Il y a quelque chose de rassurant dans le fait d'avoir des habitudes. Si ce n'était pas le cas, on les éviterait à tout prix.
Même si vous habitez dans une cabane dans le bois, sans Internet et moyens de communication; même si vous êtes un électron libre de toute attache; mais si vous repoussez vigoureusement l'endoctrinement de nos sociétés modernes, bien voilà que rien n'y fait : vous marchez votre vie sur un sentier quotidien qui procure des repères.
Des repères rassurants.
Une journée débute quelque part et se termine quelque part.
Entre le début et la fin, il y a un sentier. Celui dans lequel on marche. En se permettant bien des croches de temps à autre. Des raccourcis ou des "rallongis", c'est selon. Mais on se raccroche au sentier.
À ce niveau-là, on peut déterminer qu'on est un esprit libre parce qu'il n'y a pas des milliers de personnes qui empruntent ou croisent mon sentier dans une journée.
Toute relative liberté.
L'affaire, avec le sentier quotidien de nos vies, c'est qu'on l'emprunte sans y penser vraiment. Sans vraiment le voir.
En temps de confinement, subitement, il nous revient en tête. On s'en ennuie, aujourd'hui, alors qu'on oubliait qu'il était là, encore hier.
Les petits moments dans le sentier.
Parfois, je suis fatigué. Le travail est harassant. Les journées sont longues. Les situations problématiques meublent des parcelles de nuits. Un bon coup, j'en viens à me dire : « j'ai juste hâte de me faire un café au lait, pis deux toasts au beurre de pinottes, et de m'asseoir tranquille, la tête en paix! »
Ça, c'est un petit moment dans le sentier.
Contrairement à ce que l'on voit dans les films, il n'y a pas de héros dont le quotidien est meublé de dizaines de moments fantastiques tous les jours de sa vie. À la limite, ce serait la déroute mentale assurée!
Covid-19, quand tu nous tiens!
Peu importe. Vraiment. Je veux dire, peu importe si vous pensez que c'est une connerie pensée par de misérables imbéciles, toute cette affaire de confinement; peu importe si vous pensez que c'est un autre coup du grand complot; peu importe si vous vous dites que cette fois, Dieu est vraiment choqué; peu importe si vous pensez que tout cela est juste et bon et que c'est un moment plate à passer, un fait demeure : un bon matin, on va reprendre le sentier qu'on avait laissé de côté pendant deux ou trois mois. Et, à moins que l'orgueil ne nous insensibilise, on se dira : « Ahhhhhhhh!!!!! Enfin! Ça fait du bien de se retrouver dans nos habitudes! »
À ce moment, on aura, quoi, 24 heures? 48 heures? Je ne sais pas trop. Mais on n'aura pas beaucoup de temps.
Pas beaucoup de temps pour modifier des trucs. Des façons de faire. Des façons de penser. Parce que, disons-le ainsi : les roulières sont bien creusées dans le sentier de notre quotidien. Tout est fait pour qu'on y retourne vite!
Ça ne veut pas dire qu'il faut tout changer.
Ça veut juste dire que c'est le temps, là, de penser aux raccourcis ou « rallongis » qu'on voudrait prendre...
Clin d'œil de la semaine
C'est con le bonheur, car c'est souvent après, qu'on sait qu'il était là.
- Christophe Maé