Des élèves qui réussissent mieux et qui
persévèrent, c'est le souhait de toutes les écoles. Mais comment y arriver? La
Chaire de recherche de la CSRS sur l'engagement, la persévérance et la réussite
des élèves, chapeautée par la professeure Anne Lessard de la Faculté de
l'éducation de l'Université de Sherbrooke, a son idée sur le sujet. Plusieurs
actions sont mises en place dans les écoles secondaires de la CSRS pour mieux
soutenir l'engagement et la réussite des élèves, dont l'audacieux projet CLASS.
Vous ne connaissez pas le projet CLASS?
Pourtant, il a le vent dans les voiles depuis quatre ans! Il faut dire qu'il ne
vise non pas les élèves, mais plutôt le personnel enseignant. Il permet, en
effet, à des enseignantes et enseignants volontaires d'être accompagnés dans
leurs pratiques professionnelles afin d'acquérir ou de perfectionner des
techniques d'enseignement valides grâce au soutien d'une démarche de réflexion.
Marie-Ève Ross, enseignante à l'école secondaire de la Montée et
accompagnatrice CLASS depuis quelques années, nous parle avec passion de ce
projet dont l'efficacité ne cesse de l'épater, autant chez les jeunes
enseignants que chez les plus chevronnés.
Du soutien en trois
temps
« Dans le feu de l'action, c'est
difficile de mettre en pratique ce qu'on apprend en formation. Beaucoup de
facteurs peuvent interférer avec les intentions de l'enseignant. Le but de
CLASS, c'est d'offrir plus de soutien afin que les enseignantes et enseignants se
sentent compétents », indique Mme Ross.
Trois sphères de la profession sont
donc analysées. D'abord, le soutien organisationnel se concentre sur le
matériel, les techniques d'intervention, etc. Ensuite, le soutien émotif est
directement lié à la relation qu'entretient l'enseignant avec ses élèves, à l'attitude
et au point de vue de ce dernier, et au renforcement positif. Enfin, le soutien
pédagogique fait référence aux différentes manières dont les élèves peuvent
apprendre en classe.
CLASS fait ressortir les forces des enseignantes et enseignants
et leur donne des pistes pour perfectionner chacune des sphères selon les
pratiques les plus probantes. Le cœur du projet; les enseignantes et
enseignants. Ils doivent absolument pouvoir repartir plus outillés.
Un portrait vidéo qui
transforme!
Plus concrètement, les enseignants
volontaires sont filmés de trois à quatre fois durant l'année scolaire à l'aide
de deux caméras : l'une dirigée vers l'enseignant; l'autre, vers les élèves.
« CLASS a des visées concrètes. On observe les candidats, on analyse leurs
pratiques grâce à des captations vidéo, puis on s'assoit avec eux. On fait un
portrait global de qui ils sont en tant qu'enseignant et de comment ils peuvent
progresser, précise Marie-Ève Ross.
Le fait de pouvoir se voir sur vidéo est ce
qui fait la réussite du programme. L'enseignant peut voir l'impact direct de
chacune de ses actions et de ses interventions sur la dynamique de sa classe. Le
programme est vraiment formateur. Les enseignants font des bonds exceptionnels,
et la réussite des élèves en est grandement favorisée. »
Évidemment, la
participation à CLASS demande une grande ouverture et une dose d'humanisme.
Mais bien souvent, les enseignants sont meilleurs que ce qu'ils pensent. En
leur donnant la chance de se questionner en étant entourés de personnes
accompagnatrices, on leur donne un filet de sécurité grâce auquel leurs
pratiques peuvent être enrichies. Les enseignants se sentent plus
professionnels et solides devant leurs élèves. Ils se voient tels qu'ils sont.
« Pour les enseignants, c'est une
expérience qui résonne longtemps. La plupart nous disent qu'ils réussissent
mieux à réagir en temps réel. Ils développent la capacité de s'autoanalyser et
de s'ajuster. Ils jouent eux-mêmes le rôle de la caméra vidéo, ajoute Mme Ross.
L'aspect gratifiant en tant que personne accompagnatrice est d'entendre les
enseignants dire qu'ils ne réagissent plus seulement par instinct, mais en
étant conscients et en contrôle de leurs interventions. C'est exactement ça, CLASS. »