Le 21 octobre dernier, j'écrivais ici une chronique dans laquelle j'affirmais que Justin Trudeau représentait l'espoir. Rappelons-nous ensemble ce que j'en disais :
« 20 octobre 2015, 0 h 27, élection d'un gouvernement libéral majoritaire. J'entends Justin Trudeau nous parler d'espoir. J'entends ce jeune chef du Parti libéral du Canada (PLC) affirmer que nous serons toujours au cœur de son gouvernement. Je l'entends aussi réitérer ses principaux engagements électoraux. Renforcer la classe moyenne, investir dans nos communautés, renouveler nos infrastructures et rétablir le dialogue entre tous les Canadiens sans les diviser, mais pour plutôt les rassembler. J'irai dormir heureux de voir une nouvelle époque naître de cette longue histoire de notre pays... La fin du régime Harper doit devenir la renaissance du Canada. Cela doit nous permettre de retrouver notre pays. Justin Trudeau a un immense défi à relever. Je suis convaincu qu'il en sera capable, qu'il saura nous faire oublier le régime conservateur et qu'il mettra fin à la Harperisation du Canada.»
La question est la suivante : 138 jours après cette élection, avais-je raison? Un premier bilan du gouvernement de Justin Trudeau.
L'opinion de mes lecteurs
Pour ne pas vous laisser étrangers à mon propos et pour vous faire participer à cette évaluation, j'ai lancé un appel à tous sur mon compte Facebook et j'ai demandé tout simplement : Que pensez-vous des cent premiers jours du gouvernement de Justin Trudeau. J'ai eu peu de réponses. Il semble que le compte de mon collègue et ami André Bernier soit plus populaire. Quoi qu'il en soit, parmi les dizaines de réponses reçues, les gens qui ont bien voulu répondre à ma question étaient généralement d'avis que l'arrivée de Justin Trudeau était un véritable vent de fraîcheur. Candidement, certains ont affirmé qu'après Harper n'importe qui aurait été le bienvenu. Généralement, l'opinion recueillie auprès de mes amis sur Facebook rejoint l'opinion des Canadiens et des Québécois qui selon les sondages publiés donnent une note très favorable au gouvernement Trudeau. On apprend même que le Parti libéral du Canada aurait pu obtenir près de 50 % des voix des Canadiens s'il y avait eu la tenue d'une nouvelle élection. Bien sûr, Justin Trudeau est de très loin le meilleur chef et l'homme politique le plus populaire au Canada. On doit admettre l'existence d'une certaine « trudeaumanie 2 ».
Haro sur le multiculturalisme et montée de l'islamisme radical
Bien sûr, certains de mes amis ont fait des critiques. La plus sévère me vient de mon ami dans la vraie vie, mais aussi sur Facebook, d'un certain Tony (ce n'est pas son vrai prénom, mais je l'appelle comme cela depuis des lunes). Tony s'inquiète de l'amour inconsidéré de Justin Trudeau pour le multiculturalisme. Plus que tout, il s'indigne devant l'inaction de ce gouvernement et de tous les gouvernements face à la montée de l'islamisme radical. Tony, comme beaucoup d'entre vous j'en suis persuadé s'inquiète des gens qui ne respectent pas notre culture et qui veulent que leurs lois et coutumes s'appliquent chez nous en lieu et place des nôtres, il en a particulièrement contre la tenue de discours radicaux d'islamistes comme monsieur Adil Charkaoui, contre la charia et contre le port de la burka dans les lieux publics.
Populisme et frivolité budgétaire
Un autre lecteur Philippe celui-là trouve le bilan du gouvernement Trudeau plutôt correct, mais s'inquiète du populisme à outrance de Justin Trudeau. Il m'écrit qu'il veut bien « un premier ministre accessible, mais pas un gars d'à côté. C'est quand même un homme d'État. » Un autre lecteur Pierre trouve que Justin Trudeau a plutôt un bon bilan et qu'il s'est révélé lors de la campagne électorale. Il salue l'accueil des 25 000 réfugiés syriens, le retour à des relations normales avec les médias et le retour du tableau d'Alfred Pellan aux Affaires étrangères. Il rappelle comment il a aimé le point de presse où en campagne électorale Justin Trudeau avait rappelé ses troupes à l'ordre pour laisser les journalistes faire leur travail sans être houspillé par des militants libéraux. Un autre enfin, Roger, s'inquiète de l'avenir économique du Canada et surtout de la propension à dépenser de Justin Trudeau. Il craint qu'il mène le Canada en faillite.
