De la
bouche du politicien qui cherche à laisser sa trace à tout prix, il n'est pas
rare d'entendre : « l'histoire retiendra de mon mandat comme celui
lors duquel... »
Généralement,
c'est un signe d'échec qu'on cherche à camoufler. De toute façon, quand
j'entends cette phrase, c'est terminé. Je n'écoute plus. Ça me semble tellement
prétentieux!
« L'histoire
se souviendra de moi comme le plus grand Président américain de l'histoire des
États-Unis! » Ça vous dit vaguement quelque chose?
Et de
2020, elle retiendra quoi, l'histoire?
Comment
savoir? D'abord, et c'est une règle du pouce valable, les historiens vont
commencer à s'intéresser vraiment à un événement environ 50 ans après qu'il
soit survenu. C'est le temps minimal que ça prend pour se donner une vision
d'ensemble et pour soustraire l'émotion et les opinions de l'évaluation finale
qu'on retiendra.
Avec
toute l'émotion de la fin d'année et tous les biais de ma vision de la chose,
je commencerais ma réponse à la question en disant : "pourtant, tout
avait quand même bien commencé!"
Au début
de 2020, les indicateurs économiques étaient positifs, les taux d'intérêt bas,
et le gouvernement du Québec s'apprêtait à distribuer des surplus budgétaires
tous azimuts en projets divers dans son budget printanier.
Tout
cela étant le fruit des quinze dernières années lors desquelles les gens au
pouvoir s'étaient gargarisés de grandes déclarations sur leur gestion
responsable des finances publiques et de la machine gouvernementale.
Pendant
une quinzaine d'années, ils ont dit prendre « des décisions difficiles
dans l'intérêt supérieur du Québec ».
Il aura
fallu une bibitte microscopique pour nous montrer que quand on ne se fie qu'à
l'économie, quand on décide que toute la société doit être mesurée par des
tableaux Excel dans lesquels s'accumulent « les indicateurs nécessaires
aux prises de décision », bien, on se plante royalement!
Vous le
saviez, vous, que ça allait si mal dans les CHSLD? Dans les hôpitaux? Les
syndicats en parlaient, bien sûr, mais bon, ils étaient en conflit d'intérêts,
non ? Ils voulaient échanger leur silence contre de meilleures conditions,
croyait-on pour se donner bonne conscience.
La
vérité est pathétique
Il
arrive (rarement!) de ces situations où toutes les firmes de communication
réunies n'arrivent plus à polir le message qui endormira la collectivité. Il
arrive (rarement!) des situations où on ne peut plus anesthésier notre
conscience collective par la course aux biens de consommation, à la performance
au travail et aux sorties dans les restaus et des bars...
Mais là,
pandémie oblige, on avait juste là à regarder. Et il n'y avait personne pour
nous cacher la vue.
Alors,
bien, on a vu...
On a vu
qu'on faisait fausse route.
Que quand
le bien-être collectif est surpassé par le bien-être personnel, on échappe
l'essentiel.
Je ne
sais pas ce dont l'histoire va se rappeler de 2020. Et je m'en fous pas mal. Je
m'en fous parce qu'on n'est plus dans la dynamique de sauver les
apparences.
Concentrons-nous
plutôt sur l'histoire qu'il faut écrire à partir de maintenant.
Avant de
nous soucier de notre place dans l'histoire, il vaudrait mieux voir la place
qu'on donne à celles et ceux qui ont fait l'histoire récente de notre société
et qu'on stationne dans des chambres à soins minimaux....
Faisons
en sorte que leur dignité ne soit pas diminuée comme leurs capacités, une fois
un âge certain atteint.
Clin
d'œil de la semaine
On ne
peut plus jouer à l'autruche. De toute façon, on sait que l'autruche ne se
cache pas de sa réalité en mettant sa tête dans le sable!