Après
avoir consacré une partie de sa vie en orientation scolaire et dans le milieu
des centres de petite enfance, Johanna Dumont, adjointe au maintien à domicile
pour le Centre d'action bénévole (CAB), s'est dotée d'un «diplôme de la vie»
comme elle le dit si bien, en parlant de ses expériences vécues.
Entre autres,
elle a accompagné pendant quatre années sa grand-mère au titre de proche
aidante. Ses acquis, elle les a mis au service du CAB en réponse à une offre
d'emploi. Elle poursuivait le travail de Louise Lamalice, fort appréciée pour
ses interventions.
D'entrée de jeu, Mme Dumont tient à
établir une distinction entre les termes proches aidants et bénévoles
pour le maintien à domicile. Ce sont deux entités différentes. Les premiers
prennent soin de leurs parents, de leur conjoint en perte d'autonomie liée au
vieillissement ou d'un enfant handicapé. Les seconds aident les aînés à
demeurer dans leur résidence en planifiant des activités ponctuelles. Leur
vocation, briser l'isolement des aînés !
Elle accompagne une vingtaine de proches
aidants répartis en trois groupes, un à Cookshire, l'autre à La Patrie et enfin
un dernier à East Angus. Pour eux, elle organise 5 rencontres de 3 heures
chaque année. Un «social des aidants» sert de prétexte à un souper-conférence
portant sur la motivation, le yoga, le rire, les communications relationnelles,
le tout pour se remémorer qu'entre aidants, on se comprend.
Quelque 126 bénévoles oeuvrent au maintien à
domicile. Ils sont divisés en 13 groupes. Ils forment une ressource essentielle
dont l'objectif vise à faciliter la vie des aînés qui veulent demeurer
longtemps dans leur chez-soi. Les responsables les invitent à des repas pour
fraterniser. Selon leur disponibilité, ils en organisent de 2 à 10 par année et ils favorisent les jumelages.
Ils s'engagent à les appeler ou à les visiter pour prendre des nouvelles d'eux.
Ils les informent des services auxquels ils pourraient recourir pour les
supporter dans leur désir de rester chez eux.
À son avis, les deux groupes de volontaires
sont essentiels puisqu'ils permettent, en faisant parler les aînés, de servir
de «bibliothèque naturelle», comme elle s'emploie à le mentionner. Proche des
organismes comme le CSSS, Virage Santé mentale, l'Aide Domestique, la Sûreté du
Québec et autres, elle suggère des références pour qu'ils y découvrent les
ressources dont ils ont besoin.
Mme Dumont relate qu'il y a quelque 15
ans, les proches aidants recevaient très peu de support outre celui qu'ils
pouvaient trouver dans leur famille. Aujourd'hui, les discussions de groupe les
aident à réussir leur engagement. À la suggestion des participants, elle monte
des ateliers thématiques. Elle cite en exemple, celui portant sur la
luminothérapie pour pallier une moins longue période d'exposition à la clarté
l'hiver. « Je suis une généraliste dans tout », indique-t-elle avec
un petit sourire en coin.
Les relations sont très bonnes dans les
groupes. Tous se font confiance en ce qui a trait à la confidentialité.
« On se sent en famille. Entre eux, ils se permettent de se questionner ou
de suggérer des idées. Il y a de l'entraide », spécifie-t-elle en exemple.
Quand quelqu'un ne veut pas parler, elle la rappelle après la rencontre pour
une conversation individuelle. Elle aborde aussi des thématiques qui gravitent
autour de leurs centres d'intérêt. « Ces rencontres servent à remplir leur
coffre à outils, comme le font aussi les ateliers et les conférences. Ces
personnes ont besoin de rire et de pleurer aussi », explique-t-elle. Elles
développent des liens d'amitié entre eux. Ils profitent de ces temps de répit
pour échanger, pour ventiler.
Mme Dumont se sent à l'aise avec les
proches aidants tant à cause de ses expériences antérieures que de la facilité
avec laquelle elle s'est intégrée aux groupes. « Je suis dans leur monde,
je suis faite pour eux, je suis contente de voir que j'ai été acceptée
facilement », tient-elle à souligner. De ce fait, l'aide, le support
psychologique qu'elle peut réaliser par téléphone ou en rencontre individuelle,
lors de ses déplacements à travers la MRC, se passent bien. Selon les besoins,
je les réfère à des personnes plus spécialisées. « Je fais toujours un
suivi avec la personne », ajoute-t-elle. « Lorsque je rencontre les
proches aidants en groupe, je les dorlote », se plaisait-elle à démontrer.
Elle les accueille avec un thé, prend le temps de s'informer de l'état d'esprit
dans lequel ils nagent et sur ce qui se passe chez eux.
Malgré des moments difficiles, des
confidences délicates, la mort de ceux qu'ils ont accompagnés, Mme Dumont
reste professionnelle. De nature, elle se décrit comme une personne positive.
« Il faut se connaître pour s'imposer des limites, c'est pour ça que je
travaille 4 jours par semaine. Au début, j'ai trouvé que c'était une grosse
tâche, j'avais des doutes, mais je me rappelle que j'ai mon «diplôme de vie» et
je me sens une des leurs; j'ai le privilège d'être là », indique-t-elle.
En ce
qui concerne les personnes qui aident les aînés à demeurer dans leur demeure,
elle leur offre du support à leur bénévolat. Selon les groupes, ils font de 2 à
10 sorties par an. Elle détient une cagnotte pour qu'ils leur offrent une
petite évasion de temps à autre ou qu'ils organisent un repas communautaire.
Mme Dumont travaille surtout avec les présidentes de ces groupes.
« Ils font du bon travail et de la belle prise en charge. À eux aussi,
j'offre du soutien pour qu'ils gardent toujours pleine leur boîte à outils et
qu'ils s'offrent un peu de répit. » Ces
bénévoles vont aider les aînés avec toutes sortes d'activités. Tout ce
dévouement que Mme Dumont leur offre, elle s'en nourrit. Elle aime ce
qu'elle entreprend pour eux tous.