Mon propre bilan
Pour ma part, je donne une excellente note à Justin Trudeau et à son gouvernement. S'il y avait des élections demain, je voterais pour lui cette fois. La principale raison c'est que Justin Trudeau ne fait pas que représenter l'espoir, il l'incarne. Non seulement il fait ce qu'il a dit qu'il ferait, mais ses actions sont faites pour et avec les Canadiens. Justin Trudeau peut rétablir le lien de confiance entre les politiques et la population. Il est capable de vaincre le scepticisme et le cynisme ambiant par sa politique de dialogue et par son souci de mettre tous les groupes à contribution pour trouver des solutions à nos problèmes communs. Justin Trudeau pratique une politique d'ouverture et de dialogue si inattendue que les médias ont peine à le croire et ils sont mal outillés pour couvrir l'actualité de ce nouveau gouvernement. Les plus cyniques en ce moment ce sont les médias. Ce sont eux qui nous prédisent des jours tristes. La population canadienne pour sa part, et cela inclut le Québec, a confiance en ce jeune premier ministre. Cela est une transformation majeure de la scène politique canadienne.
Justin Trudeau a fait ce qu'il a promis. Que ce soit concernant l'accueil des réfugiés, le rétablissement de la version longue du recensement, la commission d'enquête sur les femmes autochtones assassinées ou disparues, la baisse d'impôt pour la classe moyenne, le retrait des avions F-18 du Canada en Syrie, le retour du Canada à une politique moins guerrière sur la scène internationale et son engagement face à l'ONU, le retour du Canada dans la lutte aux changements climatiques et la volonté de ce gouvernement de respecter nos institutions et nos tribunaux notamment par sa décision de ne pas poursuivre la procédure d'appel contre Omar Khadr. Il entend aussi respecter son engagement d'investir massivement dans nos infrastructures, même au prix de déficits budgétaires qui seront manifestement plus élevés que prévu étant donné l'exécrable performance de l'économie canadienne et de la chute des cours du pétrole et de nos matières premières. Bref, Justin Trudeau a tenu parole et il continuera de tenir parole. Grand changement sur la scène politique.
L'avenir sera périlleux...
Les plus cyniques continueront d'affirmer que c'est bien beau, mais que le pire est à venir puisque le gouvernement Trudeau n'a pas encore pris de décisions difficiles. C'est en partie vrai. Exact que le déficit sera plus élevé que dix milliards de dollars si Justin Trudeau tient parole. Exact aussi que l'arbitrage entre les provinces sera fort difficile pour fixer des cibles de réduction de gaz à effet de serre en respectant la contribution de chacun. Exact aussi que l'aide à Bombardier fera des mécontents à l'Ouest. Exact aussi que la décision d'autoriser ou non le pipeline d'Énergie Est sera contestée et divisera la population canadienne de même que les différents groupes de pression. Exact aussi qu'il sera fort complexe d'en arriver à une nouvelle entente sur le financement des soins de santé.
Justin Trudeau le sait mieux que quiconque. Après tout, il a vécu avec son père qui fut un habitué de ces tensions dynamiques du fédéralisme canadien. Ce qui sera intéressant de voir avec Justin Trudeau c'est : est-ce sa candeur et son idéal qui triomphera ou comme tous les autres premiers ministres il arrivera à la conclusion que le Canada est ingouvernable et que les provinces sont des enfants gâtés ? La réponse à cette question sera déterminante quant à la capacité ou non de Justin Trudeau de changer la politique. Moi je crois que Justin Trudeau réussira à changer la politique. Comme je l'ai dit, il représente l'espoir et il sera capable avec beaucoup de détermination à le faire advenir. Justin Trudeau, l'espoir enfin!