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Rassembler Sherbrooke

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Daniel Nadeau Par Daniel Nadeau
Mercredi le 27 mars 2024

Jadis, il n'y a pas si longtemps, Sherbrooke était un lieu qui avait une fierté. Ne disions-nous pas que la fierté a une ville : Sherbrooke. Puis, nous sommes devenus plus qu'une ville. 

Aujourd'hui, ce joyau qu'est la ville de Sherbrooke est devenu la ville des querelles et des colères. Une ville divisée qui est en mal d'un leadership rassembleur. Le dernier grand moment de notre ville, c'est quand nous nous sommes réunis pour défendre l'Université Bishop's. Un moment fort qui a fait la démonstration que nous étions encore capables de nous mobiliser ensemble pour une cause commune.

Depuis l'élection de Steve Lussier à la mairie en 2017, la Ville de Sherbrooke a sombré dans le ressentiment, le populisme et la division. Certains ont cru, comme le suggéraient les médias nationaux, que l'élection de 2021 amenait dans les villes une nouvelle génération dans les mairies, mais dans les faits l'élection à Sherbrooke d'Évelyne Beaudin comme mairesse n'a pas été un moment de renouveau, mais plutôt d'approfondissement de nos divisions.

De réforme de structures à une autre, le régime Beaudin n'a rien proposé de nouveau et elle a plutôt multiplié les objets de division et de querelles. La Ville de Sherbrooke d'Évelyne Beaudin est méconnaissable et il est temps de mettre fin aux vagues à l'âme pour entreprendre un redressement aussi nécessaire que salutaire. La prochaine élection devrait être un moment fort du retour de la Ville de Sherbrooke parmi les grandes villes du Québec et retrouver son rôle de troisième pôle urbain après ceux de Montréal et Québec. Il faut que Sherbrooke redevienne plus qu'une ville.

Ça va mal chez nous

Il n'y a pas à dire, ça va mal chez nous. Un conseil municipal divisé, des promoteurs qui poursuivent la Ville, un cabinet à la mairie qui prend l'allure d'une télé novella où les rebondissements sont nombreux et l'absence de projets et d'une vision claire pour l'avenir de la part de notre leader. Je l'ai écrit dans des chroniques précédentes et je repose la même question : où allons-nous avec cette ville ?

Bien sûr, je sais que nous devons comme toutes les villes du Québec faire face à de nouveaux enjeux par exemple celui des changements climatiques. Si je prends cet exemple, quelles sont les actions concrètes mises de l'avant par notre Ville pour nous aider nous les citoyens à faire face aux conséquences des changements climatiques dans notre vie quotidienne ? J'ai l'impression que nous sommes en réaction devant ce dossier plutôt plus qu'en action. Un exemple parmi tant d'autres, les patinoires extérieures. Nous savons qu'avec les hivers que nous avons aujourd'hui, il est difficile pour les citoyens d'avoir accès à une surface glacée extérieure pour patiner durant une période correspondant à celle d'auparavant. Quelle solution a-t-on proposée à la Ville pour cet enjeu ? On s'est contenté de gérer les périodes d'ouverture et de fermeture de nos patinoires extérieures par des communications plutôt que de mettre en place des solutions pérennes pour l'avenir comme investir dans des systèmes de réfrigération de nos patinoires. Je sais que cela a un coût et que nous n'avons pas d'argent, mais nos taux de taxation augmentent et la qualité de nos services diminue.

Des taxes qui augmentent et des revenus qui diminuent

Parlant des taux de taxation, je conviens que les augmentations ont été plutôt raisonnables étant donné l'inflation galopante, mais de nombreuses mauvaises décisions prises par le conseil municipal ont amplifié le problème de nos équilibres financiers. Prenons par exemple cette guerre menée par l'administration Beaudin aux promoteurs immobiliers. Au nom d'un principe partagé par tous que ce ne sont pas aux promoteurs de définir notre cadre de vie urbain, l'administration municipale a multiplié les embûches, si bien que les nouvelles constructions se font rares et les revenus de taxation ne connaissent pas une forte croissance. Il faut dire que notre plan nature gonflé à l'hélium pour des raisons idéologiques n'aide pas au plan d'ensemble. Cela, vous le comprenez, vient augmenter la pression sur les propriétaires de biens immobiliers qui voient leur impôt foncier augmenté et les services diminués.

Outre les revenus, l'administration Beaudin a contribué à gonfler la taille de la fonction publique municipale. Sa dernière réforme de structure en a ajouté sur le tas en augmentant encore le nombre d'employés à la ville. Par ailleurs, au nom du concept du gouvernement de proximité, l'administration Beaudin s'est distinguée en multipliant les champs d'intervention de notre ville et en déplaçant une part importante de nos dépenses vers les personnes plutôt que vers les infrastructures. Ainsi, on a vu apparaître les subventions aux vélos, les programmes de soutien financier pour les couches réutilisables des nouveau-nés et tutti quanti. Que fait une ville dans ce type de projets, dites-le-moi. Une ville n'est tout de même pas responsable au soutien du revenu de ses citoyens.

