J'ai repensé à Velcro cette semaine. Je vous raconte.
Velcro est né à l'automne 2002. Il me semble que c'était 2002, en tous les cas. Ce dont je suis sûr, c'est que le 2 janvier suivant, à l'âge de trois mois, le chaton s'est retrouvé dans notre cour, perdu, affamé et complètement gelé. On l'a fait entrer. Toujours collé sur nous, le jeune félin a mérité le nom Velcro. On a bien cherché à le rendre à ses maîtres. Sans succès. On a suivi les règles et on l'a remis à la SPA. Il devait y rester une semaine, le temps que les propriétaires lèvent la main. Ce ne fut pas le cas.
Comme le disait si bien ma blonde « on ne peut quand même pas le laisser là! » Ce qui devait arriver est arrivé : on l'a adopté une semaine plus tard. Il était aussi « cute » qu'au jour 1. Deux choses étaient différentes sur le minou, cela dit : il avait une grippe de chat qu'il a fallu soigner, mais, aussi, il était « micropucé ». Si vous n'êtes pas familier avec le concept, c'est qu'on insère sous sa peau une petite puce électronique. Cette puce, une fois lue par un lecteur adapté, donne les coordonnées de la bête et identifie son propriétaire. Pas pire pareil!
Le chat se perd, vous le ramassez et vous le « faites lire » par la SPA qui retrace les maîtres assez rapidement. La petite bête retrouve ses quartiers et le tour est joué.
Voilà pour ce pan de l'histoire de Velcro.
Cette semaine, j'ai été très surpris de ce vol de bébé à la pouponnière de l'hôpital de Trois-Rivières. « Ben voyons qu'on vole un bébé! » me suis-je dit. Ma deuxième phrase était du genre : « L'œuvre d'une pauvre désaxée, sûrement... »
J'ai été très content de voir, à ce moment, l'utilité des médias sociaux, de cette solidarité soudaine qui s'exprime. De cette alerte Amber qui fonctionne bien. Ce que j'aime de ces alertes publiques, c'est la capacité qu'elles ont de sortir les gens de leurs salons, de les faire s'impliquer.
Le bébé était retrouvé quelques heures plus tard. Heureusement sans mal.
Les parents disaient merci haut et fort à tout le monde. Bien joué. Ils ont ajouté que c'était vraiment la pire chose que des parents pouvaient vivre. Une des pires, nuancerais-je, au risque de me faire varloper. Plusieurs parents vivent des scénarios sans retour assez épouvantables, merci. Mais l'émotion aidant, je comprends le cri du coeur des parents.
Pour moi, c'est après que tout s'est gâté.
Les médias qui s'embrasent, les médias sociaux qui crient aux mesures de sécurité, le ministre de la Santé qui interpelle tous les hôpitaux. Bref, c'est comme si une épidémie était lancée. Comme si des vols de bébé, il y en avait partout, tout le temps.
Puis ce policier qui suggère qu'au nom de la sécurité, il ne faudrait pas mettre d'affichette « Bébé à bord » dans les voitures. Cela envoie le message que la dame qui conduit est vulnérable puisqu'elle est accompagnée d'un enfant en bas âge...
On capote...
C'était parti dans les médias: un bracelet électronique devrait être placé au poignet du nourrisson en même temps qu'on coupe le cordon. Des caméras de surveillance devraient veiller sur la sécurité et des portes à contrôle codé devraient protéger tous les espaces susceptibles de subir cette « épidémie de vols de bébé ».
On capote complètement.
J'écoutais tout cela, découragé, et je repensais à Velcro. Et la lumière est venue sur moi : « Micropuçons nos bébés », me dis-je! La sécurité a-t-elle un prix? Dans notre société folle, non!Une micropuce reliée à une application sur notre téléphone intelligent serait une bonne affaire. Puis, une autre application qui relierait ce même téléphone aux caméras de l'hôpital viendrait renforcer la sécurité autour de l'enfant qui ouvre ses yeux sur un monde poqué... Et la puce pourrait être programmable pour s'adapter aux étapes de vie de l'enfant! Génial! Quel parent ne voudrait pas savoir, en temps réel, où est et que fait son enfant, son ado?
La sécurité a-t-elle un prix? Non, madame! Protégeons-nous collectivement au maximum! Oubliez les caméras de recul, ce sont des caméras de surveillance qu'il faut mettre dans les voitures
Au risque d'en déstabiliser plusieurs, non seulement les incidents peuvent survenir, mais ils vont continuer à survenir. La multiplication des mesures ne fait qu'ajouter à une paranoïa collective.
Bienvenue à toi quand même, petit bonhomme...
Clin d'œil de la semaine
Le bébé ouvre les yeux sur le monde au moment où les grands de ce monde ferment leurs yeux sur le gros bon sens...