Pour ou contre les partis politiques sur la scène
municipale. Cette question semble diviser nos politiciennes et nos politiciens
locaux, mais laisse totalement indifférente la population qui vote. Ce débat a
eu un écho lors d'une dernière séance du conseil municipal où on a débattu de
l'opportunité ou pas de permettre la pratique vécue, notamment à Montréal où un
candidat à la mairie peut avoir un siège si la personne qu'il a choisie comme
colistier gagne ses élections. Le débat s'est sans surprise campé dans des
positions tranchées entre élus indépendants et membres de Sherbrooke citoyen.
L'organisation politique d'une ville est un levier essentiel
pour une gouvernance efficace et participative. À Sherbrooke, comme dans
d'autres municipalités, les partis politiques sont censés représenter les
citoyennes et les citoyens et œuvrer pour le bien commun. Cependant, plusieurs
critiques émergent quant à la pertinence des partis politiques municipaux.
Personnellement, j'étais jadis plutôt favorable à l'idée. Aujourd'hui, mon
point de vue sur cette question a évolué et je suis un peu dubitatif devant la
présence de partis politiques à Sherbrooke. Cela mérite réflexion.
Ferment de fragmentation
politique
Tout d'abord, il convient de souligner que les partis
politiques ont généralement pour objectif d'unir des groupes d'individus autour
d'une vision commune. Cependant, à Sherbrooke, la diversité des opinions et des
enjeux locaux semble contredire cette approche. La ville est caractérisée par
une population variée, avec des besoins et des préoccupations qui diffèrent
selon les quartiers. Les partis, avec leurs plateformes souvent rigides, ont
parfois tendance à cantonner les citoyennes et les citoyens dans des catégories
prédéfinies, ce qui peut mener à une polarisation.
Cette fragmentation politique signifie que les discussions
au sein du conseil municipal peuvent rapidement devenir des confrontations
idéologiques. Les débats qui devraient porter sur des sujets vitaux pour la
communauté peuvent être détournés en querelles entre clans politiques. Loin de
favoriser le dialogue et la concertation, les partis peuvent alimenter le
ressentiment et la méfiance entre leurs membres, ce qui est contradictoire avec
l'idée de démocratie locale.
Le danger du
clientélisme
Un autre aspect préoccupant des partis politiques municipaux
à Sherbrooke est le risque de clientélisme. En s'appuyant sur des groupes
d'appui propres à chaque parti, les élus peuvent être tentés de favoriser
certains intérêts au détriment d'autres. Les décisions peuvent alors être
influencées par des promesses électorales, plutôt que par une recherche de
solutions objectives au bénéfice de l'ensemble de la population.
Ce phénomène est particulièrement visible dans des contextes
où les enjeux locaux deviennent des instruments de pouvoir. Les partis peuvent
manipuler le lien entre les élus et les usagers pour asseoir leur influence,
créant ainsi un système où les intérêts particuliers priment sur le bien
commun. Cette situation engendre une dissonance entre les intérêts politiques
et les véritables besoins de la population.
Les caractéristiques
démographiques de Sherbrooke
Autre problématique en lien avec la présence des partis, la
composition de la population de Sherbrooke. Nous le savons, 25 % de la
population de Sherbrooke est étudiante. Parmi cette population jeune, il est
normal de retrouver plus de dynamisme, de militantisme et d'idées novatrices
qui ne sont pas toujours partagées par la majorité des citoyennes et des
citoyens. La dynamique d'un parti politique vient amplifier le phénomène de la
mainmise d'un groupe particulier sur le processus électoral, en l'occurrence,
dans mon propos, celui de la jeunesse étudiante. Cela n'est pas un problème en
soi, mais c'est ce qui explique qu'à Sherbrooke, un parti politique comme
Québec solidaire par exemple exerce une entreprise sur une ville aussi
conservatrice que Sherbrooke. Ce dynamisme d'une jeunesse militante, jointe à
l'apathie de la population pour la démocratie municipale, conduit à une sorte
d'affaiblissement de cette dernière.
Une démocratie
affaiblie
Le rôle des partis politiques est souvent clair :
promouvoir la participation citoyenne et enrichir le débat démocratique.
Pourtant, en concentrant le pouvoir entre les mains de quelques groupes, ils
peuvent plutôt contribuer à éloigner la population des processus décisionnels.
À Sherbrooke, cela est d'autant plus vrai dans un contexte où la méfiance
envers les institutions est croissante. Les citoyennes et les citoyens peuvent
se sentir délaissés et relégués à une place de simples spectateurs dans une
démocratie qu'ils pensent de moins en moins participative.
En fait, cette dynamique peut créer un cercle vicieux où
l'abstention se généralise, faisant que ceux qui restent mobilisés ne
représentent qu'une portion restreinte de l'électorat. Ainsi, le véritable
enjeu de la démocratie locale devient la légitimité des décisions prises, et
non leur pertinence ou leur adaptation aux besoins de la communauté.
La solution :
une démocratie participative
Par mon propos, je ne refuse pas l'innovation, mais il faut
aller plus loin dans l'idée de la mise en œuvre d'une démocratie participative.
