Retour à la réalité. L'après-vacance.
Il est étonnant de constater à quel point on mise sur nos vacances annuelles. Enfin, on va trouver le repos, réparer la fatigue installée en nous, décrocher de notre quotidien. Beaucoup d'attentes pour quelques petites semaines! J'appelle ça le syndrome cinéma. Vous savez, quand, finalement, vous allez voir le fameux que tout le monde vante à tour de bras depuis des semaines? Les attentes sont tellement hautes que vous en sortez un peu déçu.
Le danger de ressentir ce syndrome cinéma après les vacances annuelles est grand. On demande à deux ou trois petites semaines de réparer tout le reste.
Il y a de la pensée magique dans tout cela.
Nous avons opté, cette année, ma blonde et moi, pour une formule simple. Une série d'activités courtes. À gauche et à droite, dans un cadre souple, au gré du temps qui passe et de celui qu'il fait.
À la veille du retour, je constate que la réparation par le repos n'est pas totale. Vraiment pas. Il faut du temps pour réparer ce que le temps a mis tant de temps à user, il faut croire.
La solution magique des vacances ne suffit pas. Il faudra m'y prendre autrement.
Mais, quand même, au fil de notre chapelet de petits voyages, trois éléments retiennent mes réflexions.
D'abord, le musée McCord, à Montréal et l'exposition « Musique, le Québec de Charlebois à Arcade Fire » (à voir, si ce n'est déjà fait). J'en retiens, entre autres, la motivation profonde des artistes à vouloir refaire le monde. Elle est omniprésente et constitue toujours une source intarissable.
Puis, arrêt à St-Élie de Caxton, au pays du désormais célèbre conteur Fred Pellerin. La magie des lieux épate, mais, par-dessus tout cela, c'est le rythme de la vie quotidienne des villageois, bien différente de celui de la ville plus grande qui surprend. Épate. Rend envieux...
Le troisième constat vient d'une lecture. C'est très « in » de lire pendant ses vacances! Ah! J'aurais pu visiter Proust et m'élever en surfant sur une vague de haute culture, mais la gravité a eu le dessus.
La gravité. Celle qui nous ramène au sol. Sur le plancher des vaches, disent les plus vieux. Celle aussi d'une situation sociale qui m'inquiète, comme elle vous inquiète aussi, j'en suis sûr. La gravité de ce que les bulletins de nouvelles et les fils de presse nous envoient, quotidiennement. La gravité qui nous pousse à vouloir refaire le monde. Salutaire gravité, donc.
Le livre que j'ai lu n'est pas grave en soi. Il est même léger, tant par son volume que son ton. Plus accessible que ça, c'est difficile. Mais sa lecture change des points de vue. Oriente des pensées. Suscite une réflexion saine.
Mais, surtout, le livre n'impose pas une idée. Il raconte des faits, des anecdotes, des actions. Il laisse ensuite le lecteur à ses réflexions.
Je parle de « La lumière de la terre » de Gaston Michaud. L'hyper actif acteur de l'économie communautaire raconte son parcours. Riche parcours, s'il en est un. Monsieur Michaud cultive sa jeunesse depuis maintenant près de 80 ans. Son parcours étonne et nous renvoie systématiquement vers nous-mêmes, où qu'on en soi dans son cheminement.
Une lecture que je rendrais obligatoire dans tous les cours d'administration, d'affaires et de finances. Ne serait-ce que pour ne jamais perdre de vue que notre système économique n'est pas autonome. Qu'il repose sur des gens, à sa base. Et qu'il y a de la vie à côté de celle qui ne prêche que par le pourcentage de performance dans le tableau Excel des résultats.
Une façon de prendre conscience que l'humain a encore une place, quelque part.
Ce n'est pas une bible. La Vérité n'y est pas inscrite. La recette magique non plus. Cela dit, il contient des dizaines de repères intéressants à connaître et à maîtriser.
Je rentre de vacances en me disant que l'idée de refaire le monde est grisante, mais que la bouchée est trop grosse.
Plutôt que de refaire ce monde, je choisis de le faire. Jour après jour, au meilleur de mes capacités. Les capacités, d'humbles à exceptionnelles, on en a tous. Et leur mise en valeur fait partie de la solution.
Finalement, ce furent de bien belles vacances!
Clin d'œil de la semaine
Le corps humain, machine extraordinaire, connaît des lacunes. Il peut accumuler la fatigue, mais pas le repos.
NOTE : Gaston Michaud « La lumière de la terre ». Disponible à la Biblairie GGC.