux, enseignante - Techniques de santé animale
Nathalie Provost, Technicienne en travaux pratiques - Techniques de santé animale
Gilles Perron, diplômé du Cégep et Technicien de laboratoire retraité