Raoul
Thibeault, de East Angus, s'est transformé en proche aidant après avoir
consacré sa vie au transport routier. Son épouse, depuis 3 ans, souffre de la
maladie d'Alzheimer.
Depuis quelque temps, elle est logée au Domaine La
Sapinière à East Angus. Lentement, il l'a vu perdre ses moyens. Peu à peu, il
en est arrivé à ne plus pouvoir en prendre soin seul. « Aujourd'hui, quand
je vais la visiter, elle ne me reconnaît même plus », admet-il sobrement.
Ce que M. Thibeault a vécu, pendant qu'il pouvait encore en prendre soin,
il en parle simplement, sans artifice.
Le verdict de la maladie d'Alzheimer a pris
du temps à venir, se plaint M. Thibeault. Il a fallu qu'elle soit
hospitalisée d'urgence pour que l'urgentologue se doute de quelque chose et
établisse quelque temps après le verdict. Déjà comme retraité, il avait
constaté qu'il devait graduellement porter plus d'attention au comportement de
sa femme qui avait toujours élevé correctement ses enfants. « Elle qui
savait utiliser correctement la cuisinière électrique, risquait de se brûler ou
d'oublier la nourriture laissée à cuire », se rappelait-il. Il ajoutait
que « ça la choquait quand je prenais sa place. »
Puis graduellement, les soins destinés à
Mme Thibeault devenaient de plus en plus lourds; la vêtir, lui fournir les
attentions sanitaires et autres n'étaient pas toujours une sinécure. Surtout
qu'en dernier, elle se fâchait plus souvent. « J'ai appris à me
débrouiller dans un premier temps », confiait-il. Quand ma femme se
choquait et qu'elle ne voulait pas changer ses vêtements souillés pour
l'exemple, il l'amadouait en lui proposant une ballade en auto. Il raconte:
« Ça ne servait à rien de me chicaner avec. Comme elle aimait bien aller
en automobile, je lui disais qu'on irait se promener si elle faisait ce que je
lui demandais. J'ai fait ça aussi avec le restaurant, mais elle était rendue
qu'elle ne savait plus avaler, j'ai dû arrêter d'y aller. »
Il a dû chercher de l'aide pour avoir un peu
de répit surtout dans les deniers temps. Il se considère comme chanceux parce
qu'il connaissait plusieurs organismes, dont la FADOQ. Il a fait beaucoup de
bénévolat pour Aube-Lumière, la sclérose en plaques, la paralysie cérébrale. Il
est président de sa coopérative d'habitation, chauffeur bénévole pour le CAB.
Il se rend aussi à l'École du Parchemin pour Lire et Faire Lire. Tout ça lui a facilité la
tâche.
Dans un premier temps,
après des rencontres avec le docteur, il a été référé au CSSS où il a rencontré
trois intervenantes. France Brodeur de Cookshire, Nathalie Auger et Johanna
Dumont, de Weedon, lui ont permis d'obtenir de l'aide. À raison d'une
demi-journée, un jeudi par semaine au début, il est passé graduellement à une
deuxième période plus tard et il a eu droit à l'Aide Domestique. « J'ai
aussi eu droit à une semaine de répit parce qu'elle est allée au CHSLD de
Weedon, un des mieux cotés au Québec. » Il indiquait qu'en 14 ans, sa
mère, grabataire, n'avait même pas eu de plaies de lit.
Les proches aidants ont besoin de connaître
les ressources sinon, l'épuisement les guette et mène jusqu'à la dépression,
parce qu'ils peuvent devenir malades s'ils ne prennent pas soin d'eux. Sportif
de premier ordre, M. Thibeault tient à jouer aux quilles régulièrement.
Champion estrien parmi les aînés de la FADOQ, il pratique à East Angus et
Sherbrooke, c'est sa dose de détente. La médaille d'or, dont il est très fier
et sa carte de bénévole pour le programme Lire et Faire Lire sont pour lui les deux
plus grands motifs de fierté. « Je n'ai pas de difficulté à vivre seul
parce que j'ai beaucoup d'amis autour de moi », reconnaît-il.
M. Thibeault insiste sur l'information à
distribuer pour que d'autres aient accès à cette aide, ses moments de répit et
ces formations qui permettent aux proches aidants d'être plus compétents. Il a
appris qu'il pouvait les obtenir par le biais des services sociaux. Il a pu
suivre ainsi un cours sur la maladie d'Alzheimer pour pouvoir mieux prendre
soin de son épouse.
Pour
gérer le stress, rien de mieux que sortir. « Il faut socialiser pour
conserver sa bonne santé mentale et continuer à s'aimer soi-même. » Être
proche aidant et bénévole lui apportent du plaisir pour lui-même. « C'est
ce que ça rapporte parce que tu as fait du bénévolat, que tu as fait du bien
aux autres, tu as ta récompense en rendant service », a confié cet homme qui a
encore envie d'en rendre longtemps des services.