Des fois, l'inspiration d'une chronique vient d'un petit
rien accroché au hasard de quelque chose qui meuble notre quotidien.
Cette fois, c'est en regardant un épisode de la série Doute
raisonnable. Une enquête policière y est menée et concerne directement une
sorte de secte religieuse, ma foi, pas très catholique...
L'enquêtrice au dossier explique un concept tout
simple : parfois, des gens se laissent envoûter par une secte parce
qu'elle leur propose quelque chose de simple. Une solution unique à tous les
problèmes. Surtout, une façon de fuir toutes les choses dont il faut tenir
compte dans nos vies, à partir des tracas financiers jusqu'aux questions
d'acceptation de l'autre en société. Entre les deux, les questions de
performance, la consommation, les difficultés amoureuses et familiales et quoi,
encore?
Subitement, avec l'adhésion à la secte, voilà que tout cela
n'existe plus vraiment. Il suffit d'adhérer à la parole et, accessoirement, aux
volontés et désirs du chef de secte et le bonheur est là! (j'espère que le
sarcasme transcendance la dernière phrase)
C'est souvent dans une situation de trop-plein que les gens
se laissent convaincre que quelqu'un, quelque part, a trouvé une voie simple
pour traverser une vie qui n'a plus rien de simple. Une vie qui est pleine de
tracas et qui sème des inquiétudes.
Après que le citoyen se soit dit: "trop compliqué. Moi,
je débarque..." , voilà que la voie unique et la simplicité qu'elle
implique a de quoi rassurer, j'imagine!
Parlant tracas et inquiétudes. Bref, parlant Trump!
Comme vous, probablement, je me suis réveillé mercredi matin
avec un sentiment dérangeant qui m'a laissé dans une amertume désagréable.
Trump est de retour.
Trump, qui devient le chef de secte de mon exemple plus
haut. Celui qui est prêt à ridiculiser et humilier tout ce qui ne se prosterne
pas devant lui. Trump qui prend conscience que la faune humaine de son vaste
pays est mal en point. La croissance économique a été fulgurante depuis des
décennies, mais là, ça va moins bien. L'orgie du black friday remplira
les cartes de crédit, promettant un peu de bonheur à pas trop cher. Le problème
de ces bonheurs-là, c'est qu'ils sont éphémères et qu'ils créent une dépendance
automatique.
Quand on y regarde d'un peu plus près, la société américaine
est de plus en plus sombre. Le climat est difficile. L'analphabétisme prend du
galon, l'obésité et la malnutrition aussi, les dettes des familles sont
élevées, le déploiement inéquitable des soins de santé inquiète bien plus qu'il
ne rassure et les événements météorologiques catastrophiques se multiplient.
En plus de sentir toutes ces pressions quotidiennes, voilà
que les Américains doivent faire preuve d'ouverture d'esprit par rapport à la
diversité de genres, de race et de religion. Sans compter la question de
l'avortement et du phénomène transgenre. Le nombre d'interventions concernant
les transgenres n'a pas de quoi inquiéter, c'est même anecdotique, mais c'est
de la bonne bouffe à exagération pour un Trump qui est passé maître dans le
fait de polariser les gens.
Le chef de secte Trump a multiplié les insultes, les mensonges,
les exagérations, les conneries, mais son objectif était simple :
convaincre qu'Il est la voie, la vérité et la vie!
Son discours est tout aussi simple : bande de chanceux,
je suis là pour tout réparer ce qui est cassé. Je suis là pour tout rétablir ce
qui ne va pas. Je suis là pour revenir dans le temps où tout allait bien. Quand
les Américains se sont convaincus qu'ils formaient une race nettement
supérieure.
Un discours simple. Une voie unique. Et surtout, la promesse
que tout se rétablira par magie. Tout ceci en échange d'un X sur un bulletin de
vote? Ben, c'est pas cher payé!
En plus, Trump prétend faire tout ça au nom de la notion de
liberté! C'est pas beau, ça?
Définition de cette liberté : possibilité pour un
citoyen en règle de vivre dans une société qui fonctionne bien en échange d'une
obéissance aux volontés exprimées et imposées par le chef de secte et son
gouvernement.
Je sens que bien des dents grinceront bientôt...
Pendant ce temps, plus au Nord...
« J'aime autant vivre chez nous! »
J'entends souvent cette phrase depuis mercredi.
Mais tout cela est peut-être éphémère aussi. Quand je relis
les constats que je fais du peuple américain, je réalise que bien des
caractéristiques se retrouvent chez nous aussi. Nous vivons bien des tracas
similaires et le taux d'inquiétude est particulièrement élevé.
Si tout cela n'est pas un signal d'alarme par rapport à un
discours politique magique, je ne sais pas ce que c'est!
Vous savez les discours à répétition promettant de la
richesse personnelle, un accès à la propriété, des baisses d'impôts massives,
un ménage dans les diversités culturelles et sexuelles, un retour à une société
où tout va bien et quoi encore!
Méfions-nous. La frontière entre nos deux pays est poreuse. « Quand
les Américains toussent, on pogne la grippe », disait l'autre...
Tout ça devrait nous inspirer un doute raisonnable...
Clin d'œil de la semaine
Contrairement aux autres sectes et religions, Trump promet
de remettre de l'argent dans nos poches...