Pour pallier les écueils des partis politiques traditionnels, des alternatives
comme la démocratie participative devraient être envisagées. Ce modèle
donnerait un plus grand pouvoir aux citoyennes et aux citoyens pour définir
leurs propres priorités et contribuer activement à la gestion de leur
communauté. À Sherbrooke, cela pourrait se traduire par des assemblées
citoyennes, où des personnes choisies par tirage au sort pourraient débattre
des enjeux locaux sans affiliation partisane, garantissant ainsi une
représentation plus authentique des différents segments de la population.
Un tel modèle encouragerait des échanges constructifs, valorisant
la collaboration plutôt que la confrontation. En réunissant des personnes
d'horizons divers autour d'une table pour examiner des problèmes communs, la
ville pourrait renforcer son tissu social tout en forgeant des solutions
collectives. Cela représenterait un véritable pas en avant vers une démocratie
qui respecte et intègre les voix de toutes et de tous.
L'échec de Sherbrooke citoyen
Le paysage politique municipal
est souvent considéré comme un microcosme des enjeux plus larges qui touchent
la société dans son ensemble. À Sherbrooke, un des partis qui a fait parler de
lui ces dernières années est Sherbrooke Citoyen. Son échec teinte mon opinion
sur l'à-propos des partis politiques à Sherbrooke.
Sherbrooke Citoyen a été fondé
sur la promesse de revitaliser la scène politique locale en se distanciant des
partis traditionnels. L'objectif était de représenter la population de manière
plus authentique, en incorporant leurs préoccupations dans les décisions
politiques. Porté par des idéaux de démocratie participative, Sherbrooke
citoyen a tenté d'inclure des mécanismes permettant une meilleure participation
de la communauté dans la gouvernance locale. En ce sens, son émergence a été
accueillie avec optimisme, notamment par celles et ceux qui souhaitaient voir
un changement dans l'approche politique.
À l'analyse, cependant, les
réalisations de Sherbrooke citoyen sont mitigées. D'une part, le parti a réussi
à attirer l'attention sur certains enjeux cruciaux, tels que le développement
durable, la transparence budgétaire et la lutte contre les inégalités sociales.
Des initiatives de sensibilisation mises en place sous son mandat ont permis
d'impliquer une partie de la population dans des débats sur des questions
importantes pour la ville. Par ailleurs, le parti a également pu proposer des
alternatives aux projets municipaux controversés, suscitant un débat sur
l'urbanisme et l'aménagement du territoire.
D'autre part, les résultats
concrets des promesses faites sont, pour le moins, incertains. Les attentes
élevées qui ont accompagné la création de Sherbrooke citoyen n'ont pas toujours
été réalisées. Beaucoup de personnes se sentent déçues par le manque de suivi
et d'aboutissement des projets annoncés, notamment en matière d'infrastructures
communautaires, de services publics et de participation citoyenne.
La réponse des citoyennes et des
citoyens face à Sherbrooke citoyen a varié considérablement. Au départ, un
sentiment de renouveau animait les discussions autour du parti. Cependant,
l'enthousiasme initial a été terni par des critiques de la part de personnes
qui remettent en question la capacité du parti à transformer ses idéaux en
actions concrètes. Selon plusieurs sondages, une partie importante de la
population juge que les promesses de Sherbrooke citoyen demeurent largement non
réalisées.
Cela en dit long sur la
perception à long terme du parti dans l'esprit des électeurs. Le fait que des
citoyennes et des citoyens expriment de la frustration devant la lenteur
d'actions concernant des enjeux urgents est révélateur. La question de la
représentation devient alors cruciale : Sherbrooke citoyen a-t-il
véritablement écouté les voix des communautés, ou s'est-il embourbé dans ses
propres visions idéologisées ? Je crois pour ma part que Sherbrooke citoyen a
été un échec. Ce fut plus un groupe de pression porté au pouvoir qu'un parti de
gouvernance.
Les partis politiques à Sherbrooke ?
En fait, l'existence de partis
politiques sur la scène municipale à Sherbrooke me laisse un peu froid. C'est
comme posséder un marteau dans son coffre d'outils. Celui-ci peut servir à
construire une maison ou être utilisé comme arme offensive contre ses voisins
ou sa famille. Le marteau n'est ni bon, ni mauvais, c'est l'utilisation qui en
est faite qui prête à conséquence. C'est pourquoi mon jugement sur l'importance
de miser sur des partis politiques à Sherbrooke est teinté par l'échec de
Sherbrooke citoyen. Je penche aujourd'hui plus sur des modèles de participation
citoyenne de façon organisée, sur un modèle à inventer pour respecter le pouvoir
de nos élus.
Les partis politiques, plutôt que
d'embrasser une approche démocratique inclusive, risquent de fragmenter la
société et de créer des clivages néfastes. La nécessité d'un changement vers
une démocratie participative, où les citoyennes et les citoyens prennent la
parole dans la prise de décision, se fait de plus en plus pressante. Une telle
approche pourrait non seulement renouer avec la confiance de la population,
mais aussi favoriser un développement harmonieux de la communauté en servant réellement
le bien commun. C'est pourquoi je pense que nous ne devons pas prendre parti...