La semaine dernière,
nous avons assisté à la reprise des travaux parlementaires à la suite de la
dernière élection. Mercredi, le premier ministre Legault a livré le discours
d'ouverture des travaux de la 43e législature de notre
histoire. Un discours d'ouverture marqué par une ribambelle de priorités où
toutes les cases ont été cochées, mais qui dénote une certaine confusion dans
les orientations du présent gouvernement. Certes, on y retrouve ses principaux
engagements de la dernière campagne électorale ainsi que la rhétorique caquiste
habituelle, mais on a du mal à retrouver une ligne directrice si ce n'est
l'idée de continuer et celle de redonner la fierté et la prospérité au Québec. Commentaires
sur une feuille de route chargée d'un gouvernement qui doit aujourd'hui plus
que jamais se concentrer sur les résultats.
Le réseau de la santé est brisé
Nous sommes
plusieurs à ressentir du respect et de la sympathie pour le député de La
Prairie et ministre de la Santé, monsieur Christian Dubé. On lui reconnaît de
grandes valeurs de gestionnaires. Son amour des chiffres et des cibles accroît
sa crédibilité à nous convaincre qu'il sait ce qu'il fait concernant les choix
qu'il nous propose pour réparer le système de santé qui est brisé. La tâche
qu'il a de le remettre sur des rails est tout simplement herculéenne. Notre
système de santé est à ce point dysfonctionnel qu'il est difficile d'entrevoir un
jour la lumière au bout du tunnel. Les urgences sont surpeuplées, les listes
d'attentes sont plus longues que jamais, le personnel est épuisé et démotivé et
les gens ne parviennent plus à avoir un médecin de famille. Une situation
catastrophique qui s'envenime avec la résurgence cet automne de multiples virus
respiratoires dont un variant de la COVID-19. Les enfants sont plus touchés que
jamais par un nouveau virus respiratoire. Le diable est aux vaches...
Devant ce
triste constat, le ministre Christian Dubé a son plan et met en place des
actions qui semblent aller dans le bon sens. Le problème majeur de ce ministre
et du gouvernement c'est que toutes les solutions mises en place ne donneront
pas de résultats assez significatifs à court terme pour calmer le jeu des
oppositions qui se feront un plaisir d'attaquer sans relâche le gouvernement en
matière de santé. Nous l'avons vu cette dernière semaine lors des périodes de
questions. Le lustre du ministre Christian Dubé est atteint. Il n'est pas un
magicien ni son premier ministre, et il est incapable du bout de sa baguette
magique de faire apparaître du personnel médical qui viendra résorber la grave
crise de pénurie de main-d'œuvre. À ce rythme, je crains que l'on ne fasse
qu'amplifier la crise de confiance dans le réseau de la santé. Ce dont nous
avons le plus besoin pour réparer notre système de santé c'est de la
bienveillance les uns envers les autres. Il faut à mon sens que les oppositions
cessent de se faire du bénéfice politique sur cet enjeu à court terme. La
vérité c'est que personne ne serait capable de faire mieux que le ministre
actuel de la santé. Voilà un dossier qui a besoin de cohésion sociale au
Québec. À quoi ça sert de s'acharner à décrier cette situation sur une base
quotidienne si cela a comme conséquence de diminuer le niveau de confiance de
la population envers la capacité à trouver des solutions. Il faut donner du
temps au temps.
Le réseau de l'éducation
Un autre
réseau est mis à mal ces jours-ci. Notre système d'éducation à trois vitesses
est surchargé de cas difficiles dans les classes qui bouffent l'oxygène de tous
et l'énergie du corps enseignant est lui aussi en piètre état. Un parc
immobilier désuet avec des écoles que l'on rénove au mieux, mais cela aussi
prend du temps. À défaut de s'attaquer aux véritables enjeux de notre système
d'éducation, on s'intéresse à des indicateurs sur la qualité de l'air dans les
classes. Le nouveau ministre de l'Éducation, le député de Lévis, Bernard
Drainville, vieux routier des médias, a bien compris la chose en mettant
beaucoup de ses énergies pour faire le point sur la situation de la qualité de
l'air dans nos écoles. Il a agi en prévention pour éviter de se retrouver comme
son prédécesseur, le ministre Jean-François Roberge, crucifié sur la place
publique avec des indicateurs de CO2 comme arme. Je ne sais pas ce
que nous réserve Bernard Drainville comme plan d'action en éducation, mais
j'espère qu'il va s'attaquer aux véritables problèmes que sont la pénurie de
personnel et d'enseignants, le dysfonctionnement des classes à cause du nombre
élevé de cas particuliers et la vétusté des infrastructures.
