Tolérance et intolérance.
Un concept et son contraire. Simplement? Il semble y
avoir des nuances.
Je suis allé consulter le Larousse. Étonnamment, on
s'y prend un peu différemment pour définir les deux mots.
On aborde la
tolérance en parlant de « l'attitude de quelqu'un envers une
situation ». Je m'attendais alors qu'on parle de l'attitude inverse pour l'intolérance.
Or, on ne parle pas d'attitude, dans ce cas-là. On y va plus directement :
« Refus d'admettre l'existence d'idées, de
croyances, d'opinions différentes des siennes. (Le sujet va jusqu'à persécuter
ceux qui les soutiennent). »
Comme si le Larousse était plus tolérant avec la
tolérance que l'intolérance!
J'ai voulu vérifier la signification du mot parce
que, parfois, on le saupoudre dans les conversations en lui donnant un autre
sens. Comme quand on dit « Il fait froid, tu vas tolérer ton
manteau! » Il arrive donc qu'en voulant faire image, on en vienne à
éclipser un peu le sens premier d'un mot.
Pour les fins de ma chronique, je retiendrai celle
du Larousse : refus d'admettre l'existence d'idées, de croyances,
d'opinions différentes des siennes. (Le sujet va jusqu'à persécuter ceux qui
les soutiennent). »
Les chemins de l'intolérance
Parfois, les cas d'intolérance sont extrêmes. C'est
le cas pour Joyce Echaquan, cette mère atikamekw qui a subi un
traitement sans nom de la part des infirmières qui s'en occupaient. Une intolérance
palpable dans l'à peine soutenable vidéo qu'elle a fait juste avant de mourir.
Et la colère que la vidéo a générée chez les nations autochtones et dans la
société en général est justifiée. Je crois que le gouvernement Legault a eu
raison d'enclencher une enquête publique. Ça devrait mettre en lumière une
situation qui n'est pas unique, peut-être systémique, et ça devrait aussi contribuer
à éviter des dérives verbales déplorables.
Mais l'intolérance ne se nourrit pas que de cas
extrêmes!
Les chemins qui y conduisent sont là, tout autour.
On les emprunte sans trop s'en apercevoir.
Quand les partisans de Trump applaudissent ses
discours en brandissant des fanions, ils cultivent l'intolérance crasse de leur
leader. Le Trump qui insulte tout ce qui ne pense pas comme lui. Qui méprise
tout ce qui ne le suit pas à trace.
Mais l'intolérance est présente bien plus près de
nous!
Quand je constate les envolées haineuses qui se
retrouvent trop souvent sur les médias sociaux, en toute apparente impunité, je
me dis qu'on est en danger, comme société.
Quand je constate qu'un parent engueule ouvertement
l'entraîneur sportif de son enfant parce qu'il ne le fait pas assez jouer à mon
goût, c'est de l'intolérance qu'on vit en temps réel et c'est même pire :
c'est une semence d'intolérance dans l'esprit des enfants impliqués.
Quand on décrit les gens d'autres communautés
culturelles comme étant des « esties de race » ou qu'on les qualifie
de mots haineux camouflés sur une couverture de mauvais humour, on entretient
et engraisse l'intolérance.
Etc.
Examen de conscience
Allez savoir si ce sont les effets de la COVID-19 et
du relatif confinement qu'elle entraîne, mais toujours est-il que nous sommes dus
pour une prise de conscience personnelle, d'abord, puis collective, ensuite.
L'intolérance n'apporte que de la haine. Et la haine
ne construit pas. Elle détruit.
Trump est arrivé à créer une division profonde aux
États-Unis, en multipliant les gestes d'intolérance.
La vie en société est une chose fragile. Qui demande
une bonne de dose de compréhension de l'autre. Qui demande des soins, de la
patience.
Insulter, réduire et dénigrer : trois armes à
destruction ciblée.
Et, logiquement, en semant de l'intolérance, on ne
peut que récolter de l'intolérance...
Clin d'œil de la semaine
En société, tolérer l'intolérance, c'est
intolérable...