Les attentats de Paris, de Bamako, l'arrivée imminente de réfugiés syriens, les coupes budgétaires, la refonte du système de la santé, la refonte évidente, bien que non avouée par le gouvernement, du système d'éducation.
Dure séquence.
Pour le citoyen, comme vous et moi... Je reprends ma phrase. Pour le citoyen en moi (qui suis-je pour vous inclure dans mon propos? Déjà que ça m'horripile quand les manipulateurs d'opinions amorcent leurs phrases en disant « nous, de la classe moyenne »...). Donc, pour le citoyen en moi, ça fait, il me semble, bien des choses à ingérer en même temps, surtout si je tiens en compte que j'ai à ingérer tout cela dans un contexte où ma vie va vite. Pas mal vite.
Un autre « surtout que » s'ajoute : les médias sociaux nous incitent à réagir en temps réel, sans réflexion, ne serait-ce que pour répondre à quelqu'un qui n'a pas plus réfléchi que nous avant d'écrire.
Dure séquence, je disais.
Il y a deux mois à peine, nous étions fiers de faire partie d'un Canada ouvert aux autres, touchés par la photo d'un bambin de 3 ans retrouvé mort sur une plage alors que sa famille cherchait à fuir la haine et la guerre. Nous avons été touchés au point de nous dire que le fait d'accueillir 25 000 réfugiés (sur, quoi, 30 millions d'individus ?) c'était possible. Quelques pions interchangeables d'un groupe terroriste frappent et, subitement, on ne veut plus recevoir 25 000 terroristes potentiels. On fait dur...
Le « on fait dur » est un cri du cœur. En fait, ce n'est pas qu'on fait si dur, c'est juste que les terroristes ont réussi ce qu'ils devaient réussir : semer la peur. Celle qui nous fait se replier. Celle dont on se protège en devenant intolérant. Cette peur qui nous fait oublier nos grands principes. Cette peur qui fera en sorte que des catholiques bâtiront leur crèche de Noël d'une main en faisant un doigt d'honneur à tous les musulmans de la terre de l'autre. Mais qu'est-ce qu'on a donc pas compris dans le message religieux?
Dure séquence.
Une séquence au cœur de laquelle on détricote notre système public, au Québec, au nom de l'économie. En disant qu'une fois les économies réalisées, on coupera les impôts des contribuables. Donc, encore moins de sous en éducation. Mais on va payer moins d'impôt! Ce n'est pas beau ça? Ça ne fait pas saliver tout le monde, ça?
Non.
Pas moi, en tous les cas.
C'est que, pour moi, les impôts (et autres taxes) constituent l'outil essentiel au maintien d'une forme de bien commun. C'est ma participation dans un système de santé, d'éducation. Parce que tout le monde ne naît pas égal et parce que tout le monde ne pourra pas performer au point où il le faudra pour se payer tout au privé.
Mais il y a pire. Quand on coupe en répondant au principe que l'État doit se retirer du lieu public pour favoriser le privé, on contribue, si je prends l'exemple de l'éducation, à mettre en place des générations de citoyens qui n'auront pas cette capacité de mesurer les impacts et les enjeux de ce qui se passe autour.
Dure séquence.
Ne me promettez pas de diminuer mes impôts. Faites juste en sorte que la contribution soit équitable. Je veux dire que si je peux vivre avec le fait que je paie un pourcentage « x » d'impôt, je crois que le plus riche devrait y arriver aussi. Je crois aussi que les entreprises ont un rôle social à jouer. Je crois donc qu'on ne devrait pas réduire leurs impôts en disant que notre sacro-saint modèle économique serait déstabilisé.
Convainquez-moi, par vos gestes, que la notion du bien commun est importante pour vous.
Dure séquence où tout arrive en même temps. Séquence qui nous fait dire n'importe quoi et son contraire en moins de deux. Séquence, pourtant, à laquelle on ne peut se soustraire. Autant s'y investir.
Au nom de nous, maintenant. Au nom de nous, demain, aussi.
Clin d'œil de la semaine
Le Canada est une terre d'accueil pour tous. Sauf, peut-être, ceux qui sont différents de nous...