L'inflation
La
population fait face à un taux d'inflation jamais vu depuis des décennies. Le
panier d'épicerie s'en ressent et de nombreuses familles ont de la difficulté à
joindre les deux bouts. Quoi qu'en dise le chef du parti conservateur à Ottawa,
Pierre Poilievre, l'inflation n'est pas une invention du premier ministre du
Canada et chef du Parti libéral, Justin Trudeau. Le gouvernement Legault a
promis d'agir en ce domaine lors de la dernière élection avec son bouclier
anti-inflation. Ces prochains jours, des chèques entre 400 $ et 600 $
seront postés aux contribuables en fonction de leur revenu. De plus, le
gouvernement entend geler les tarifs de l'État à 3 % pour les prochaines
années. Pour le co-leader de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui s'est
reconverti en champion de la remise de l'argent dans le portefeuille de la
classe moyenne, ce qui constitue un virage notable eu égard au discours de ce
parti durant la dernière campagne électorale. Cela n'est pas suffisant, car il
propose le gel du prix des loyers, l'augmentation du salaire minimum et la diminution
des taxes à la consommation sur certains produits. Un discours populiste qui va
trouver des oreilles attentives. Le gouvernement Legault ne pourra pas faire de
miracles. Cela risque d'être un hiver long et difficile.
Les changements climatiques
Sur la
question des changements climatiques, le défi le plus important de tout le
discours d'ouverture du premier ministre Legault, les Québécois auront droit à
de nouvelles avancées qui risquent à mon sens d'être plus porteuses de
changements que les discours habituels catastrophistes et qui ne font que
nourrir de l'anxiété chez les plus jeunes d'entre nous. Premièrement, on parle
de ce sujet plus globalement en le liant à la transition énergétique
incontournable et au développement d'une économie durable. Ce discours est
porteur à mon sens. Il devrait donner des résultats tangibles et permettre à la
population d'accompagner le gouvernement dans des actions qui mèneront
fatalement à des changements importants dans nos modes de vie. À commencer par
notre façon d'utiliser et de consommer l'énergie ou de nous déplacer si on finit
par doter le Québec de véritables infrastructures en matière de transport
collectif.
Je comprends
que les écologistes et les radicaux de la lutte aux changements climatiques
n'aiment pas entendre le premier ministre Legault rappeler que le Québec est l'endroit
où les émissions de GES sont les plus basses en Amérique du Nord. Meilleurs que
les Canadiens et meilleurs que les Américains. Je sais que ces pays sont avec
la Chine, l'Inde et le Brésil, les cancres de la classe, mais il n'en demeure pas
moins que c'est une vérité. Il m'apparaît là aussi qu'il y a un enjeu d'aborder
ce sujet avec intelligence et équilibre plutôt que d'emprunter les voies d'un
discours apocalyptique qui a pour effet de rendre les gens plus anxieux.
Le défi de Legault
Un deuxième
mandat n'est jamais facile pour un gouvernement, quel qu'il soit. En plus,
Legault s'est donné le défi d'arrêter le déclin de la langue française. Comme
il le dit, on verra ! Une chose certaine, le deuxième mandat de monsieur
Legault sera marqué par les enjeux de la transition énergétique et de la langue,
mais surtout par ses résultats ou non à réparer nos systèmes de santé et
d'éducation. Ce gouvernement doit affronter la tâche la moins populaire de toutes :
rafistoler le Québec qui est victime de nos incuries et de nos inactions depuis
si longtemps. Qui aurait dit un jour que nous en serions rendus là : Rabibocher
le Québec comme principal défi d'un gouvernement...