Dans moins d'un an, les Québécoises et les Québécois se donneront un nouveau gouvernement. Bien que les élections soient prévues pour octobre 2018, les hostilités sont déjà commencées. On n'a qu'à suivre la période de questions à l'Assemblée nationale du Québec pour s'en convaincre.
Comme toutes les sociétés à maturité, le Québec se retrouve à la croisée des chemins. Traversé par des problématiques quasi insolubles à première vue, le Québec devra plus que jamais faire un choix éclairé. Il est temps que le Québec reprenne le chemin des victoires et que l'on mette une fois pour toutes le passé derrière nous afin de nous donner un horizon d'avenir. Réflexion sur la situation politique actuelle.
Le Québec est une nation française en Amérique du Nord
L'actualité nous le rappelle constamment, nous sommes une nation française minoritaire en Amérique du Nord. Malgré notre extraordinaire résilience, nous avons beaucoup à faire pour sécuriser l'avenir de notre culture, de notre langue et de nos institutions. Nous avons longtemps cru que notre langue, pour prendre cet exemple, était à l'abri grâce à l'adoption de la loi 101 par le Parti québécois en 1977. Aujourd'hui nous avons raison de nourrir des inquiétudes quant à sa pérennité.
Le Canada, notre pays constitutionnel, aime de moins en moins être un pays bilingue. On peut convoquer comme témoin à charge ce débat surréaliste sur le bilinguisme des juges à la Cour Suprême du Canada. Le combat pour la langue française est loin d'être gagné, prenons l'exemple de l'inauguration la semaine dernière d'une boutique du géant ADIDAS au centre-ville de Montréal où un jeune gérant jugeait accommoder la ville et les médias francophones en disant quelques mots de français. Ça fait ringard et vieux jeu que de défendre la langue et la culture française pour plusieurs jeunes alors qu'aujourd'hui nous devons nous ouvrir au monde.
Comme je l'ai écrit dans une chronique précédente sur la langue française, la défense du français et sa pérennité a plus besoin de séduction que de coercition : « Nous n'avons plus à combattre l'anglais, mais plutôt à donner plus d'amour à notre langue et notre culture par nos propres comportements. Il faut plus séduire que légiférer pour promouvoir cette langue belle... »
La langue française est menacée bien sûr, mais notre culture aussi.
La culture québécoise est-elle soluble dans le 21e siècle?
Outre notre langue qui fonde notre distinction comme nation en Amérique du Nord, il y a aussi notre culture. La culture c'est vaste, c'est notre âme à la fois individuelle et collective. La culture québécoise c'est nos créateurs qui racontent le Québec et singularisent la vie de ses habitants par la poésie, la littérature, le roman, la chanson, la musique, le théâtre et le cinéma.
La culture québécoise c'est un regard particulier sur le monde porté par des habitants d'un territoire singulier et nordique. Un territoire doté de vastes espaces et qui est soumis à des variations extrêmes de température, comparativement à d'autres endroits de la planète. Un territoire occupé à l'origine par les peuples autochtones qui ont généreusement partagé leurs savoirs avec nos ancêtres pour leur permettre de mieux l'apprivoiser afin qu'ils réussissent à y vivre.
Cette rencontre du Québec entre les peuples autochtones et les Français a été enrichie par la suite de l'apport de vagues successives d'immigrants. Écossais, Irlandais et Britanniques, puis Juifs, Européens, Asiatiques et Africains. Sans compter tous ces migrants des dernières décennies d'origine arabe ou de religion musulmane. Tout cela a coloré de façon originale et particulière notre culture. C'est pour cela que l'on célèbre autant un Gilles Vigneault qu'un Leonard Cohen.
Or, ce regard singulier pour perdurer demande un socle commun, celui de la langue française et d'institutions communes. On sent ces points d'ancrage se lézarder ces dernières décennies. Il faut renouer avec nos racines, les partager et les célébrer avec celles et ceux qui se sont joints à nous dans ce coin de pays singulier que représente le Québec. D'où la nécessité d'une meilleure intégration des nouveaux arrivants à notre société par une philosophie interculturelle à la québécoise plutôt que multiculturelle à la canadienne. Le dernier rapport de la vérificatrice générale sur l'échec de nos politiques de francisation à l'endroit des immigrants n'est guère rassurant. Sans compter ces débats quasi xénophobes d'une partie de la population québécoise sur nos politiques d'immigration avec pour toile de fond la détestation des musulmans. Nous avons beaucoup de travail à faire sur nous-mêmes.
Un gouvernement fort pour le Québec
Les inquiétudes quant à l'avenir de notre langue, de notre démographie et de notre culture passent par un gouvernement du Québec fort, en pleine possession de ses moyens et qui comprend que le Québec est le « pays » de la seule nation francophone d'Amérique du Nord qu'importe ses choix constitutionnels pratiques comme celui par exemple d'appartenir au grand ensemble canadien.
Or, ce gouvernement, le Québec ne l'a pas en ce moment. Le gouvernement libéral de Philippe Couillard a beau pérorer sur ces résultats économiques et de bon gestionnaire, il n'est manifestement pas à la hauteur quant à la promotion et à la défense des intérêts supérieurs de la nation québécoise francophone. Il est timide dans la protection de notre langue et de notre culture. Il est absent ou presque du débat nécessaire de la réforme du fédéralisme canadien. Il est déplorable dans ses prestations au quotidien pour servir d'exemple de probité. On n'en finit plus de discourir dans les médias des scandales présumés d'anciens ou d'actuels libéraux en lien avec les fonds publics et nos institutions.
À tort ou raison, ce gouvernement ne peut avoir la confiance de la population du Québec pour la guider devant les énormes défis qui se posent à notre avenir : changements climatiques, réforme de nos institutions démocratiques, soutien aux régions du Québec et aux familles québécoises. Le gouvernement Couillard ne semble pas être à la hauteur du défi.
Ce gouvernement semble avoir du mal à trouver le point d'équilibre...