Les gens de la droite croient que ceux de la gauche ont tout faux. Et vice versa.
C'est normal, me direz-vous. Rares étaient les partisans du Canadien qui prenaient en même temps pour les Nordiques!
Que ce soit à gauche ou à droite, on se gargarise souvent de nos valeurs fondamentales et des principes qui motivent nos actions.
Ce qui est vrai pour le milieu politique l'est de plus en plus, il me semble, dans la vie de tous les jours. Dans nos milieux de travail, dans nos revendications auprès de certaines autorités, dans les médias sociaux, un peu partout, quoi, on entend les argumentaires se limiter à des phrases comme : « Moi, je le fais pour le principe. J'ai des valeurs, tu sais! »
Qu'est-ce qu'il y a de mal dans cette phrase pourtant si pure? Le vide et la condescendance qui l'habitent! C'est comme si le simple fait de mentionner qu'on a des principes et des valeurs devient une clé qui ouvre la grande porte de la crédibilité!
Vide et complaisance
Le vide tient dans l'apparence de bon sens. Parce que, généralement, rien n'est nommé à la suite de « j'ai des valeurs et des principes ». Quelles sont-elles, ces valeurs? Quels sont-ils, ces principes? Nommez-les, minimalement! Et faites la démonstration de ce qu'elles représentent dans la situation en cause!
Et on devient condescendant quand on se drape de cette cape de valeurs et de principes qui nous rend supérieurs à l'interlocuteur. Affirmer qu'on a des valeurs et des principes n'apporte rien en soi.
Trop simple!
Des exemples : « Telle situation ne me plait pas, boss. Tu sais, moi, j'ai des valeurs et des principes, c'est pour ça que je ne suis pas d'accord! » Ou encore : « Je suis végétalien parce que moi, j'ai des valeurs et des principes! »
Ça devient condescendant quand on ferme le débat avant de l'ouvrir en faisant sentir autrui moins bon que nous. En faisant croire qu'on a compris des choses que lui n'a pas comprises. Pire! Quand on fait croire à l'interlocuteur qu'il ne pourrait pas comprendre, de toute façon!
Ça devient un cas crasse de mauvaise foi.
Question, votre honneur!
La mauvaise foi est difficile à gérer. Mais souvent, il suffit d'ouvrir le débat plus grand pour mieux voir le vide derrière l'énoncé des valeurs et principes.
« Oui...je vois. Mais on en a tous, des valeurs et des principes. Tu réfères à quelles valeurs ou quels principes là, maintenant? »
Eh! Qu'on n'aime pas ça des questions à développement!
Ça force la réflexion alors que c'était justement ce qu'on souhaitait éviter en lançant une phrase préfabriquée destinée à clore le débat avant qu'il ne commence!
Il est dangereux, le très infantilisant « Moi je sais, toi tu ne peux pas savoir! »
Clin d'œil de la semaine
Gauche ou droite, rien ne change : la mauvaise foi est ambidextre!