Car le monde et les
temps changent, chante Richard Séguin (et Hugues Aufray) dans la version
française de la chanson de Bob Dylan : The Times They Are a-Changin'.
Dans
mes référents culturels, il y a des chansons. Beaucoup de chansons. Des
chansons desquelles je tire des phrases bien tournées. Des petits repères dans
mon quotidien. C'est comme ça depuis des lunes !
Pendant des années, je visitais
les nouveautés musicales par le biais des radios commerciales. Et par le bouche-à-oreille
qui prévalait dans les salles de récréation à l'école secondaire. Plus tard un
peu, on s'est mis à s'échanger des cassettes sur lesquelles on doublait nos
extraits de disque préférés.
Mais voilà. Avec le temps, les
radios commerciales ont considérablement réduit le nombre de titres différents
qu'elles diffusent. On veut, semble-t-il, créer un environnement stable
susceptible de favoriser la fidélité d'un auditoire qu'on qualifiera et quantifiera
ensuite pour fidéliser des commanditaires.
Car le monde et
les temps changent,
disais-je... Maintenant, les plateformes virtuelles ont la cote. Les listes de
lecture se succèdent et les algorithmes font leur travail, créant des liens
avec d'autres extraits du même genre que ce qui est écouté en ce moment.
L'avenir est
donc virtuel ?
La question me turlupine.
Bien des auteurs proposent leurs
chansons sur ces plateformes virtuelles. Ils se procurent un auditoire tout
aussi virtuel. Mais ces artistes auraient-ils seulement un public physique ? Un
public qui se déplacerait en salle ? Je ne crois pas qu'il y ait de réponse
claire à ce questionnement. La plus précise est probablement : « on
verra... »
L'accès à
l'univers d'un artiste
J'ai souvent fait le constat que
pour entrer véritablement dans l'univers d'un artiste, il faut aller à sa
rencontre. Une scène est un lieu de rencontre idéal. L'artiste peut y défendre ses
créations. Les défendre au sens de proposer une couche de compréhension plus
intime autour du texte et de la musique. Une façon de créer un moment précieux
qui restera ensuite dans la mémoire du spectateur chaque fois que la mélodie
croisera son quotidien.
Et quand on se permet d'entrer
dans ces univers, il faut être conscient qu'il se peut qu'on n'en sorte pas indemne !
On peut en sortir grandi ou plus riche d'une réflexion ou d'une émotion qu'on
n'avait pas avant que le rideau ne se lève.
Moments magiques !
Moments magiques comme quand je
me suis présenté aux portes du matin (pourtant en pleine soirée !) d'une journée
d'Amérique avec Richard Séguin. Je me souviens que j'étais avec un collègue et
surtout ami avec lequel j'ai partagé un moment de pure grâce ! Ou cette fois où
la très chère Clémence Desrochers nous a amené des chemins de factrie
jusqu'aux jardins où elle nous a présenté son père. Des moments de pur bonheur !
Ou cette fois où Vincent
Vallières avait habillé de rock des textes et mélodies entendus de façon
beaucoup plus douce ! C'est ça, entrer dans des univers autres ! Ou encore, ces
festives soirées de musique traditionnelle lors desquelles des artistes comme
Alain François nous chamboule d'une énergie heureuse !
Et combien d'autres fois. Le
genre de fois qui nous font dire : « wow... moi, j'étais là ! »
Parenthèse éditoriale : je ne peux
pas écrire la fin de ma dernière phrase sans que me viennent en tête ces
personnes qui ne sont pas vraiment « là » quand elles assistent à un
spectacle. Ces personnes qui consultent leur foutu cellulaire chaque dix
minutes, distribuant de bien dérangeants halos de lumière autour d'eux. Comme
si la fin de leur précieux petit monde était attendue d'une minute à l'autre, pendant
qu'elles regardaient ailleurs !
Le genre de situation qui me
donne le goût de crier : « cibole, tu reprendras ton virtuel t'à
l'heure ! Là, branche-toi au réel !"
Mais, mais, mais... il ne faut pas
non plus pousser le moment présent au point de chanter plus fort que l'artiste,
par exemple ! Fin de la parenthèse.
Et pourquoi on
parle de salles de spectacle cette semaine ?
La réflexion de la semaine est
inspirée d'un événement pas anodin du tout ! Le Vieux Clocher a 50 ans ! Déjà,
une entreprise culturelle cinquantenaire privée, c'est très bien ! Mais le Vieux
Clocher est d'abord, pour moi, une enseigne. Je veux dire un lieu de référence.
Quand le flair de la direction artistique est assez stable et puissant pour
devenir un repère assez solide et faire en sorte qu'on ait le goût de
« risquer » une découverte, c'est qu'il se passe quelque chose de
grand !
Les expériences dont je vous
parlais plus haut auraient pu évidemment survenir dans d'autres salles de
spectacle. Mais ce sont des souvenirs du Vieux Clocher ! Une salle chaleureuse
et sympathique, juste assez petite pour permettre l'intimité et juste assez
grande pour se permettre des aventures musclées.
Alors voici : bonne fête et
longue vie, mon Vieux !
Clin d'œil de la semaine
C'est grand, le Vieux
Clocher : on y entre des univers !