Où s'en va le Web ? Dans le lit de l'indispensabilité humaine. Un bel exemple est Qwiki, un projet d'encyclopédie multimédia actuellement en état "alpha" où l'ordinateur ramasse les textes de Wikipédia qu'il juge pertinent à notre interrogation et nous les fait débiter par un robot (une voix de synthèse féminine pas vraiment saccadée), en même temps qu'il nous abreuve d'images et de clips vidéo récoltés ici et là sur la Toile. En même temps, il nous affiche le texte récité. Ainsi, si on tape le mot « Tsunami », on obtient plusieurs pages de références audiovisuelles sur tout ce qui entoure ce phénomène physique.
Pour l'instant, dans l'état actuel du projet, le robot est unilingue anglais (en tout cas, il me semble), On a intérêt à éviter les questions où il devra s'escrimer avec des mots non anglais. Par exemple, l'adjectif québécois devient « kebesswa », le nom Lévesque est prononcé « Levasc », Charest « sharist », Boucher « bowtcher » et Ignatieff « Ignatîf ».
En quoi ce produit nous fait-il tâter du futur ? C'est dans l'intelligence déployée pour nous fournir l'information voulue. Au lieu de nous proposer des colonnes de texte et de lien à la Google, le système décide, trie les données qu'il collige à la vitesse de la lumière, les reformate et nous les présente avec effets multimédias. On croirait du Encarta poussé à l'extrême. Ne reste plus qu'à arrimer un module d'interrogation vocale et on sera en plein Star Treak. « Computer, where the hell are we going? - I don't really know, Captain! You should ask Mister Spock! »
Jusqu'ici, c'est l'humain qui devait faire les recherches et les assembler. Il devait y plancher le temps suffisant à l'établissement d'une synthèse. Maintenant, un robot se propose de le faire à notre place. S'il est prématuré pour l'instant de critiquer la qualité des pièces assemblées, ainsi que la logique des éléments de recherche présentés, la porte est ouverte au principe sous-jacent. L'ordi vient de prouver qu'il peut remplacer l'humain en recherche documentaire.
L'étape suivante, une fois que la rigueur fera partie de l'équation, sera d'en arriver à un robot scribe. Vous aurez besoin d'un texte de 700 mots sur le dernier tsunami ? Qu'à cela ne tienne, le WWW vous le pondra à votre goût. Je charrie ? Même pas. Si Watson, le superordinateur d'IBM est capable de comprendre suffisamment les subtilités du langage humain pour briller au jeu Jeopardy, lui demander décrire ses réponses au lieu de les articuler n'est pas une prouesse si immense à accomplir.
Mais attention, Quiki ne se veut pas un nouveau concurrent à Google ou à Wikipedia. Sa techno peut se prêter à bien des sauces. En novembre 2010, un des concepteurs, Louis Monier (ci-devant fondateur d'Alta-Vista), avait déclaré au site Abondance.com que « contrairement à ce qu'on pourrait croire (...), Qwiki n'est pas un moteur de recherche. C'est une technologie qui transforme du contenu (texte, images, données structurées...) en une animation multimédia interactive. Notre première application est un site de référence, ce qui donne l'illusion que nous sommes un outil de recherche, mais ce n'est que notre première application. La technologie permet de s'appliquer à bien d'autres domaines ! »
En passant, Louis Monier n'est pas le seul technobollé associé au projet. Si vous http://www.qwiki.com/about-us cliquez sur ce lien et que vous passez votre souris sur les photos au bas de la page, vous serez surpris. L'équipe a récemment récolté plus de 8 M$ en financement, dont quelques kilos de gros billets verts en provenance d'Eduardo Saverin, le cofondateur de Facebook, et de Jawed Karim, un des cofondateurs de YouTube.
Pour l'instant, on y dénombre plus de 3M de sujets référencés dont les résultats présentés peuvent être réacheminés dans les machines de Twitter et de Facebook. Web 2.0 oblige, il est également possible de participer à l'amélioration d'un sujet.
Allez y faire un tour de temps en temps, vous serez en mesure de témoigner de l'évolution du projet.
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Nelson Dumais -