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Les frogs

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Photo : Tomás de Torquemada
Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 28 octobre 2020

Il y aura 25 ans le 30 octobre, soit dans deux jours, que le gouvernement du Québec tenait un second référendum sur l'avenir du Québec au sein du Canada. La suite de l'histoire est connue. Le camp souverainiste, le camp du Oui a perdu par moins de 55 000 votes. Une défaite cruelle pour les tenants du pays et pas si réjouissante pour le camp fédéraliste auquel j'appartenais. On ne peut pas être fier que le Canada ait survécu dans un contexte où le gouvernement du Canada a bafoué les règles qui étaient en vigueur au Québec. Sans aller jusqu'à faire mienne la thèse du référendum volé chère aux souverainistes, on doit déplorer, en tant que démocrate, le comportement et les gestes du gouvernement libéral de Jean Chrétien de l'époque. Sans compter qu'aujourd'hui encore, la question nationale est toujours non résolue bien qu'il faille avouer qu'elle est de moins en moins d'actualité. Réflexions libres sur la quête d'autonomie de la nation québécoise en terre d'Amérique...

La nation québécoise

Les débats sont encore aujourd'hui ouverts sur le concept d'une nation québécoise. Si une telle nation existe, il est loin d'être évident que cela fasse consensus au Canada et au Québec. Je suis de ceux qui croient qu'il existe une nation québécoise qui est formée de tous les résidents du territoire québécois qu'importent leurs couleurs, leurs langues ou leurs nationalités d'origine. Or, cette définition ne semble pas faire l'unanimité. Ainsi, les plus jeunes générations ne se sentent plus interpellées comme les générations qui les ont précédées par l'importance de la langue française, de la nécessité de protéger par des lois les caractères originaux de la nation québécoise comme la loi sur la langue par exemple. D'autre part, les gens issus des communautés culturelles ne se reconnaissent pas dans un projet de pays québécois pour la plupart. Ils y voient plutôt l'expression d'une forme de racisme larvé qui souhaite noyer leur propre culture d'origine dans un galimatias favorable à la protection de l'une des communautés culturelles, la nôtre, celle issue des Canadiens français.

Ce n'est pas étonnant dans ce contexte que l'on puisse justifier les attaques contre le gouvernement du Québec actuel qui fait de la défense de la nation québécoise l'une de ses priorités. Le refus du gouvernement Legault de souscrire à la religion nouvelle du racisme systémique, sa volonté de légiférer pour protéger la langue française et d'affirmer la laïcité de la société québécoise est autant de preuves des relents racismes de ce gouvernement et de la population issue des régions qui l'appuie. Le clivage entre urbain et rural ne peut pas être plus évident que dans ces débats.

Au fond, la défaite du référendum de 1995, scellé par l'élection de 1998, a fait du référendum sur l'avenir du Québec un sujet tabou dans le discours politique québécois et la population en a marre des chicanes constitutionnelles. Je veux bien, mais les droits historiques de la nation québécoise ne sont toujours pas reconnus par l'État fédéral sauf certaines petites percées symboliques et cela risque de devenir intenable tant pour nous que pour le reste du Canada.

La discrimination systémique des Canadiens français

Nous pouvons feindre l'ignorance, mais nous ne pouvons taire le fait tout simple qu'au Canada multiculturel de Trudeau, toutes les races, toutes les communautés culturelles, toutes les langues sont valorisées comme symbole de l'écrin du multiculturalisme canadien sauf les Canadiens français du Québec qui sont des gens remplis de préjugés et qui pratiquent le racisme comme idéologie de leur vivre-ensemble. Le seul racisme autorisé au Canada c'est celui envers les Canadiens français du Québec. À titre d'illustration, je vous donne l'exemple de certains commentaires sur les réseaux sociaux dans le cadre du débat sur l'université d'Ottawa, sujet de ma dernière chronique, on y traite les professeurs qui ont signé une lettre à la défense de la professeure Duval de Fucking FrogsFrogs, l'injure suprême pour tous les Canadiens français. Injure que l'on nous servait lorsque nous jouions au hockey contre des équipes anglophones et que nous disputions des matchs serrés. Pourtant, nous valons plus que le titre « de mangeurs de grenouilles. »

La rampe de lancement : l'État québécois

TestL'état du Québec a été la rampe de lancement des Canadiens français pour combattre le racisme contre notre nation. Un livre récent publié chez Boréal par les professeurs Robert Gagnon et l'historien de la médecine Denis Goulet sur le rôle fondamental des bourses du gouvernement du Québec pour aider à former chez nous une élite éclairée constitue un exemple éloquent de l'utilisation du levier de l'État pour faire la promotion de la nation québécoise. Ce livre intitulé La formation d'une élite. Les bourses à l'étranger du gouvernement québécois (1920-1959) méritent d'être lues pour comprendre que l'affirmation d'une élite et la promotion de la culture canadienne-française ne pouvaient se passer de l'appui de l'État québécois ni de notre collaboration avec l'Europe et les États-Unis pour aller y parfaire nos connaissances. (Robert Gagnon et Denis Goulet, La formation d'une élite. Les bourses à l'étranger du gouvernement du Québec [1920-1959], Montréal, Éditions du Boréal, 2020, 544 p.)

Le Québec a pu voir l'émancipation de sa nation canadienne-française grâce à 

Le Québec a pu voir l'émancipation de sa nation canadienne-française grâce à son État. Celui-ci est au cœur de l'amélioration des conditions de vie et des conditions socio-économiques du Québec. N'eût été la présence de cet outil, notre nation aurait disparu, j'en suis convaincu.

L'avenir du Québec et du Canada

Le 25e anniversaire du référendum de 1995 devrait susciter chez nous des réflexions pour notre avenir. Je suis de ceux qui croient encore que le Canada peut être réformé afin de faire une meilleure place notamment à ses communautés autochtones, à ses minorités racialisés, aux femmes et aux communautés nationales du Québec et de l'Acadie. Nous ne pouvons taire les débats sur ces questions encore longtemps, elle finit toujours par nous rattraper. L'actualité récente nous le rappelle chaque jour par nos relations difficiles avec les communautés autochtones, les débats sur le racisme, la violence faite aux femmes et j'en passe.

Une image contenant assis, grenouille, intérieur, tableDescription générée automatiquement

Nous vivons dans un monde qui change et qui changera encore. La question du réchauffement climatique est toujours une question laissée en plan. Pourtant cette question, si elle demeure non résolue, fera autant de dommages que la présente crise du coronavirus. Cela nécessite des actions énergiques de notre classe politique. La crise de la pandémie actuelle et la reprise qui devra suivre sont des occasions privilégiées pour mettre en œuvre de nouveaux chantiers qui nous hantent toujours et qui sont difficiles à résoudre, convenons-en. Mais ce n'est pas en nous mettant la tête dans le sable que nous pourrons avancer dans le 21e siècle en étant fiers d'être Canadiens et Québécois. La solution n'est pas non plus de traiter lles Québécois de frogs. Nous sommes des démocrates, pas des frogs.

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