Hanoi, Vietnam.
Samedi soir. Il fait 35 degrés, ressenti : 47. C'est écrit sur Météomédia. Ce soir-là, je n'ai pas le goût de remettre l'information en question. Ça demanderait un effort et les efforts, à cette température-là, je les économise au maximum!
Samedi soir, donc. Hanoi est une ville de plus de 8 millions d'habitants. Depuis ce matin, dans les rues, c'est plus calme. La nuée des motos est nettement moins intense que lors des jours de semaine.
La prudence est quand même de mise. De façon à appliquer les règles pour une prudence élémentaire, il faut d'abord se mettre en tête qu'un conducteur vietnamien ne regarde jamais derrière et très rarement de côté. En lieu et place, il klaxonne. Le reste, c'est à l'autre de s'adapter.
Près de notre hôtel, il y a un lac. Un genre de lac des Nations de Sherbrooke. Tout autour, une promenade accueille des milliers de personnes. Des jeunes familles, surtout.
J'imagine qua la génération des 60-70 ans accuse un déficit numérique important à cause de la guerre et qu'il y a eu baby-boom après cette même guerre, mais toujours est-il qu'il est surprenant de ne croiser que des jeunes gens, des jeunes familles et, parfois, de beaucoup plus vieilles personnes. Le rendez-vous est heureux, visiblement. Les sourires sont nombreux et, c'est remarquable, les enfants sont beaux. Belles bouilles mignonnes et épanouies.
Le hasard faisant bien les choses (surtout quand Facebook le provoque), j'ai pu rencontrer un ancien confrère de travail qui séjournait à Hanoi au même moment. C'est quoi les chances qu'un de ces quatre, la route de deux « voyages père-fils aux motifs bien différents » se rencontrent à l'autre bout du monde?
Nous avons décidé d'assister à une représentation de théâtre de marionnettes sur l'eau, une tradition théâtrale nord-vietnamienne qui vaut le détour.
C'est au début du spectacle que notre petit bonheur d'occasion a été égratigné un brin.
Mais c'est quoi, cette façon de vouloir tout filmer tout le temps, en temps réel? Si vous aviez vu le nombre de bras en l'air, tenant fermement le téléphone visiblement plus socialement intelligent que leur propriétaire et cherchant à tout capter des différentes scènes!
Mais bordel, pourquoi?
Pourquoi cette manie de tout filmer, quitte à bloquer le champ de vision des gens des rangées derrière vous? Pour prouver que vous étiez là? C'est ça, vous avez un fardeau de preuve à étaler publiquement? Ben voyons! Allez sur Youtube et tapez « spectacle marionnettes Hanoi », tout y est!
Et pour quoi ne pas simplement vous contenter de regarder le spectacle, de l'apprécier? D'apprécier le travail des musiciens qui jouent, en direct et sur des instruments ancestraux, de chaque côté de la scène. Ben, non! En lieu et place, on se casse le cou pour regarder le spectacle à travers l'écran d'un téléphone!
Pour votre information, les manipulateurs de marionnettes travaillent eux-mêmes dans l'eau jusqu'à la taille pour créer les scènes. Le résultat? Un bien beau spectacle, intrigant, drôle, rafraichissant. Pour les bouts que j'ai pu voir, en tous les cas!
La prochaine fois que vous vous sentirez envahi du fardeau de la preuve quant au fait de démontrer que vous avez vu ceci ou cela, ne filmez rien. Racontez, à la place! Décrivez ce que vous avez vu. Comment vous l'avez interprété. Fiez-vous sur votre mémoire naturelle. Celle qui va finir par sécher si on ne la sollicite plus! Nourrissez votre imaginaire!
Cibole, profitez du moment! Et laissez les autres en profiter!
Et si, pour vous, il n'y a que le film qui compte, dépensez moins et n'y allez pas! Il y a fort à parier que quelqu'un l'a déjà mis sur Youtube...
Clin d'œil de la semaine
Qu'est-ce qui compte le plus? Y être ou dire à tout le monde qu'on y est?