Une manifestation pour l'environnement. Une immense manifestation tenue simultanément un peu partout autour de nous.
Encore l'environnement. C'est tannant, à la fin, non?
C'est sûr que ce combat-là, puisque c'en est un, est plus dérangeant que les autres. Il nous interpelle dans notre quotidien. Nos gestes et comportements sont scrutés, nous semble-t-il. « Je me sens jugé dans tout ce que je fais! », déplorait un ami dernièrement.
Ça devient troublant parce que là, ce n'est pas pareil!
Il ne s'agit pas d'un combat ponctuel comme la fois où les étudiants ont manifesté pour les frais de scolarité. Dans ce dossier-là, on savait comment terminer le débat : une simple intervention, on change les règles qui irritent, on négocie un brin et on retourne à l'école.
Un début, une fin. Simple de même!
Mais là...
Depuis la fin de la 2e Guerre mondiale, nous avons bâti un modèle de société qui, lentement, a assimilé la notion d'un chacun-pour-soi confortable basé sur une consommation sans cesse grandissante. Prenons une chaise. Une simple chaise. Plutôt que de se procurer une chaise qui allait durer le plus longtemps possible, on s'est procuré, au rythme de nos impulsions stimulées par la mise en marché des fabricants, une chaise qui est devenue plus moelleuse, puis plus funky, puis plus moderne, etc. Plutôt qu'une chaise par citoyen pour des décennies, on s'est retrouvé avec un citoyen qui change de chaise aux deux ans, jetant systématiquement celle d'avant.
Et ce qui a été vrai pour la chaise l'a été pour tout.
Aujourd'hui, on réalise que c'est trop. Je continue de croire que tout le monde comprend qu'on a un problème de consommation et que ça nuit à l'environnement. La majorité, en tous les cas, le comprend. Mais on est tellement bien, les pieds sur la bavette du poêle! Et on travaille tellement fort pour se payer tout ça!
Au fond, on attend que quelqu'un arrive avec une solution de fin de conflit pour que tout redevienne normal le lendemain.
Pas cette fois, je le crains...
Fascinantes réactions
Plusieurs ont pesté contre les marches de vendredi dernier. Plusieurs espéraient secrètement que ça dégénère et qu'on puisse simplement frapper sur les gens descendus dans la rue, le tout permettant d'oublier le problème de base!
Ben non!
Via les médias sociaux, plusieurs ont vomi, littéralement, sur la jeunesse qui a manqué l'école pour marcher : « allez donc étudier plutôt que perdre votre temps! » Un élève a répondu ceci : « je manque des cours de science aujourd'hui, pour marcher. Mais ça ne doit pas être si grave, on n'écoute pas les scientifiques qui nous disent qu'on est dans le trouble! »
Vu de même!
On vit en eaux troubles. Mario Dumont, Maxime Bernier et bien d'autres ont frappé à grands coups sur Greta Thunberg. Plus facile de frapper sur la jeune messagère que de se remettre un peu en question! Parler de Greta évite de parler du problème en soi.
J'ai bien aimé la reformulation du vieil adage servie cette semaine : « quand Greta montre du doigt le problème environnemental, l'imbécile regarde Greta »
« Aux arbres, citoyens! », disait une pancarte dans la manifestation.
On pourra frapper sur tous les messagers, frapper sur les jeunes, les écolos, les ci et les ça, un fait demeure : les changements climatiques sont dangereusement enclenchés. On a défié la nature au fil des 70 dernières années, bien voilà qu'on devra assumer les conséquences.
Barack Obama disait : nous sommes la première génération à vivre les changements climatiques concrètement et la dernière à pouvoir faire quelque chose »
Mais c'est difficile de renoncer à notre confort et à nos habitudes, surtout qu'à performer comme on performe pour tout avoir ce que l'on a, on a l'impression de tout mériter. S'en priver devient contre nature!
Je suis habité par cette phrase, lue plus tôt cette semaine : on sait qu'on est dans le trouble quand les enfants agissent comme des adultes et que les adultes agissent comme des enfants.
Fascinantes réactions, je disais...
Clin d'œil de la semaine
Lu sur une affiche : « L'humain ne marche pas à sa perte. Il y va en char! »