Devant le manque de revenus et soucieux de ne pas hausser indûment notre impôt foncier, dans un sursaut de lucidité, nos élus ont trouvé le pactole : créer de nouvelles taxes. On taxe désormais nos piscines et bientôt on taxera le fait d'avoir une automobile immatriculée liée à une adresse sise dans la ville de Sherbrooke. Pourquoi ne pas taxer les propriétaires de chiens et de chats et d'oiseaux puis leur nourriture ? Pour augmenter les taxes et les tarifs, les élus de tous les paliers de gouvernement sont étonnamment créatifs. Ils le sont moins pour réduire leurs dépenses.

Réduire les taxes, les tarifs et la taille de la fonction publique

J'aurai l'occasion de revenir dans une prochaine chronique sur des solutions possibles, mais je ne peux m'empêcher de commenter aujourd'hui l'idée de ressusciter l'arrondissement de Bromptonville. Cela ne m'apparaît pas comme une bonne idée. Comme je l'écrivais dans une chronique il y a plusieurs années déjà, la meilleure idée n'est pas de revenir en arrière sur les arrondissements, mais d'aller de l'avant. Envisager l'avenir c'est de mettre sur la table le projet d'abolir les arrondissements et de réduire le nombre de conseillers municipaux. Une ville comme Sherbrooke devrait être gérable par 12 conseillères et conseillers plus un maire et n'a pas besoin de structures comme celle des arrondissements qui étaient à l'époque une trouvaille afin de faire digérer la fusion municipale dans les villes de banlieue. Aujourd'hui, nous sommes ailleurs. Nous n'avons plus besoin de la béquille des arrondissements. Il faudrait plutôt faire porter nos efforts pour développer un sentiment d'appartenance à la Ville de Sherbrooke, troisième pôle urbain du Québec.

Une vision pour notre ville : rassembler

Dans moins de deux ans, les citoyens de Sherbrooke seront appelés à se choisir un nouveau conseil municipal et une nouvelle mairesse ou un nouveau maire. Voilà une occasion à ne pas manquer pour rassembler à nouveau Sherbrooke autour d'objectifs communs.

Le premier sujet qui s'impose c'est la responsabilité fiscale. Il ne faut pas aborder cette question sous l'angle de dépenses inutiles et d'une gestion déficiente. La ville de Sherbrooke n'est pas mal gérée, mais elle prête flanc à de faux débats de conseillers d'une frange de la population qui disent n'importe quoi sur un mode populiste qui se nourrit de l'ignorance des gens. Cela parce que la taille de l'administration municipale grossit. Si quelqu'un veut prendre un engagement réaliste et crédible à ce sujet, cela devrait être de maintenir la ville de Sherbrooke dans le premier tiers des villes de plus de 100 000 habitants en matière de taxation, de taille de sa fonction publique, de salaires versés à ses employés, de dépenses par habitant, de dettes, etc. Je n'ai pas fait les recherches pour voir où se situe Sherbrooke actuellement, mais depuis la pandémie, toutes les villes ont augmenté leurs dépenses et la taille de leur fonction publique. Je ne sais pas au moment où j'écris ces lignes si Sherbrooke a été pire ou meilleure que les autres à ce chapitre. Chose certaine, on ne peut ni ne doit comparer le taux de taxation de Sherbrooke à des petites villes ou des municipalités qui n'ont pas les mêmes responsabilités.

Autre défi important, c'est le développement économique. S'il y a un sujet qui devrait préoccuper les citoyennes et les citoyens de cette ville, c'est la question du développement économique. Où s'en va notre développement ? Qu'en est-il de la stratégie des filières clés que nous avons adoptée il y a une dizaine d'années et dont on n'entend plus parler ? Comment faire de Sherbrooke un lieu d'innovation, de recherche et de développement entrepreneurial ? Nos entreprises manufacturières exportent-elles suffisamment ? Quelle est la stratégie de nos élus quant au positionnement de Sherbrooke eu égard aux différents traités de libre-échange ? Qu'entend-on mettre en place pour faire de l'agriculture urbaine une voie d'avenir ? Pourrait-on utiliser la marge de manœuvre que nous donne la propriété d'Hydro-Sherbrooke pour aider la culture en serre de légumes et de fruits ?

Enfin, la question de la gouvernance et du leadership. Je sais que la mairesse actuelle a voulu faire de la gouvernance l'un des traits marquants de son mandat. On doit cependant constater que cela a été un échec. La réforme des structures n'a pas eu les effets escomptés et les citoyens n'ont pas eu droit à leur secrétariat à la participation citoyenne. Néanmoins, on peut poser des gestes concrets pour impliquer davantage les citoyens. Par exemple, à quand une ville avec des données ouvertes que toutes et tous pourraient consulter à loisir sans se retrancher derrière la Loi sur l'accès à l'information ? Peut-on envisager une ville qui pratiquerait dans le cadre d'une expérience pilote le vote consultatif de toutes les citoyennes et de tous les citoyens pour les projets importants, les dossiers structurels en aménagement urbain et pour les décisions budgétaires ? Qui plus est, plutôt que d'assurer la mainmise des fonctionnaires municipaux sur les organismes de développement, il aurait mieux valu les faire contrôler par les citoyens. Les élus sont les moins bien placés pour présider à notre développement économique. Leur vision courte terme tranche avec la nécessaire vision à long terme nécessaire à un développement économique soutenu. Le renouvellement de la démocratie est l'un des plus grands défis de notre avenir.

Mais le plus important défi de tous c'est un nouveau leadership municipal qui va permettre de rassembler Sherbrooke...


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